La ligne de départ a une petite heure de fin ce mardi 30 mars. Et pour cause, c’est la dernière étape pour les Gazelles. Et pas n’importe quelle étape : une nouvelle étape marathon, qui s’étale sur deux jours avec la traversée des dunes de Chegaga pour les plus téméraires. Ce qui n’est pas le cas de tous les équipages. « On va faire très attention, surtout à notre troisième Gazelle », explique Charlotte, de la team 200« On ne veut pas casser », renchérit sa coéquipière Constance. Pour Isabelle et Anna, de l’équipage 172, ce dernier départ a une saveur particulière. « Ce soir, on va fêter nos 50 ans ! », confient les deux Gazelles. Alexandra, de la team 191, refuse de penser à la fin. « On est pressées d’avoir d’autres départs », explique la Gazelle qui compte déjà revenir sur le rallye.
Avant de penser à la fin, les Gazelles ont de toutes façons deux belles journées à vivre. « On sait qu’il faut qu’on en profite jusqu’au bout ». Julie et Isabelle, de la team 187, n’ont ainsi pas hésité à « faire un grand détour pour profiter des paysages.
La journée avance, les Gazelles échangent sur la suite du parcours et la stratégie à adopter. « Là ça passe, là non », entend-on, tandis qu’une autre participante s’inquiète de la durée pour accéder à la balise suivante. « Vous ne voulez pas qu’on pose les points sur la carte en 250.000 ?. « La tempête arrive, on va essayer d’aller vite pour sortir des dunes le plus tôt possible », explique de son côté Alona, de l’équipage 261 (HYBA BENRYANE / ALONA BEN-NATAN ).
Dès 17h, les Gazelles s’arrêtent en balise 4 pour planter leurs tentes. Certains équipages n’ont pas validé leur troisième checkpoint et sont obligés de s’arrêter pour attendre le lendemain et repartir. « C’est un choix stratégique, on n’a plus de bras, plus de jambes, on préfère s’arrêter », détaille Caroline, de la team 218. Rallier la balise 5X, dans Chegaga, n’est plus au programme de la majorité des équipages qui sont nombreux à s’arrêter au CP4 voire le CP5 des parcours classiques.
« En plus, c’est magnifique». Malgré une fin de journée difficile, la soirée s’annonce festive sur ce bivouac improvisé, au milieu de petites dunettes avec vue sur Chegaga. L’objectif : profiter de leur dernière nuit seules dans le désert.
Malgré une nuit venteuse, les Gazelles semblent en forme pour leur dernière journée dans le désert, prêtes à en découdre avec les dernières balises. Parmi les Gazelles, les équipages en SUV sont en haut du podium ! « Duster, Duster », crient-elles avant de s’élancer depuis la balise 5. Une dernière journée placée sous le signe de l’émotion. « On réalise que c’est la dernière fois qu’on traverse ces paysages ». La fatigue des huit jours de course se fait sentir chez certains équipages qui choisissent de privilégier les pistes pour leur dernière journée. « La question ne se pose pas, hier on a mis cinq heures pour trouver un CP, on veut éviter ça pour notre dernière journée.
Si la fatigue se fait ressentir, le plaisir est toujours au rendez-vous : « on s’éclate, c’est canon ! On est fières de nous » « Le dépassement de soi, ça y est, on connaît.
Il reste trois ou quatre balises, avant le retour au bivouac, pas question de traîner ! Et pour la dernière étape, après les majestueuses dunes de Chegaga, les Gazelles traversent l’impressionnant lac Iriki, qui semble s’étendre sur des dizaines de kilomètres avant de retrouver un décor digne des westerns américains.
La journée file et l’arrivée à la dernière balise se fait forcément dans l’émotion. Les voitures arrivent en klaxonnant et les Gazelles, elles, en larmes. « On est contentes d’avoir tout trouvé. Sur les neuf jours de course, il ne nous manque qu’une seule balise », se réjouit Olivia, de la team 241,en pleurs, tandis que Cécile elle souligne « la fin d’une belle aventure très bien organisée ».
Un peu plus loin, on entend d’autres Gazelles s’exclamer « Gazelles un jour, Gazelle toujours ! ». Antonia et Aziliz, de la team 253, arrivent elles en klaxonnant et en brandissant les drapeaux de leurs régions respectives : la Corse et la Bretagne. « Bravo les filles », entend-on de part et d’autre ! Les Gazelles sont fières d’elles et ça se sent.
Sur la ligne d’arrivée aussi, l’émotion est au rendez-vous. Les Gazelles se jettent dans les bras les unes des autres, montent sur les voitures, sautent… pour immortaliser la fin de cette aventure. L’aventure d’une vie pour la plupart. Marina et Dominique sont aussi là pour féliciter les équipages ! La ligne d’arrivée marque aussi le retour à la réalité pour les Gazelles qui, après avoir remis leur matériel de sécurité, récupèrent leurs téléphones après huit jours de déconnexion. Comme un signe, le vent s’est enfin calmé pour permettre aux Gazelles de profiter de leur dernière soirée sur le bivouac, au beau milieu du désert.
Sur le bivouac, l’heure est à la fête. Rires, applaudissements, larmes mais aussi incompréhensions, frustrations comme dans toutes compétitions sportives ; entre les Gazelles, les discussions endiablées sur le vécu de ces 10 derniers jours sont au rendez-vous.
Entourées de palmiers, assises sur des tapis traditionnels et autour d’un apéritif, les Gazelles réalisent qu’elles l’ont fait : le Rallye Aïcha des Gazelles du Maroc.
Elles ont franchi la ligne d’arrivée. Elles sont allées jusqu’au bout. Elles ont vaincue la fatigue, le vent, le sable, la navigation, le pilotage de leur véhicule dans les dunes, parfois tant redoutées. Elles ont vécu la montagne russe des émotions. Être Gazelle prend désormais concrètement tout son sens. Elles l’ont fait et c’est une joie précieuse de le célébrer ensemble. De celle qui marque les souvenirs à vie sans encore le savoir.
Si certaines choisiront de découvrir les images de la production vidéo de ces 10 derniers jours sur grand écran, la piste de danse en plein air offre un nouveau terrain de jeu pour les Gazelles. Les équipes de Badr sont chaleureusement remerciés sous les tonnerres d’applaudissement des Gazelles pour ses repas majestueux pendant tout le Rallye.
Les Gazelles sont alors invitées à lever les yeux au ciel : un feu d’artifice leur est tout spécialement réservé pour célébrer cette arrivée bien méritée !
Ce soir, le ciel étoilé est chargé d’émotions au-dessus du bivouac de Foum Zguid.