Entre 2004 et 2014, plus de 102 000 filles de moins de 18 ans ont été autorisées à se marier. Ces mariages précoces sont possibles grâce aux articles 20 et 21 du nouveau Code de la famille utilisés par certains juges pour déroger à cette interdiction. Un phénomène tout simplement inadmissible pour l’artiste Mostopha Romli, qui a décidé de s’emparer du sujet. Il le dénonce dans son exposition “20-21”, actuellement présentée à la fondation Building Bridges à Los Angeles aux États-Unis.
Pour amener son public à réfléchir sur ce fléau, il a décidé d’utiliser le portrait d’une jeune Marocaine au regard vide réalisé à l’époque coloniale. Ce visage insoutenablement triste et mélancolique se retrouve sur la plupart de ses toiles comme une marque du passé, lourde de sens et toujours présente. « Tout en nous conviant à une savoureuse délectation esthétique, les œuvres de cette thématique que Romli propose, cherchent à nous sensibiliser entre autres aux traumas de notre monde actuel. D’où ce retour à la carte postale coloniale pour capter l’infamie du mariage des filles mineures. » Car il ne faut jamais oublier que ces fillettes mariées de force ne vont généralement plus à l’école, ont des grossesses prématurées et, pour une bonne partie, sont victimes de maltraitance…