Aquelques mètres de la Pyramide du Louvre, dans le sous-sol de la cour Visconti, se déploie le tout nouveau département des Arts de l’Islam, un projet magistral qui aura nécessité près de 10 ans de travaux et coûté près d’un milliard de dirhams (98 millions d’euros). Construit sur deux niveaux, il s’étend sur une superficie totale de 6.500 m2 et accueille une collection de plus de 15.000 pièces. Initié par Jacques Chirac en 2002 dans le but de consolider la “vocation universelle” du Louvre et faire sortir de la “marginalisation” les arts de l’Islam, ce nouveau musée a bénéficié du mécénat de plusieurs pays dont le Maroc, mais aussi le Koweït, l’Arabie saoudite, le sultanat d’Oman… Ces nouveaux espaces accueillent principalement des oeuvres provenant du musée du Louvre et d’autres issues du musée des Arts Décoratifs. Une collection exceptionnelle qui témoigne de la richesse artistique de la civilisation islamique pendant près de douze siècles d’histoire, avec des pièces issues d’univers très différents : Empire ottoman, Perse, Mamlouk…
“Il y a d’une part un mouvement d’intérêt par rapport à ces oeuvres et d’autre part, on observe un élan de répulsion pour les arts de l’Islam, et pour l’Islam en général… Notre devoir est de montrer la face lumineuse de cette civilisation et tout ce qu’elle a apporté de façon indubitable au monde. Avec ce nouveau département, il y a un enjeu de compréhension essentiel qui demeure très fort”, explique Henri Loyrette,le président-directeur du musée du Louvre. En effet, cette volonté de revisiter la civilisation araboislamique doit avant tout permettre une meilleure perception de ces sociétés et rendre hommage à leur production artistique dans toute son immensité, au-delà de l’art religieux… La programmation propose un parcours en quatre partitions chronologiques, avec des mosaïques, des textiles, des objets précieux, qui vont permettre de décrypter la production artistique en terre d’Islam. Beaucoup d’oeuvres ont fait l’objet d’un importanttravail de restauration, à l’instar du porche de pierres datant de la période Mamlouk, qui a nécessité un travail de reconstitution de deux années, suivies d’une étude plus technique pour déterminer son emplacement et son installation dans ce nouvel espace.
Ce musée se présente comme un “creuset des peuples” et met en lumière l’immensité de leur contribution aux arts de l’Islam en général. Un parcours qui nepeut se réduire à une simple visite mais à
un véritable voyage au coeur de la civilisation islamique qui bousculera, sans nul doute, beaucoup d’idées reçues.