FDM : Après une carrière consacrée aux métiers de l’hôtellerie, du tourisme et même de la joaillerie, vous avez décidé de lancer votre propre spa. Parlez-nous de son concept…
Asma El Mernissi : La Maison d’Asa est l’aboutissement de plus de 20 ans de travail durant lesquels j’ai eu le plaisir de découvrir, à travers mes voyages professionnels, le bonheur et les bienfaits de la thalassothérapie. Ce spa, c’est un peu comme une maison dont la vocation est de refléter les produits de nos terroirs. Je suis d’origine tunisienne et le Maroc est mon pays de coeur. Je me suis inspirée des traditions et des ressources de ces pays pour créer des soins : le
jasmin pour la Tunisie, l’argan pour le Maroc… Chacun d’eux a une histoire, et chaque destination offre des cérémoniaux différents. A travers la Maison d’Asa, je souhaite rendre hommage à ces pays et offrir un voyage sensoriel aux gens dans une ambiance qui suggère le dépaysement.
Comment se démarquer de la concurrence dans un secteur qui demeure très concurrentiel ?
Nous sommes dans une ère de marketing et pour se distinguer, il est essentiel d’offrir des prestations d’une qualité irréprochable à une clientèle exigeante. J’ai travaillé pendant près de deux ans sur le concept de ce spa, multipliant les brainstormings avec mon équipe et des professionnels du secteur. A travers la Maison d’Asa, j’ai voulu rendre hommage au Maroc, un pays connu pour ses traditions ancestrales et ses soins de beauté naturels d’une diversité extraordinaire. Et pour valoriser ces produits, j’ai fait appel à des créateurs pour élaborer une gamme originale, inspirée des richesses de nos régions, tout en travaillant aussi sur la formulation des produits.
Votre métier semble indissociable de votre passion…
Absolument ! Au cours de ces dernières années, je me suis tellement documentée, j’ai participé à des dizaines de conférences dans le domaine du bien-être pour mon plaisir personnel que je pourrais en parler pendant des heures… Lorsque je faisais des salons, je réalisais aussi que cette richesse était exploitée par des grandes marques internationales sans véritablement nous rendre hommage, alors que nous sommes en mesure de le faire aussi, avec notre propre cachet, en présentant un concept digne du Maroc ! C’est d’ailleurs ce qui m’a motivée à lancer ma marque de spa.
Les postes que vous avez occupés jusqu’ici ont toujours eu un lien avec le bien-être, que ce soit dans l’hôtellerie, le monde du luxe ou la franchise… Pourquoi n’avez-vous pas créé ce concept plus tôt ?
Le destin a voulu qu’en quittant l’hôtellerie, je me lance dans le domaine de la franchise où j’ai découvert en parallèle l’univers de la joaillerie… Malgré toutes ces expériences, il y avait toujours quelque chose qui me manquait : le bienêtre.
Et lorsque j’ai quitté Kallista, en 2007, c’est justement pour me consacrer à la création de mon concept de spa. Mais à quelques mois de l’ouverture, la providence me fait rencontrer le président fondateur des Cinq Mondes, qui m’embarque
dans cette belle aventure. Je décide d’alors d’abandonner l’idée de création de spa pour me lancer dans les Cinq Mondes, à Casablanca. Après quelques années, cette envie de créer a repris le dessus dans mon esprit, d’autant que je
sentais ma motivation baisser au quotidien pour travailler normalement.
A en juger de votre parcours, tous les chemins mènent à la Maison d’Asa finalement…
Asa est une déclinaison de mon prénom, Asma ; et de l’Asie, qui est l’une de mes plus grandes sources d’inspiration. Je considère ce lieu comme une maison où un lien fort va se créer avec son hôte, laissant derrière lui le stress, le bruit, la circulation, pour partir à la découverte de nouvelles sensations. La vocation de ce spa est aussi de refléter les richesses de nos terroirs. D’ailleurs, nous avons imaginé des soins qui évoquent des spécialités culinaires comme le soin mousseline d’ananas, par exemple, aux connotations gourmandes…
Le thème du voyage est omniprésent dans la Maison d’Asa. Comment abordez-vous ces destinations pour votre clientèle ?
J’ai voulu créer un lieu qui suggère l’évasion, le relâchement… comme un appel à la sérénité et à l’harmonie, afin que les clients puissent se retrouver dans une ambiance à la fois feutrée et reposante. Les gens n’ont pas forcément le temps de faire un séjour en thalasso et c’est cette parenthèse de détente que je souhaite leur offrir dans leur quotidien, à travers ce nouveau concept. Il y a, en quelque sorte, un « découpage géographique » qui s’opère avec la porte de l’Atlas, qui évoque le Maroc, la porte de Carthage, qui fait référence à la Tunisie, la porte de l’Asie… Chacune d’elles est une invitation au voyage, une découverte, une immersion dans un nouvel univers où l’on est baigné dans les traditions millénaires de chaque culture. A travers ce lieu, je souhaite porter haut et fort une marque de spa haut de gamme, tant au Maroc qu’à l’international, fidèle à l’esprit de nos traditions ancestrales… J’ai envie qu’elle soit la plus représentative et la plus diversifiée possible. Car aujourd’hui, on ne peut pas commercialiser une marque ciblée exclusivement sur les produits du Maroc puisque l’essence même du spa, c’est le voyage sensoriel. Naturellement, un client marocain, en fonction de son humeur, va vouloir tester un tout autre univers ; alors qu’un client étranger va privilégier davantage les soins locaux.
En quelques années, les gens sont devenus plus sensibles au concept du bien-être. Quel regard portez-vous sur l’évolution de ce secteur au Maroc ?
Depuis 1986, date de mon arrivée au Maroc, j’ai remarqué l’évolution des habitudes des gens, ici comme ailleurs. La différence avec les pays méditerranéens en général, c’est que l’art du bain, le soin par l’eau en général fait partie intégrante de notre culture et de notre conception de l’hygiène. Actuellement, le spa en institut est devenu synonyme d’une bonne hygiène de vie, et le spa au masculin n’est plus un tabou. La clientèle est désormais composée aussi bien de femmes que d’hommes qui veulent entretenir leur capital santé pour rester en forme.