nos enfants nous ont mariés

Naima et Nourredine ont connu, chacun de son côté, deux échecs conjugaux. A eux deux, ils totalisent sept enfants. Sept enfants qui ont décidé de marier leurs parents pour le meilleur... et sans le pire !

Quand je me suis mariée la première fois, j’avais 23 ans. Jecroyais l’amour éternel et malgré le fait que mon mariet moi étions issus de milieux sociaux différents, jel’aimais passionnément. De cette union sont nés trois garçons. Lesproblèmes ont commencé lorsque mon époux s’est mis à battrenotre fils aîné “pour en faire un homme, un vrai”, disait-il. Son proprepère était alcoolique, il battait sa femme et ses enfants ; chose quej’ignorais. Il reproduisait donc ce qu’il avait vécu, ce qu’il avait connu,enfant, chez lui. Après une énième raclée, encore plus violente queles précédentes, l’âme meurtrie, pour préserver ma santé mentale etcelle de mes enfants, j’ai fui l’homme de ma vie.

J’avais trente ans et trois garçons très durs, carhabitués à la violence. Moralement très fragile, je continuais àtravailler et à gérer ma famille. Heureusement, mon boulot était unîlot de paix où je me sentais bien, reconnue, et où je m’épanouissais.Chaque matin, l’idée d’aller au bureau me remplissait de joie. Unsentiment toutefois gâché par une culpabilité lancinante, celled’avoir choisi pour mes enfants un père aussi violent. Mais à 23 ans,on ne sait pas interpréter certains signes…

Divorcée, ma vie, mon univers, se réduisaient àmes enfants et mon job. Pas de sorties, pas de rencontres. Leshommes me faisaient peur et je ne croyais plus à l’amour, ni aucouple, ni même à la possibilité d’une famille heureuse. Malgrécela, paradoxalement, l’idée d’élever seule mes garçons meterrorisait. N’allaient-ils pas devenir des monstres perpétuantle même schéma que leur père ? Petit à petit, j’ai commencé àapprivoiser l’idée d’un (autre) homme dans ma vie. C’était trèsclair dans ma tête : je ne cherchais pas un mari, mais un père pourmes fils. A 34 ans, j’ai épousé Saïd sans vraiment le connaître.C’était un client de longue date de la compagnie qui m’employait.Plus âgé que moi de douze ans, veuf depuis peu, calme, sérieux ettrès bel homme, il me semblait être le père idéal. Lui qui n’avaitpas eu d’enfant, il désirait devenir papa. Je suis de nouveautombée enceinte et ai mis au monde mon quatrième garçon !

Trop marquée par ma première expériencede couple, je n’arrivais pas à faire en sorte que Saïd se sentechez lui, respecté et aimé par mes aînés. C’était un mariage deraison. J’avais du respect et même de la tendresse pour mon nouvel époux, mais la confiance mutuellenous faisait défaut. Mes garçons ont dûflairer la faille et lui ont rendu la vie quasiimpossible ! La situation s’est dégradée etSaïd a fini par jeter l’éponge. Cette fois-ci,c’est lui qui a quitté le domicile conjugal.Nous avons fini par divorcer. J’avais 37ans, quatre garçons à élever. J’étais seuleet malheureuse.

Nourredine, lui, avaitrencontré une bien jolie jeune fille, vive,drôle. Après leur union, il ont eu un enfant.Ce bébé n’avait qu’un an quand la mère lesa abandonnés tous les deux pour retrouversa vie de jeune femme insouciante.Remarié, lui aussi sans vraiment êtreamoureux, il a eu une autre petite fille etun garçon de son second mariage. Papagâteau, seuls ses enfants comptaient etsa seconde femme n’a pas pu supporterêtre à ce point ignorée par son mari. Lesproblèmes ont commencé, la vie de coupleest devenue impossible. Nourredine adivorcé pour la seconde fois.

