Marie-Annick Duhard, une militante de la lecture!

Du 3 au 19 mai, tous les instituts français du Maroc sont à la fête et accueillent "La Cigogne volubile, Le Printemps des livres jeunesse du Maroc", qui s'inscrit dans le cadre de la saison culturelle France-Maroc 2012. L'occasion pour nous de rencontrer la très dynamique Marie-Annick Duhard, directrice de l'Institut français de Meknès et instigatrice de l'événement depuis sa première édition, il y a deux ans...

FDM : La première édition de “La Cigogne volubile” a eu lieu à Meknès en 2010. Cette année, pourquoi la généraliser à tous les instituts français du Maroc ?

Marie-Annick Duhard : L’édition 2010 a rencontré un franc succès auprès du public, permettant de drainer, sur trois jours, quelques 17.000 visiteurs venus à la rencontre des auteurs, illustrateurs, éditeurs et conférenciers. La panoplie d’animations, de projets de classes, d’ateliers créatifs, de lectures de contes, etc., mise en place pour familiariser les enfants de 7 à 12 ans avec le livre, explique ce taux de fréquentation exceptionnel. Sans compter que plus de 2.500 ouvrages en français ou bilingue (français arabe) ont été vendus à l’espace de La Librairie… Pour 2012, l’avènement du nouvel Institut français du Maroc, fort de ses 11 sites, a permis d’étendre la manifestation et de lui donner une visibilité et une ampleur nationale. Cela s’inscrit dans la continuité de l’initiative de départ qui était partie d’un double constat : d’une part l’absence de salon spécialisé pour les livres et l’édition jeunesse au Maroc, Maghreb, Afrique ; et d’autre part, l’émergence des classes moyennes, préoccupées par l’éducation et la formation de leurs enfants, dès le plus jeune âge. Or, la lecture, qui est à la base de tout, doit pouvoir pénétrer les foyers, les médiathèques scolaires, le monde du loisir, sans contrainte et dans une parfaite accessibilité. Même si les conditions de l’environnement ne s’y prêtent pas pour tous (niveau de vie ou d’éducation des parents), l’initiation des très jeunes est une chance car “qui lit petit, lit toute sa vie” ! 

 

Pourquoi est-ce si important de donner le goût de la lecture aux jeunes ?

Lire est structurant pour le développement de l’enfant, la construction de son rapport au monde qui l’entoure. C’est aussi un outil pédagogique formidable pour l’apprentissage de la langue, la capacité d’analyse et de synthèse, la transmission. Mots et illustrations aiguisent le goût esthétique et favorisent l’imaginaire créatif. Le livre est ludique, vivant et de surcroît éducatif, car à partir du moment où l’enfant s’approprie une histoire, il va pouvoir créer ses propres personnages, inventer une chute inattendue, proposer une autre couverture pour l’ouvrage, y appliquer son vécu, devenir à son tour conteur… C’est ce qui fait que, durant “La Cigogne volubile”, la littérature jeunesse devient prétexte à toutes les expériences d’animations et de rencontres possibles. Un bouillonnement culturel qui s’est déjà trouvé récompensé en pratique, après la première édition, par une augmentation de 40 % de nos inscriptions en médiathèque pour les jeunes de Meknès, et une multiplication de nos ateliers autour du livre jeunesse. Il y avait donc un sacré besoin à combler dans ce domaine.

 

A notre ère de l’image et de l’info rapide, n’est-ce pas un peu désuet de parler “livres” à des enfants issus de la génération “nouvelles technologies” ?

