Impuissant, l’homme marocain ?

Coup de tonnerre sur la planète sexe marocaine... Près d'une femme sur deux, sondées dans le cadre d'une étude, déclare que son époux souffre d'impuissance. Un chiffre qui vient sérieusement ébranler l'image du mâle marocain dominant et égratigner au passage son amour propre.

Interrogées dans le cadre d’une étudemenée au centre de diagnostic Ibn Rochd,45,05 % des 202 femmes sondées,âgées de 20 ans et plus et ayant une activité sexuelle régulière, déclarent que leur partenaire présente une dysfonction érectile.Le rapport nous indique en effet que40 % (tout de même !) d’entre eux présentent des troubles légers de l’érection,que 47 % (ouch !) seraient touchésde façon légère à moyenne, alors que13 % souffriraient d’un dysfonctionnement bien plus sévère. Mais attention,ne confondons pas le phénomène avecla panne sexuelle éphémère, où l’homme peine à hisser le drapeau.Alors, de quoi s’agit-il, en fait ? Les spécialistes définissent ce trouble comme“une incapacité persistante ou répétée chez l’homme à obtenir ou à maintenir une érection suffisante pour lui permettre d’avoir une relation sexuelle satisfaisante. Elle peut êtrecausée par le diabète, des troubles hormonaux,des AVC, l’absorption de tranquillisants, le tabagisme  ou l’alcool”. Les résultats de l’étude corroborent ces données et précisent ainsi que 24 époux sont atteints de diabète, 18sont hypertendus, 6 sont dépressifs, alorsque 5 présentent des cardiopathies. Enoutre, 28 % des femmes sondées admettent que leur partenaire est fumeur, alorsque 2 % d’entre elles confessent que leur homme est alcoolique



Impuissance et moral…en berne



Penser que la dysfonction érectile ne concerne que les hommes, c’est faire fausse route. Victimes collatérales de ce trouble, la gent féminine fait en effetles frais de l’humeurde l’époux bousculé dans son ego. Une défaillance qui altère donc la qualité de vieau sein du couple.D’après l’étude, le patient vit au gré de ses sautes d’humeur,les quelles sont liées àun sentiment de dévalorisation,de frustration, de culpabilité et parfois même de honte. Une instabilité psychologique qui détériore leplus souvent la relation entre les époux.D’ailleurs, si 28 % des femmes interrogées trouvent que leur partenaire les évite etrenonce même au rapport sexuel, 14 déclarent quant à elles que leur mari est agressif, alors que 13 % pensent que leur conjoint s’adapte tant bien que mal à lasituation en essayant de continuer d’avoirune activité sexuelle.Autrement dit, la dysfonction érectile est un trouble sérieux qu’il ne faut jamais prendre à la légère. Malheureusement,certains hommes ne réalisent pas ses conséquences néfastes sur le psychique et donc, surla stabilité de leurcouple. Ils ne sontque 5 % à consulter,tandis que 26 % ontrecours à l’automédication,notammenten prenant des médicaments vendussans ordonnance quirisquent, à terme, d’avoirdes effets secondaires graves



La communication,premier pas vers la guérison



Chez le commun des Marocains, parler desexualité relève du tabou. C’est pire encorelorsqu’il s’agit d’une impuissance sexuelle.Les spécialistes avancent d’ailleurs que lamajorité des partenaires ne se connaissentpas sexuellement, et insistent sur l’importancede la communication au sein du coupleafin de dépasser certaines appréhensions.Inutile de rappeler aussi le rôle primordialde l’éducation sexuelle et la nécessité de voircelle-ci enseignée à l’école. Les femmes ne seraientainsi plus considérées comme simpleobjet de désir par des mâles avides de sexe etincultes en la matière. Mais qu’on se rassure,la dysfonction érectile n’est pas une fin ensoi, mais plutôt un trouble qu’il faut prendreen charge le plus tôt possible. Plusieurs solutionssont envisageables pour le dépasser, à commencer par la consultation d’un spécialiste.Traiter la dysfonction érectile n’est pasun luxe ou une perte de temps, mais bien une nécessité qui gagnerait à être débarrassée de tabous socioculturels persistants. â—†



LE COIN DE L’EXPERT“La prise en charge est nécessaire”



Interview avec Khadija Mchichi Alami, sexologue à Casablanca.



Pensez-vous que les hommes souffrant de dysfonctionérectile réalisent rapidement l’importance du problème ?Généralement, la prise de conscience est très rare chez ceshommes. Malheureusement, la plupart d’entre eux choisissentde recourir à des méthodes peu orthodoxes, commeconsulter des fkihs où prendre des préparations à base deplantes médicinales sans le moindre avis médical. Mais toutdépend, bien entendu, de leur niveau intellectuel. Nous avonspu constater que les hommes instruits prennent plus rapidementconscience de ce problème et décident de consulterun spécialiste ; surtout lorsqu’il s’agit d’un trouble récurrentqui menace la stabilité du couple et nécessite une prise encharge urgente, à défaut de quoi le patient développe un étatd’anxiété très grave et une vulnérabilité sévère.



Comment peut-on savoir si la dysfonction érectile est due àun problème organique, ou plutôt à une chute de la libido ?



Dès que l’insatisfaction continuelle se manifeste, il est judicieuxque le patient sache si l’anomalie est d’ordre psychologique oumécanique. Une consultation médicale est donc de rigueur. Toutd’abord auprès d’un médecin généraliste, qui conduira le patient,si nécessaire, vers un urologue, un andrologue, un sexologue ouun psychologue, en fonction du cas. Il faut par ailleurs savoir que80 % des patients ont un problème organique.



Quelles répercutions peut avoir une dysfonction érectilesur la psychologie des patients ?



Le plus souvent, les patients souffrant d’un dysfonctionnementérectile manifestent une dépression sévère. Parfois, cela aboutitmême au divorce et à l’éclatement de la famille. Un homme dépressifest vulnérable et perd toute notion d’estime de soi. Souvent, leshommes souffrant de dysfonction érectile tentent de retrouverleur virilité en utilisant la force, car une personne dépressive neraisonne pas et devient plus émotive. C’est là où le psychothérapeuteintervient afin de lui redonner confiance.



Comment guérir d’une dysfonction érectile ?



D’abord, il est selon moi important que le patient fasse quelquesexercices sexo-corporels, sous forme d’entraînements respiratoires,afin de diminuer son niveau d’anxiété. Ensuite, et en plusde quelques séances de psychothérapie, on le met sous traitement afin de l’aider à dépasser sa dépression.

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