La Cour suprême des Etats-Unis est apparue favorable mercredi aux droits d'une jeune musulmane, que la marque "branchée" de prêt-à-porter Abercrombie, connue pour ses mannequins "sexy", a refusé d'embaucher car elle portait un foulard islamique.
Outre sa ligne branchée, la marque de fabrique des magasins d'A&F c’est assurément ses vendeuses aux tailles de guêpe et aux décolletés généreux, revêtues de jupes courtes et de liquettes ajourées. "Les modèles", c'est d’ailleurs ainsi qu'A&F qualifie ses vendeurs.
Ceux-ci sont tenus de représenter le "style Abercrombie" auprès des clients et afficher "le style du lycéen classique de la côte est" des Etats-Unis. Les "chapeaux" et la couleur noir sont proscrits, mais "le foulard" n'est pas explicitement interdit.
Déroger au règlement expose à des sanctions disciplinaires, allant jusqu'au licenciement. Car l'enseigne est convaincue que toute exception vestimentaire aurait un impact négatif sur son image, sa marque et ses ventes.
Mais lors d'une audience d'une heure, plusieurs juges ont relevé le caractère "confus" de l'affaire, en examinant la plainte de l'Agence gouvernementale pour l'égalité devant l'emploi (EEOC), qui défend la jeune musulmane.
Car aux Etats-Unis, la loi interdit la discrimination religieuse à l'embauche, sauf si l'employeur démontre qu'il ne peut pas "aménager raisonnablement" son activité pour la conformer à une pratique religieuse.
Si, d'un côté, Abercrombie souligne que la candidate n'a pas mentionné sa confession ni demandé explicitement d'aménagement de sa politique vestimentaire en fonction de sa religion, de l'autre, la jeune femme affirme qu'Abercrombie ne pouvait pas ignorer qu'elle était musulmane et aurait dû lui demander si elle était prête à s'accommoder.