Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à ouvrir une filiale au Maroc ?
Parmi les maisons internationales, nous avons été les premiers à nous développer au Maroc. Cela a commencé en 2011, lorsque nous avons créé notre première exposition suivie d’une série de ventes, intitulée Majorelle, au palace Es Saadi à Marrakech. En 2014, à l’occasion de l’ouverture du musée Mohammed VI à Rabat, nous avons organisé une vente intitulée Moroccan Spirit, le parcours d’un siècle de création au Maroc de 1880 à 1980.
En 2015, nous avons réalisé la vente de la collection d’art islamique de Pierre Bergé et Yves Saint Laurent au palace Es Saadi à Marrakech. La même année, nous avons aidé, à travers notre agence Artcurial Culture, à l’organisation de la première exposition du Musée Mohammed VI de Rabat, Cesar, une histoire méditerranéenne.
À partir de 2016, nous avons créé une vente qui se déroule chaque année le 30 décembre à Marrakech, intitulée Paris#Marrakech, et qui connaît un grand succès. Petit à petit, nous nous sommes aperçus qu’il y avait une attente importante au Maroc de la part de collectionneurs de plus en plus nombreux. La vente se déroulait en duplex entre Marrakech et Paris mais le lieu légal de transfert de propriété de l’œuvre était à Paris. Cela rendait le processus d’achat compliqué pour les Marocains. Nous avons donc pris la décision de créer notre filiale à Marrakech au mois de juin et nous avons ouvert le bureau au mois d’octobre 2019.
Comment la filiale Artcurial a été accueillie à Marrakech ?
Nous avons été extrêmement bien accueillis. Cela faisait déjà huit ans que nous étions régulièrement présents au Maroc et cette filiale nous a permis de développer davantage les liens que nous entretenions depuis ces nombreuses années avec la clientèle marocaine. Les vingt dernières années ont connu un boom culturel considérable et le public marocain est particulièrement sensibilisé à l’histoire de l’art, à travers de plus en plus de musées, galeries, fondations, foires et biennales. Le Maroc est le seul pays d’Afrique disposant d’un musée aux plus hauts standards internationaux, le musée Mohammed VI de Rabat. Sa Majesté a fait un travail considérable pour la culture dans tous les domaines !
Quels sont les atouts d’Artcurial ?
Artcurial se définit par son sérieux, son expertise et ses garanties. Notre maison internationale est composée de gens d’expérience et elle dispose d’une expertise reconnue mondialement. Nos règles de fonctionnement sont d’une transparence absolue, que ce soit pour nos acheteurs ou nos vendeurs. Contrairement à d’autres maisons de vente, nous garantissons tous les objets que nous vendons, pour une durée de dix ans. Ce qui fait notre force aussi, c’est notre rapidité, notre agilité et notre réactivité.
Moins de 3 mois après l’installation d’Artcurial au Maroc, vous avez enregistré des ventes record. Dites-nous en un peu plus sur ces ventes ?
Nous avions proposé deux ventes. La première, Majorelle et ses contemporains, a formidablement bien marché, avec plus de 90 % des lots vendus et un total dépassant les 40 millions de dirhams de résultat global. Le département Orientalisme a enregistré sept records durant cette vente, dont le chef d’œuvre d’Etienne Dinet, Le fils d’un Saint M’rabeth qui, a lui seul, a fait 13 millions de dirhams. Cela faisait plus d’une décennie qu’un tableau de Dinet n’avait pas atteint ce prix-là. Les œuvres de Majorelle se sont merveilleusement bien vendues aussi.
La seconde vente, Made in Morocco, autour des arts décoratifs et tableaux et peintures marocaines qui a très bien marché aussi puisqu’elle a totalisé près de 12 millions de dirhams.
Quel est le public ciblé par les ventes aux enchères réalisées à Marrakech ?
Les ventes réalisées à Marrakech ont réuni près de 18 nationalités d’acheteurs, en provenance des États-Unis, du Brésil, de Singapour, de Chine et de toute l’Europe. Mais il y avait surtout beaucoup d’acheteurs marocains, ce qui traduit la réussite de notre intégration. Le Maroc a une longue tradition artistique et le client marocain est un client cultivé et connaisseur. C’est inscrit dans ses gènes. Il n’achète pas au hasard. Il sait ce qu’il veut et se montre pertinent.
Comment cernez-vous le marché de l’art national et mondial dans le contexte de l’épidémie du Covid-19 ?
Aussi étonnant que cela puisse paraître, depuis la réouverture d’Artcurial et la reprise des ventes dès le 19 mai dans les conditions sanitaires adaptées, toutes les ventes ont très bien marché, que ce soit chez nous ou chez nos concurrents. Il y a une appétence en ce moment, dont nous sommes très heureux et que nous n’aurions pas obligatoirement prédit. Les clients sont là et veulent acheter, il y a de la demande. Le marché se porte bien. Nous avons enregistré chez Artcurial au mois de juin et juillet de nombreux prix record comme un stabile d’Alexander Calder adjugé près de 5 M€ ou des chaises du Comte d’Artois à Bagatelle datant du 18ème siècle qui se sont vendues 1,2M€.
Au Maroc, l’épidémie nous a forcé à annuler deux ventes, celle du mois de juin, à Casablanca et celle du mois d’octobre, à Marrakech. Nous n’organiserons donc cette année qu’un seul événement mais plus important.
Vous annoncez déjà l’organisation de votre événement annuel à la Mamounia. Quelles seront les pièces proposées ? Quelles mesures et précautions comptez-vous mettre en place pour assurer la sécurité des personnes présentes ?
Il s’agit d’une vente organisée le 30 décembre 2020, précédée de quatre jours d’exposition. Nous reprendrons nos grands classiques. Une partie sera ainsi dédiée à Majorelle et ses contemporains. Nous proposerons aussi des nouveautés à travers une vente dédiée à l’art moderne et contemporain marocain, international et africain. Une vente Made in Morocco sera consacrée aux arts décoratifs. Un beau panel d’œuvres nous a déjà été confié pour cette vente.
L’événement respectera évidemment les règles sanitaires en vigueur, édictées par l’État marocain par rapport au nombre de personnes présentes, à la distanciation, au port du masque, en fonction de l’évolution de la situation. Il sera retransmis en live sur internet, les gens pourront ainsi enchérir à distance.
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Artcurial en bref
Fondée en 2002, Artcurial est une maison de vente aux enchères internationale basée à Paris, avec plus de 25 domaines d’expertise. Elle est la première maison de vente aux enchères française. Connue pour avoir lancé de nouvelles spécialités comme le design, le street art ou la bande dessinée, elle génère des records mondiaux et beaucoup d’enthousiasme des collectionneurs. Après l’Allemagne, l’Autriche, la Belgique, l’Italie et Monaco, Artcurial s’installe de manière permanente au Maroc, en octobre 2019, à travers une filiale à Marrakech. Première implantation en Afrique d’une grande société internationale de ventes, cette ouverture renforce le réseau international d’Artcurial.