Pour moi, c’est un faux débat : il n’y a pas opposition entre Internet, nouvelles technologies en général et lecture. Quand on surfe sur un réseau social, on lit, on partage des articles et des courriers en ligne, et il s’agit de pouvoir se repérer au milieu de la masse d’informations stockées ! En dehors du format papier, le livre peut donc prendre mille formes, à l’instar des supports variés qu’a connu et connaît l’écriture : parchemins ou papyrus d’antan, tablette numérique, extraits sur le Web… Dans l’air du temps, certains éditeurs comme Nathan ont opéré une reconversion réussie, en diversifiant leur offre éditoriale : nouveautés jeunesse en version papier et numérique. Maintenant, c’est vrai également que le champ de l’image s’est considérablement développé, sans pour autant faire concurrence au livre ; car les deux peuvent se compléter harmonieusement. Je pense en particulier à l’illustration très présente dans la littérature jeunesse, pour les tout petits, et au film d’animation qui la prolonge, en quelque sorte, la faisant évoluer aussi en terme de graphisme et de réalisme. A souligner qu’au niveau de “La Cigogne volubile”, la sortie de “Zarafa”, à la fois produit en film d’animation et en trois livres couvrant du pré-scolaire à l’adolescence, va créer le buzz comme on dit (rires) !

 

“La Cigogne volubile” sera également le théâtre de rencontres professionnelles à Meknès entre les différents acteurs du secteur de la littérature jeunesse : auteurs, illustrateurs, éditeurs, libraires, enseignants…

C’est là, le deuxième objectif de “La Cigogne volubile”. Entamer une réflexion sur les enjeux de la littérature jeunesse au Maroc. Contribuer au développement éditorial, en créant des ponts et des liens entre éditeurs français et marocains. Professionnaliser le milieu du livre et partager les expériences en la matière. De nombreux sujets seront abordés, comme le marché et l’économie du livre jeunesse ainsi que ses nouvelles tendances, ou encore comment créer et animer un rayon jeunesse. Car les bonnes intentions ne suffisent pas et souvent, chaque partie reste isolée dans son coin. En plus, pour le cas d’espèce de la littérature jeunesse, on ne peut se satisfaire de placer les livres sur une étagère et d’attendre le client. Il convient de mettre en oeuvre des animations, des ateliers découverte… Et, rappelons- le, c’est surtout au sein de l’école même, via un réseau structuré de bibliothèques de consultation et de prêt qu’on peut atteindre le mieux la cible des jeunes… Si les écoles privées ont fait beaucoup de progrès dans ce sens, je me bats pour que l’enseignement public se dote, lui aussi, de moyens appropriés et d’un personnel éducatif d’encadrement.

 

“La Cigogne volubile” se veut donc être à la fois un projet sensibilisateur et catalyseur d’énergies ?

Il y a des maisons d’éditions de littérature jeunesse très dynamiques au Maroc (Yomad Editions, Yanbow Al Kitab, Editions Nouiga ; secteur jeunesse de Marsam), qui se font petit à petit leur place au soleil. Mais il leur manquait ce coup de projecteur qui fait toute la différence : un événement à grande échelle et fortement médiatisé. Car à notre époque, pour impacter fortement les esprits, il faut sortir l’artillerie lourde et balayer large, que ce soit au niveau du public ou de la qualité des intervenants. Partant de là, j’ai voulu que “La Cigogne volubile”, dès la première édition de 2010, ait la même notoriété que le festival du film d’animation de Meknès, qui, à l’époque, fêtait ses dix ans. Mais bien sûr, après, au-delà du salon en lui-même, il est indispensable que le relais soit pris, sur le plan local, pour faire fructifier ces acquis.

 

Parlez-nous du dispositif solidaire prévu à “La Cigogne volubile”…

C’est le principe du chèque-livre, équivalent d’un carnet de chèques. Chaque chèque du carnet a une valeur nominale, soit de 50 DH, s’il est financé par une entreprise ; soit de 20 DH, quand il s’agit d’un particulier. Ce mécénat solidaire qui ne concerne, pour l’heure, que l’IF de Meknès, va bénéficier à de nombreux petits lecteurs (enfants d’employés d’entreprises, d’associations ou d’écoles publiques…) qui pourront venir choisir des livres chez nous, les régler par chèque, puis les faire dédicacer par leurs auteurs préférés.

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