FEMEN
Elles sont blondes, brunes, belles, minces, et pourraient sans complexe poser sur les couvertures de magazines féminins, mais elles en ont décidé autrement… Ces activistes ukrainiennes, aujourd’hui connues à travers le monde entier pour leurs actions complètement folles, font partie de FEMEN, un groupe de protestation fondé à Kiev en 2008. Leur marque de reconnaissance ? Organiser des manifestations, des happenings ou des performances topless. Et si elles choisissent de dénuder leur poitrine, c’est parce qu’à leur sens, les seins nus symbolisent la condition des femmes ukrainiennes qui seraient pauvres, vulnérables et seulement propriétaires de leur corps. Outre leur lutte pour la démocratie, elles manifestent aussi pour la protection de l’environnement et pour les droits des femmes, en dénonçant notamment le sexisme, la prostitution, le harcèlement et le tourisme sexuels.
Parmi leurs actions les plus connues : manifester en tenue de soubrette devant le domicile parisien de Dominique Strauss-Kahn en scandant des sloganstels que “Fuck me in Porsche Cayenne”, “La honte ne part pas au lavage”, “Voulezvous coucher avec moi, ce soir ?”, ou “Descends, si t’es un homme” ; ou encore en burqa, à Paris, sur le parvis des droits de l’homme avant de retirer le vêtement pour se retrouver seins nus. Une manière de défendre la liberté des femmes musulmanes dans le monde au son de : “Plutôt à poil qu’en burqa”. Outre Vladimir Poutine et Silvio Berlusconi, qui font souvent les frais de leurs attaques, les membres de FEMEN ont aussi défié l’Iran et l’Arabie Saoudite en paradant, toujours seins nus, pour demander la libération de Sakineh Mohammadi Ashtiani, condamnée à mort pour adultère, ou pour faire valoir le droit des femmes saoudiennes à conduire. Portant un niqab pour seule tenue,elles scandent alors “Cars for women, camels for men”, autrement dit “Des voitures pour les femmes, des chameaux pour les hommes”. En réponse à cet appel, dès le lendemain, des Saoudiennes braveront l’interdit en prenant le volant.
SLUTWALK
La Slutwalk, ou “Marche des salopes”, est incontestablement inspirée des actions de FEMEN. Débutée en avril 2011 à Toronto, au Canada, cette manifestation a pris beaucoup d’ampleur et s’est mutée aujourd’hui en un mouvement de rassemblement à l’échelle mondiale. Le concept d’origine : s’habiller de manière provocante, voire partiellement dénudée, afin de protester contre le fait qu’on puisse excuser un viol dans le cas où la victime était habillée de manière jugée trop aguichante. C’est précisément cette attitude machiste qui a mis le feu aux poudres à Toronto, en avril 2011, lorsqu’un officier de police a suggéré que pour être en sécurité, “les femmes devraient éviter de s’habiller comme des salopes”. La Slutwalk s’est cependant adaptée à la réalité culturelle des différents pays où elle se déroule, et en Inde, par exemple, il n’est pas question pour les militantes de se dénuder pour manifester contre le harcèlement sexuel.
PUSSY RIOT
Pussy Riot est un groupe de punk-rock féministe formé en 2011, à l’origine de performances artistiques non autorisées à Moscou, dont le but est de promouvoir les droits de la femme en Russie. Son action est également politique car en 2012, Pussy Riot s’oppose à la campagne électorale du Premier ministre Vladimir Poutine. Le signe de reconnaissance de ses membres, c’est leur costume. Habillées de robes légères et de collants, ces femmes cachent leur visage sous des cagoules colorées. Depuis mars 2012, trois d’entre elles sont en détention provisoire pour avoir profané l’autel de la cathédrale du Christ-Sauveur de Moscou, le 21 février dernier. Encagoulées comme à leur habitude, munies de leurs guitares et d’une sono ultra puissante, elles ont investi la célèbre église pour entamer une “prière punk” intitulée “Marie, mère de Dieu – Chasse Poutine !”. Entre autres paroles provocatrices : “Sainte Marie mère de Dieu, deviens féministe”. Mais en Russie, on ne s’en prend pas impunément à l’église et au pouvoir. Arrêtées suite à cette action, le tribunal a ordonné leur maintien en détention jusqu’en janvier 2013. Les trois militantes interpellées encourent jusqu’à sept ans de prison pour hooliganisme. L’église orthodoxe russe ne se contente pas de ce chef d’accusation et appelle en ce moment à leur condamnation pour incitation à la haine religieuse.
LA BARBE
Les militantes de ce groupe d’action féministe fondé en France en 2008 dénoncent l’absence ou la sous représentation des femmes dans les instances de pouvoir économiques, politiques, culturelles et médiatiques. La Barbe confirme la tendance à la rupture avec le mouvement féministe des années 60-70. Lors de leurs coups d’éclat ironiques, elles se mêlent à des assemblées essentiellement masculines, en apparaissant affublées de barbes postiches. La Barbe se forme officiellement le 8 mars 2008, à l’occasion de la Journée internationale des droits de la femme. Le groupe défile alors à Paris et colle une barbe à l’une des statues de la place de la République. L’un des principes du groupe est de “rendre visible et ridiculel’absence des femmes dans tous les lieux de pouvoir politique, économique et culturel”, et dans son manifeste, ses membres précisent avoir “décidé d’investir barbues tous les hémicycles, toutes les antichambres, tous les lieux de pouvoir des hommes”. Leur dernière action en date survient lors du festival de Cannes 2012. Les militantes publient à cette occasion une tribune dans le journal “Le Monde” intitulée “A Cannes, les femmes montrent leurs bobines, les hommes, leurs films”, et dénonçent le fait que sur les 22 oeuvres de la sélection officielle, 22 ont été réalisées par des hommes. Suite à cette publication, relayée dans le monde entier par la presse internationale, quelques militantes ont ensuite investi le tapis rouge du festival, affublées de leur célèbre barbe.