Née à Kénitra, ayant fait toute sa scolarité primaire et secondaire à l’école publique marocaine, Mina Rouch a étudié la médecine à Saint-Pétersbourg. De retour au Maroc, elle exerce pendant deux années au sein d’hôpitaux publics dans la province médicale de sa ville natale. Elle décide de repartir à Paris pour une spécialisation dans le domaine de la santé du développement de l’enfant et de la psychiatrie infantile, et découvre la santé sociale. Depuis, elle milite pour la justice sociale et la santé pour tous. Dans ces droits qu’elle estime fondamentaux, elle inclut un logement digne, une justice juste et une bonne éducation. La vocation humanitaire de Mina Rouch, femme médecin, s’est étroitement associée à un engagement sans faille pour les couches défavorisées, les mineurs et les femmes en situation de vulnérabilité.
À Séville où elle s’installe en 1990, elle poursuit son engagement, et cofonde en 1994 le Centre international médical pour migrants étrangers (CIMME) afin d’apporter aide et soin aux migrants dans leur langue, avec une approche axée sur la connaissance de leur contexte socio-culturel. “Pendant un certain temps, j’ai travaillé dans les services de santé publique, mais j’ai ensuite choisi de travailler essentiellement avec la CIMME, dont la devise est” La santé est le droit des peuples et le devoir des dirigeants, “quelle que soit la situation juridique du patient”, explique Mina Rouch.
Très impliquée dans son travail, toujours au service de l’autre, Mina Rouch insiste sur l’importance de l’éducation. “Le plus grand féministe que j’ai jamais connue est mon père. Nous étions 5 frères et 5 sœurs, et il nous a toujours traités de la même façon. Il n’a jamais permis que l’un des frère hausse le ton sur ses sœurs. Ces principes inculqués font que mes frères se comportent de la même façon avec leur femme et leurs filles”, se rappelle-t-elle.
Mina Rhouch est particulièrement impliquée dans le domaine des employés des exploitations agricoles à Huelva, dans le sud de l’Espagne, essentiellement des femmes qu’elle rencontre et accompagne depuis 2007 pour les soins médicaux, mais aussi l’écoute et l’aide à l’autonomisation. “Ces femmes sont obligées de venir travailler, mais elles peuvent aussi ramener un savoir-faire pour développer les mêmes cultures chez elles”, assure-t-elle.
Les mineurs migrants est l’autre volet qui interpelle Mina Rouch qui pointe du doigt la recrudescence d’un phénomène ayant presque triplé en l’espace de quelques années. “Un jeune est un vecteur de développement, mais livré à lui-même, lâché dans la nature, en butte à toutes les influences, à la radicalisation, il devient une bombe à retardement”, déplore-t-elle. Les pistes pour éradiquer ce phénomène ne manquent pas, et Mina Rouch insiste sur le rôle de l’éducation publique et gratuite pour tous pour réduire les disparités sociales. Dans ce sens, Mina Rouch travaille actuellement sur un projet de prévention de la radicalisation par le biais du sport et de la culture. “Grâce au sport, des jeunes ont réalisé des choses importantes pour leurs quartiers, villes et pays…”