D’un pauvre village du Rif aux ors de la République française, la vie de Najat-Vallaud Belkacem a en effet fait preuve d’imagination. Sa vie commence à Beni Chiker, dans un petit village au nord du Maroc, à quelques kilomètres de l’enclave espagnole de Melilla. « Quelques maisons de chaux blanche. Des troupeaux. Une terre aride, des pierres. Une herbe rare, ici et là, comme du lichen. Des buissons. Ni eau courante ni électricité à la maison.» 1982. La famille quitte le Maroc pour Amiens en France. La fillette a quatre ans. Elle n’a jamais vu de voiture. Scolarité sans accro, elle se met au théâtre : « Et la petite gardienne de chèvre parle le français de la scène. Magie de l’école et de l’intégration. » Elle intègre Sciences Po, où elle rencontre son mari, Bruno Vallaud. Sur les bancs, elle est la seule étrangère. « J’ai vu une masse étrangement uniforme : des jeunes filles, de jeunes garçons, des enseignantes, des enseignants, des chercheurs… Aucune peau mate. Sauf moi, peut-être. » Elle évoque le racisme, l’islam rigoriste, le terrorisme, dénonce « l’injonction qui a pu être faite aux musulmans de se désolidariser des terroristes » et “la nécessité urgente que l’islam et ses responsables combattent en leur sein le cancer obscurantiste ». Une femme à l’aise dans sa bi-culture et dans ses baskets, qui prouve que tout individu peut faire sa place dans un pays où les aléas de la vie le mènent. Un livre à lire et à faire lire à ceux qui pensent que l’islam et les musulmans sont insolubles dans la République française.