« Mohamed Melehi, étincelant poète des couleurs et des formes ». C’est le titre choisi par le président de l’Institut du monde arabe, Jack Lang, pour rendre hommage à l’un des plus grands représentants de l’art moderne et contemporain du Maroc, Mohamed Melehi, décédé la semaine dernière à Paris des suites du Covid-19. « Mohamed Melehi était un visionnaire, un créateur de génie, un passeur de lumière et de culture », décrit ainsi l’ancien ministre dans un texte émouvant. « Son talent artistique en avait fait une figure de proue de la modernité marocaine. Affable et joyeux, c’était un homme d’une gentillesse infinie, doué d’un humour exquis et toujours bienveillant. Je me souviens avec émotion des moments partagés, entre légèreté et rires, où nous parlions sans fin de ses innombrables projets. Il était d’une force démiurgique quand il s’agissait d’apporter de la beauté au monde. » Et de poursuivre : « Sur trois continents, de Séville à New-York en passant par les fresques chamarrées de sa ville natale d’Asillah, il a su mêler les influences dans des jeux de couleurs somptueux qui nous émerveillaient. Sa peinture savait toujours révéler des formes à la sensualité unique et voluptueuse. La récurrence de la symbolique géométrique de la vague était un fil qui rythmait l’harmonie musicale de tout son univers pictural et idéalisé. » Pour le président de l’Institut du monde arabe, Mohamed Melehi était tout bonnement un peintre universaliste qui réussissait à évoquer dans ses œuvres « les tons vifs et chatoyant des rives Sud de la Méditerranée et de l’Île du couchant, l’infini océanique des littoraux qu’il aimait tant, et transcrivait, sous le pinceau, des préoccupations toujours d’actualité ». Mohammed Melehi était un sculpteur, un peintre, un artiste total et engagé, mais Mohammed Melehi était notamment « un ami de l’Institut du monde arabe, des arts qui contribua à la vie culturelle de l’Institut par de nombreuses donations, en particulier celle de France et Claude Lemand en 2018. Il était au cœur de l’exposition Maroc contemporain que nous avions organisée en 2015 avec le soutien et le haut patronage de Sa Majesté Mohammed VI. Les toiles oniriques de Mohamed Melehi illustraient à merveille l’exception esthétique d’un pays d’exception. »