Les études sur le cancer se suivent mais ne se ressemblent pas, chose généralement assez déprimante car au final, on ne sait plus à quel saint se vouer. Ne pas fumer, ne pas boire, manger bio, ne pas stresser, faire du sport… Chaque mois, les recommandations pleuvent à tel point qu’on finit par avoir peur de son ombre. Et bien figurez-vous qu’une énième nouvelle étude affirme cette fois-ci que le cancer serait le plus souvent dû à un "manque de chance"!… ou dans le jargon scientifique, à des mutations aléatoires se produisant dans le processus de division des cellules, plutôt qu'à des causes génétiques ou à un environnement défavorable.
Menée par des scientifiques de l'Université Johns Hopkins, cette étude parue dans la magazine "Science" daté du 2 janvier, est basée sur un modèle statistique prenant en compte une grande variété de cancers. D’après les résultats de l’étude, deux tiers des cancers détectés chez les adultes peuvent être expliqués par des mutations génétiques aléatoires qui permettent aux tumeurs de grossir, et un tiers sont le fruit de facteurs génétiques ou d'un environnement défavorable.
Manque de chance, l’étude en question ne prend pas en compte le cancer du sein, le plus fréquent chez les femmes, ni celui de la prostate, le deuxième plus courant pour les hommes après le cancer de la peau.
Mais ce n’est pas pour autant qu’il faut voir en ces résultats une invitation à se laisser aller. "Cette étude montre que vous pouvez accroître vos risques d'avoir un cancer en fumant ou avec d'autres mauvaises habitudes de vie", souligne l'un des auteurs de cette recherche, Bert Vogelstein, professeur d'oncologie à l'Université de médecine Johns Hopkins.
"Malgré tout, de nombreuses formes de cancer sont largement dues à un manque de chance et à une mutation d'un gène qui provoquera un cancer, sans aucune relation avec le mode de vie ou des facteurs héréditaires", ajoute-t-il.
Et selon lui les personnes qui vivent longtemps tout en fumant ou en s'exposant au soleil sans protections particulières, sans avoir de cancer, n'ont pas forcément de "bons gènes": "La vérité est que la plupart d'entre eux ont simplement beaucoup de chance", dit encore M. Vogelstein.