Dans sa dernière collection, le grand couturier franco-italien Maurizio Galante propose un voyage d’antan qu’il a baptisé « Rabat-Cipango, journal de bord » (Cipango est le nom que Marco Polo avait donné au Japon). Présentée début juillet lors de la prestigieuse semaine de la haute couture en France, elle est désormais accessible au Musée de l’Institut du Monde Arabe (IMA) à Paris jusqu’à fin septembre. « Le Maroc a toujours été un lieu fascinant, a-t-il confié à la MAP, où on passait jadis en partant vers d’autres contrées et où l’on s’arrêtait toujours en revenant pour reprendre ses esprits et laisser libre court à son imagination ».
Naissance d’une collection
La collection de Maurizio Galante n’est pas née par hasard, elle a vu le jour après une rencontre : celle entre le couturier et Touria Bouabid, militante associative et présidente de l’Association Marocaine d’Aide aux Enfants en Situation Précaire (AMESIP), « une femme d’une grande générosité, qui m’a tout de suite donné l’envie de mener ce projet à son terme », comme il l’assure car « les belles choses naissent souvent des métissages et des rencontres avec d’autres cultures ». Une rencontre concoctée à l’origine par Philippe Castro, directeur de Cabinet du président de l’IMA, Jack Lang, qui qualifie les deux personnalités de « généreuses », « qui ont un goût unique et qui sont animées d’une grande volonté de faire de belles choses en tendant la main à des personnes qui se trouvent dans une situation de précarité ou qui sont isolées ».
Une fusion brillante
Même si sa rencontre avec Touria Bouabid a été révélatrice, celle avec les femmes du centre social pour la femme et l’enfant situé dans le quartier Youssoufia à Rabat – ouvert en 2016 par la Fondation Mohammed V pour la Solidarité-, a été déterminante. « J’ai fait la rencontre de femmes mais aussi d’hommes magnifiques, adorant leur travail, motivés et ayant un talent incroyable qui ne demande qu’à être mis en valeur, poursuit-il. La mode, ce ne sont pas que des paillettes et ça ne doit surtout pas être des paillettes, c’est d’abord un instrument à travers lequel on cherche à raconter une histoire, à faire émerger des émotions et à procurer du plaisir ». Galante a eu un coup de cœur et n’a pas hésité un instant à faire confiance à l’immense talent des petites mains des ateliers de ce centre qui ont rassemblé toute sa collection, en usant avec finesse des techniques ancestrales (Randha, Derss, Hbik, Laakad ou encore broderies traditionnelles).
Les brodeuses de Rabat, les aiguilles parfaites de Maurizio Galante
Pour rendre hommage à tous ces artisans qui ont contribué pour beaucoup à la réussite de ce projet dont il se dit très fier, Galante souhaite organiser un défilé similaire à celui présenté à Paris. Il y aura sûrement des modifications au niveau du styling, des accessoires, de la musique puisque chaque défilé est un moment unique et particulier mais ce qui est certain c’est que l’évènement sera encore plus beau, a-t-il promis en précisant que la collection sera ensuite exposée à Rabat et peut être même dans d’autres villes du pays. (Avec MAP)