Plus tard, lorsqu’elle découvre le corps bleu suicidé de sa mère, Delphine décide d’évacuer sa souffrance et sa culpabilité, en mettant des mots sur des maux. En quête de réponses, l’auteur interroge tous ses proches et plonge dans une mémoire familiale tourmentée, où folie, suicides, inceste ternissent la lisse image d’une tribu nombreuse. Avec un sens du détail presque poignant, elle remonte sur les traces de sa génitrice, de la jolie petite fille qui faisait des photos de mode, jusqu’au lent naufrage qui l’a progressivement conduite à la folie. Dans ce roman, où la part autobiographique n’est jamais bien loin, se fait ressentir l’écho inlassable des morts, l’imminence du désastre derrière la joie bruyante et spectaculaire, le pouvoir de destruction du verbe mais aussi du silence. Delphine de Vigan signe là un récit sensible et fascinant, où chacun peut voir se dérouler ses propres failles et blessures.
Editions JC Lattès. H.A.