Ce fut le cas avec ce court et poignant récit de Lamia Berrada-Berca. “Kant et la petite robe rouge” est un roman terriblement touchant qui nous plonge au coeur de l’existence recluse d’une jeune femme voilée, Aminata, qui remet en cause les principes de son existence de femme face à la religion, lorsqu’elle s’éprend d’une robe rouge et d’un livre de Kant, volé sur le palier de son voisin. Sans parti pris et sans jugement aucun, Lamia Berrada-Berca nous invite à suivre le parcours initiatique de cette jeune épouse et son rapport à la religion, à l’amour, au désir, à la philosophie et à son rôle de mère. “Ridicule d’être mère sans être librement femme… femme d’un mari auquel elle doit à tout prix obéir, épouse d’un mari qui ne la reconnaît pas femme à part entière, femme d’un mari auprès duquel elle est encore et à jamais petite fille”, c’est en ces termes d’une grande lucidité que l’héroïne du livre décrit sa propre condition. Une condition qu’elle va transcender, pas à pas et pensée après pensée, en ayant pour but ultime de lever son voile et de mettre la robe rouge qu’elle convoite secrètement. Tout le récit repose en effet sur ce désir pour une robe rouge qui ressemble aux couleurs de la liberté pour Aminata. “Une robe est une forme d’idée… une manière d’exprimer sa liberté à même le corps”, raconte Lamia Berrada. L’issue est d’ailleurs libératrice pour l’héroïne. Preuve que même en étant couverte d’un voile et entourée de solitude et d’ombres, on peut toujours trouver la lumière en soi. (voir interview avec Lamia Berrada-Berca, page 30).
Edition la Cheminante. H.D.