Née en 1996, Rahma Lhoussig est originaire de Taroudant. Diplômée de l’Institut National des Beaux-Arts de Tétouan, elle a participé à des master classes dans divers domaines tels que la recherche artistique, la gravure, la sérigraphie.Récemment, elle a effectué des résidences au Jardin Rouge (Fondation Montresso) à Marrakech. En mars 2020, elle a eu une exposition personnelle à la galerie Kulte à Rabat. Les peintures et dessins inédits de l’artiste représentent une iconographie de l’inachevé.
À son propos, la critique d’art et membre de l’AICA, Elora Weill-Engerer écrit :
“Les thématiques du jeu et de l’enfance sont au cœur de la pratique dessinée de Rahma Lhoussig. Dans ses mises en scène ludiques, l’enfant tisse une trame faite de scénarios, d’acteurs, d’images, qui représentent ce qui n’est pas nécessairement là physiquement. Autrement dit, ces jeux figurent autre chose que ce qu’ils sont. À partir de ce constat, l’artiste vise à doter le monde imaginaire d’une force et d’une réalité : il s’agit ici de traduire la psyché humaine en tant qu’expérience sensorielle, soit en termes de notions abstraites rendus palpables à travers des objets, des formes, des figures et des couleurs. Objets inanimés ou bestiaire doué de vie, tous ces éléments génériques – a priori de l’ordre du quotidien -, sont ici pourvus d’un pouvoir apotropaïque et prophylactique, c’est-à-dire d’un effet protecteur et guérisseur. Dans le même temps, des rôles multiples leur sont attribués, qu’ils jouent au gré des scénarios imaginés. Éparpillés comme un jeu de piste ou imbriqués comme un casse-tête à résoudre, ils participent dans leur éclectisme à placer l’œuvre sous le signe du fabuleux et de l’onirique.”
Les Grecs distinguaient onar, le songe vulgaire, et hypar, la vision prophétique. Les rêves de Rahma Lhoussig seraient, quant à eux, à situer entre ces deux types, puisque les objets de la vie quotidienne et les souvenirs réels s’y mêlent à la dimension prémonitoire de l’émotion, qui détermine une manière d’habiter le monde.