Depuis l’agression de Loubna Abidar à Casablanca le 5 novembre dernier, différentes versions circulent quant à son départ du Maroc. Alors que certains proches de l’actrice affirmaient qu’elle était en France pour raisons professionnelles, Loubna Abidar s’exprime via le journal Le Monde pour expliquer qu’elle a bel et bien quitté le Maroc.
Dans une tribune intitulée « pourquoi j’ai décidé de quitter le Maroc », Loubna Abidar a décidé de s’exprimer dans les colonnes du journal le Monde.
Elle y explique notamment les raisons pour lesquelles elle a souhaité jouer dans le film « much loved » de Nabil Ayouch, déclarant que le jour où le réalisateur a accepté de travailler avec elle « était le plus jour de sa vie » dans le sens où elle allait » pouvoir travailler avec un réalisateur talentueux et internationalement reconnu », et parce qu’elle allait donner la parole à toutes celles avec lesquelles elle avait grandi : » ces petites filles des quartiers qui n’apprennent ni à lire ni à écrire, mais auxquelles on dit sans cesse qu’un jour elles rencontreront un homme riche qui les emmènera loin… »
« Dans ce film, j’ai mis toute mon âme et toute ma force de travail, portée par Nabil Ayouch et mes partenaires de jeu. Le film a été sélectionné à Cannes. J’y étais, c’était magique. Mais dès le lendemain de sa présentation, un mouvement de haine a démarré au Maroc. »
Loubna Abidar épingle alors le ministre de la communication Mustapha El Khalfi, dénonçant le fait qu’ « Un ministre qui n’avait pas vu le film a décidé de l’interdire avant même que la production ne demande l’autorisation de le diffuser. »
D’après l’actrice, si le film dérange à ce point le Maroc c’est « parce qu’il parlait de la prostitution, officiellement interdite au Maroc, parce qu’il donnait la parole à ces femmes qui ne l’ont jamais. » Mais s’il est vrai que le sujet du film a bousculé les mœurs, l’actrice omet de parler de ce qui a encore plus choqué les Marocains, les rush du film diffusés sur le web où elle campe le premier rôle dans des scènes jugées « pornographiques ».
L’actrice poursuit ensuite en expliquant la « campagne de détestation » qui s’est répandue sur les réseaux sociaux et au sein de la population alors même que personne n’avait vu le film au Maroc Abidar explique aussi la haine contre Nabil Ayouch, traité de « juif » et à son encontre, pour avoir osé non seulement jouer ce rôle mais aussi avoir osé prendre position ouvertement et sans hypocrisie.
Toutefois, Loubna Abidar consent à admettre qu’elle a également reçu de nombreux messages de soutien, venant d’Europe mais aussi du Maroc, de la part de « gens éclairés » mais aussi de prostituées « qui ont enfin osé parler à visage découvert pour dire qu’elles se reconnaissaient dans le film ». Elle explique que son nom est associé à « sale pute » et que quand une fille se comporte mal on lu dit qu’elle « finira comme Abidar ». Enfin, l’actrice revient aussi sur son obligation de porter une burqa pour se cacher les rares fois où elle sortait de chez elle.
Les circonstances de l’agression et la fuite
En conclusion de cette tribune, Loubna Abidar revient enfin sur son agression.Alors qu’elle n’avait donné aucun élément de détail à la presse marocaine, ni aux forces de l’ordre au Maroc en faisant sa déposition, (qu’elle nie avoir pu faire), Loubna Abidar nous apprend dans le Monde, les circonstances de son agression.
« Ces derniers jours, le temps passant, la tension me semblait retombée. Alors jeudi 5 novembre, le soir, je suis allée à Casablanca à visage découvert. J’y ai été agressée par trois jeunes hommes. J’étais dans la rue, ils étaient dans leur voiture, ils m’ont vue et reconnue, ils étaient saouls, ils m’ont fait monter dans leur véhicule, ils ont roulé pendant de très longues minutes et pendant ce temps ils m’ont frappée sur le corps et au visage tout en m’insultant. J’ai eu de la chance, ce n’était « que » des jeunes enivrés qui voulaient s’amuser… D’autres auraient pu me tuer. La nuit a été terrible. Les médecins à qui je me suis adressée pour les secours et les policiers au commissariat se sont ri de moi, sous mes yeux. Je me suis sentie incroyablement seule… Un chirurgien esthétique a quand même accepté de sauver mon visage. Ma hantise était justement d’avoir été défigurée, de garder les traces de cette agression sur mon visage, de ne plus pouvoir faire mon métier… »
Suite à cette agression, l’actrice aurait donc décidé de quitter le Maroc suite à ses déclarations de colère qu’elle dit regretter et parce qu’elle ne savait plus où aller. » C’est mon pays, je l’aime, j’y ai ma vie et ma fille, j’ai foi en ses forces vives, mais je ne veux plus vivre dans la peur. »
Et de conclure « Au fond, on m’insulte parce que je suis une femme libre. Et il y a une partie de la population, au Maroc, que les femmes libres dérangent, que les homosexuels dérangent, que les désirs de changement dérangent. Ce sont eux que je veux dénoncer aujourd’hui, et pas seulement les trois jeunes qui m’ont agressée… »
Loubna Abidar dit-elle vrai ou pas ? Elle seule connaît la vérité. Il est regrettable que les circonstances de cette agression n’aient pas pu être clarifiées, ici au Maroc. Une enquête aurait du/pu être menée afin que justice soit faite. Loubna Abidar incrimine les forces de l’ordre et les hôpitaux qui lui auraient fermé les portes. De l’autre côté, on l’accuse de mentir et on porte plainte contre elle pour fausses déclarations.
La fuite arrange-t-elle choses ? A notre sens, non. Comme Loubna Abidar l’a bien dit, des soutiens, elle en a toujours bénéficié au Maroc, à commencer par les gens de la profession mais aussi de la presse qui a en grande partie soutenu le film et le jeu de l’actrice. Toutefois, ce qui est déplorable à notre sens, c’est de refuser les interviews demandées par la presse marocaine qui lui a donné à maintes reprises l’opportunité de s’exprimer et de choisir une fois encore de prendre la parole dans la presse française, en s’exprimant cette fois-ci dans un journal qui a depuis longtemps affiché clairement sa position anti Maroc.