Il s’est ainsi retrouvé,à 37 ans, seul, papa de trois chérubins etbien perplexe quant à la vie en généralet le mariage en particulier. Noushabitions le même quartier. Mesfils étaient copains avec les sienset fréquentaient les mêmes écoles.Ignorant nos situations respectives,il ne nous serait pas venu à l’idéede nous regarder autrement qu’en“tuteurs” des camarades de notreprogéniture. Mus par cette intuition quihabite parfois les enfants, ils ont fini parcultiver la conviction que chez l’autre, il yavait ce “parent” idéal qui leur manquait.Ils nous ont raconté par la suite les détails :ses fils et sa fille m’ont choisie, moi,comme nouvelle maman ; mes garçons,pourtant durs et incommodes, l’ontélu comme père-copain. Ils en ont parléentre eux, ont comploté derrière notre dosjusqu’au jour où ils ont décidé de provoquernos rencontres. Ils ont inventé des scénariospour multiplier les occasions de nous réunir,Nourredine et moi. Dans ces moments desolitude extrême et de découragement, j’aiaccepté ces entrevues au gré desquelles unevéritable amitié est née.

Les sept enfants avaientde la suite dans les idées. Revenant àla charge moult fois, et contrairementaux histoires que l’on entend souvent -celles d’enfants de divorcés qui voientd’un très mauvais oeil le mariage du parent avec une autre personne que legéniteur – notre progéniture voulait nousréunir tous les neuf sous le même toit.Regroupement qui passe forcément sousnos cieux par la case mariage

J’étais autonome,j’avais une maison à moi et traversé deuxmariages désastreux. Je trouvais trèsrisqué d’abandonner une amitié profondepour une histoire d’amour. La vie avecmes quatre garçons commençait à peineà connaître une vraie sérénité. Commentimaginer me retrouver avec sept bambinsà élever ? C’était de la folie ! Une aventuredéraisonnable, vouée inéluctablementà l’échec. Mes expériences passéesm’avaient profondément blessée, jen’avais plus confiance.

Je voyais bien queNourredine éprouvait quelque chose pourmoi. Il était respectueux, attentif.

Il a donc décidé deprendre le temps de me séduire, de meconvaincre qu’il était le partenaire qu’ilme fallait. Je ne pouvais remettre enquestion sa sincérité. Il a été très patientet a réussi à m’apprivoiser. Petit à petit,j’ai commencé à voir en lui non seulementl’ami véritable, mais un possiblecompagnon de vie… J’ai vécu de longsmois partagée entre le désir de vivre cetamour naissant sans entraves et le doute.Un troisième échec m’aurait brisée.

Puis, un beau jour, pluslumineux que les autres, j’ai dit “oui” à unetroisième expérience de couple. Il fautdire et insister sur le fait que les enfants ysont pour beaucoup. Sans leur confianceà tous les sept – même la petite fille m’aapprivoisée et a décrété que j’étais la plusjolie des mamans – cette nouvelle unionn’aurait probablement jamais eu lieu.

Au début, nous ne savionsquelle maison choisir. Chez lui ? Chezmoi ? C’était très compliqué. Il a falluéchafauder plusieurs montages financierscar nous étions propriétaires tous lesdeux de nos domiciles respectifs. Nousavons fini par trouver la maison optimalepour une famille recomposée. Unedemeure où se rassemblent autour de latable neuf énergumènes .

Certains week-ends et pendantles vacances, les enfants se dispersentdans les quatre familles. Des lienssympathiques nous lient avec leursgrands-parents. Ce n’est certes pas faciletous les jours. Comme tous les foyers,le nôtre connaît des hauts et des bas. Maplus grande fierté : avoir réussi à aider lapetite fille à trouver sa place au milieu dessix garçons. Par rapport à moi, l’autre seulefemme de la maison, elle a compris qu’elleresterait la petite fille préférée de son pèreet que notre entente de couple ne lui feraitpas d’ombre. Elle sait que je rêvais d’avoirune fille et qu’elle était donc pour moi uncadeau de la providence.

Quand il s’agit de prendreune décision importante, Nourredineet moi nous concertons toujours. Nousessayons d’être justes avec nos propresenfants et ceux de l’autre. Vivre en harmonienécessite encore plus de concessions quandil s’agit d’une famille recomposée. Mais noussommes pleins de bonne volonté. Nouscontinuons, tous, à mettre tout en oeuvrepour réussir cette belle aventure. Lesenfants ne sont pas peu fiers de raconterà tout le monde que ce sont eux qui ontmarié leurs parents. Tout le monde a droità une troisième chance ! â—†

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