La parité : un pas en avant, deux pas en arrière

Pour sa première participation à des élections nationales, le PAM a accordé la tête de liste des femmes à Fatiha Layadi. Cette ancienne journaliste confirme qu'il est compliqué d'être une femme en politique.

FDM : Comment en êtes-vous arrivée à vous engager politiquement ?

Fatiha Layadi : J’ai pour habitude de dire que le journalisme mène à tout, à condition de pouvoir en sortir. J’ai été journaliste politique et cela m’a amenée à fréquenter le monde de la politique de manière assidue. Après, c’est vrai que c’est un peu plus compliqué que ça, car tous les journalistes ne sautent pas le pas ! Mon intérêt pour la politique est en fait aussi lié au décès de mon père dans les six mois qui ont précédé les élections de 2007. Il a été enterré à Benguerir et de ce fait, il y a eu beaucoup de gens qui sont venus présenter leurs condoléances, mon père ayant été très lié à la région puisqu’il était député. Je me demandais de quelle manière rendre un hommage à ces gens-là, et comment les remercier d’avoir partagé ma peine. Je comptais m’engager dans le social et voilà qu’on me propose d’être troisième de liste dans la région de Rhamna ! Proposition que j’ai acceptée tout de suite.

Etes-vous satisfaite de cet engagement ?

Satisfaite, oui. Il y a quelques frustrations, mais c’est comme partout ailleurs. J’avoue que c’est parfois un peu compliqué d’être une femme en politique. Ce n’est pas toujours évident et c’est même un peu dur, en réalité, de pouvoir s’imposer et de faire entendre sa voix. C’est un monde un peu machiste, mais on finit bien par s’imposer. 

Comment vous êtes-vous imposée au niveau du PAM ?

Ecoutez, le parti concentre beaucoup de politiciens qui sont venus de la gauche, mais aussi beaucoup d’autres issus de petits partis de la droite. La difficulté de s’imposer ne se posait donc quasiment pas avec les militants de la gauche qui ont un référentiel moderniste. Par contre, c’était un peu plus compliqué avec les autres, même s’ils n’étaient pas nécessairement issus du monde rural, contrairement aux idées reçues. C’est la preuve que les clichés ne veulent généralement rien dire. Je suis élue d’une circonscription rurale, et très sincèrement, je n’ai jamais ressenti chez les gens un quelconque parti pris par rapport à moi en tant que femme, même lors de la campagne électorale.

Votre engagement en politique est-il aussi un engagement pour les femmes ?

J’ai récemment accordé une interview à une radio dans laquelle j’expliquais que l’accès à l’eau potable à domicile serait un premier pas pour la libération de la femme rurale. J’ai eu ensuite droit à des commentaires, sur un blog notamment, qui disaient que les femmes rurales avaient l’habitude de s’acquitter de ce genre de tâches et que je n’en savais rien. Je suis sûre qu’il n’y a qu’un homme pour écrire ça ! Donc oui, il y a beaucoup à faire. Il y a énormément de violence envers les femmes qui souffrent aussi du déni de tout ce qu’elles peuvent réaliser.

Quelles sont vos priorités en ce qui concerne la défense des droits des femmes ?

Vous savez, tout est prioritaire dans ces régions. Dans tout le Maroc, les femmes rurales ont énormément de besoins : l’accès à l’éducation, la disponibilité d’internats et de transports scolaires pour les filles… Il faut savoir que les parents préfèrent garder leurs filles à la maison parce qu’elles doivent parcourir des kilomètres à pied le soir, et qu’elles peuvent très bien être victimes de violence et même de viol sur le chemin de l’école. Les besoins sont finalement aussi basiques que cela !

“LA POLITIQUE EST UN MONDE UN PEU MACHISTE, MAIS ON FINIT BIEN PAR S’IMPOSER ET FAIRE ENTENDRE SA VOIX.”

Comment expliquez-vous que les femmes, tout en réclamant le droit à l’égalité, se fassent toujours désirer sur le plan politique ?

Il y a un peu de timidité, certes, mais je pense que c’est inhérent à notre société. Toutes les femmes ne discutent pas de politique avec leur mari, leur père ou leur frère. Elles s’engagent aussi plus facilement dans le social. Aujourd’hui, il y a quand même quelques femmes qui s’engagent au niveau des circonscriptions. C’est une nouveauté. Nous en avons cinq au PAM qui ont tenté l’élection directe, et il y en a dans d’autres partis également. C’est un combat de longue haleine. â– 

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