Menaces de mort ou de viol, injures ou autres propos violents, ce sont les messages effrayants que reçoivent beaucoup trop femmes sur le net. « Le danger particulier des abus en ligne est la rapidité avec laquelle ils peuvent se propager – un tweet violent ou injurieux peut se muer en un déluge de haine ciblée en quelques minutes », précise Azmina Dhrodia, chercheuse sur la Technologie et les droits humains à Amnesty International. Pour avoir une idée de l’ampleur des effets sur les femmes, l’organisme a commandé un sondage à IPSOS MORI au sujet des expériences vécues par des femmes âgées entre 18 et 55 ans au Danemark, en Italie, en Pologne, en Espagne, en Suède, au Royaume-Uni, en Nouvelle-Zélande et aux Etats-Unis. Les résultats sont inquiétants, comme le souligne Amnesty International. 23 % de femmes interrogées ont déjà subi, au moins une fois, des violences ou du harcèlement sur Internet, ce pourcentage variant de 16 % en Italie à 33 % aux Etats-Unis. Pire encore, parmi elles, 41 % des femmes confient qu’en une occasion au moins, elles se sont senties menacées au niveau de leur sécurité physique et 26 % ont expliqué que certaines de leurs informations personnelles ou d’identification avaient été partagées en ligne… Autre information : Plus de la moitié des femmes (59 %) ayant subi des violences ou du harcèlement sur Internet ont déclaré que leurs auteurs étaient de parfaits étrangers.
Le harcèlement en ligne et ses effets dévastateurs
Après avoir été la cible de tant de violences 2.0, ces femmes sombrent petit à petit. 61 % d’entre elles ont affirmé que cela avait provoqué une baisse de l’estime de soi ou une perte de confiance en soi, 55 % du stress, des angoisses ou des crises de panique, 63 % des troubles du sommeil et pour 56 %, une perte de concentration pendant une longue période. Marginalisées et menacées, ces femmes se sont vues modifier leur utilisation des réseaux sociaux, en limitant notamment ce qu’elles postaient, comme se désole Amnesty International, parlant même de « femmes réduites au silence ». Pour cet organisme, les entreprises à la tête des réseaux sociaux doivent agir et respecter tour simplement les droits humains, dont le droit à la liberté d’expression. Et ce ne sont pas les seuls à devoir passer à l’action pour Amnesty International : « Il est temps que les gouvernements fasse en sorte que des lois, des politiques, des pratiques et des formations appropriées soient mises en place, afin de prévenir les violences et abus en ligne à l’égard des femmes et d’y mettre un terme ».
Sondage IPSOS MORI 4 000 femmes ont été sondées dans huit pays (Danemark, Italie, Pologne, Espagne, Suède, Royaume-Uni, Nouvelle-Zélande et Etats-Unis)