Iman Chair : “les photos déclenchent les mots qui soulagent les maux”

Négociatrice commerciale internationale reconvertie en photographe, Iman Chaïr entreprend depuis quelques années des actions artistiques pour sensibiliser sur le thème de l’autisme. Sa dernière exploration concerne la photographie thérapeutique. Elle nous en parle.

La photographie thérapeutique est une technique inédite au Maroc. Comment en avez-vous eu l’idée ?

La photographie thérapeutique est un concept nouveau dans le monde et inédit au Maroc. Pendant le confinement lié à la pandémie du Covid-19, nombreuses sont les personnes qui ont pris le temps de réfléchir sur le sens de leur vie, leurs aspirations et leurs motivations.
J’en fais partie ! Je pratiquais la photographie artistique et je voulais rajouter à cela une dimension sociale. Donc, mes recherches sur internet m’ ont mené à cette discipline puisque je l’ ai découverte par hasard. Très répandue dans les pays anglosaxons, elle est de plus en plus utilisée car elle est efficace et universelle . C’est ainsi que j’ ai pris contact avec un spécialiste de la question, un professeur enseignant dans une université écossaise qui proposait une formation.
Je n’ ai pas hésité une seconde puisque cela répondait parfaitement à mes attentes.

En quoi consiste la photographie thérapeutique ? Et quelles sont ses indications ?

La photographie thérapeutique est un outil d’exploration et  d’ introspection pour une meilleure connaissance de soi. La photographie va devenir un support à la fois ludique et profond pour explorer son identité, pour renforcer les liens avec les autres , pour analyser et comprendre certaines situations de la vie ( dépasser une séparation, un deuil ) , connaitre son environnement. Dans nos sociétés actuelles où tout est de plus en plus visuel et   » instagrammable », avec la photographie thérapeutique, nous sommes loin de la culture du selfie et du paraitre !

Comment cette technique peut-elle conduire à la guérison ?

Il ne faut pas confondre la photographie thérapeutique avec la photothérapie : la photothérapie est pratiquée par les psychologues, psychiatres et psychanalystes qui dans ce cas se servent parfois de  photographies lors de leurs séances avec leurs patients pour leur guérison.
Avec la photographie thérapeutique, on n’ est pas dans la pathologie et dans la maladie , on est plutôt dans une quête de bien-être,  d’ acceptation de soi et d’ épanouissement.  Donc, les initiatives de photographie thérapeutique peuvent avoir lieu indépendamment d’un professionnel de la santé mentale puisqu’il ne s’agit pas de psychothérapie. Selon les personnes qui participent, le cadre posé, les objectifs poursuivis dans cette activité vont varier.

« L’idée est de travailler avec le participant soit en faisant des portraits, soit en travaillant à base de photos existantes, sachant que l’important est de toujours passer dans le monde du rêve. Par exemple, chacun va se souvenir d’un bon moment, le dessiner, se souvenir des ressentis, des sensations, etc, afin ensuite d’y faire face dans la réalité ».

Mes ateliers utilisent des photos de famille, des autoportraits, des cartes postales, des photos que je prends mais aussi des photos apportées ou prises par le client . En effet, avec un support photo, on brise la glace plus facilement, la personne se livre. Elle contrôle ce qu’ elle a photographié , ce qu’ elle a décidé de montrer. Et le fait d’ avoir ce contrôle lui permet de se sentir confiante, en sécurité et donc à l’ aise pour exprimer ses émotions, ses craintes existentielles et ses inquiétudes et finalement , en dire davantage.  Elle me guide pour que je l’ accompagne dans sa recherche de sérénité. Et lorsqu’elle se laisse photographier, elle entre dans le jeu et la magie opère !

A noter que les séances peuvent être individuelles mais aussi de groupe lorsqu’ on s’ adresse aux entreprises et aux associations . Le champs d’ application est donc très large.

Quels résultats avez-vous obtenu en ayant recours à la photographie thérapeutique ?

Comme l’ approche est ludique , les participants passent surtout du bon temps et s’amusent. Se divertir est déjà un cheminement vers le  mieux-être et il est certain que le bouquet final, c’est lorsqu’on atteint les objectifs souhaités : en séance de groupe , je vais régler des conflits internes pour les entreprises ; en séance individuelle : je vais accueillir par exemple des femmes qui n’ assument pas leurs rondeurs . Avec quelques séances, la mission est accomplie et le tour est joué ! On arrive à les convaincre de leur féminité et de leur beauté, leur regard sur elles-mêmes changent petit à petit grâce aux shooting photos que j’ organise. Elles se transforment en modèle et le mot modèle prend alors tout son sens !!!
Quand à l’ enfant, sans se rendre compte, il va exprimer ses peurs, ses cauchemars, ses bobos, etc, tout en jouant, et tout ceci grâce aux photos .

Que faire à votre avis pour que cette technique soit adoptée dans l’accompagnement des personnes en souffrance ?

Aujourd’ hui, ma mission est de faire connaitre cette pratique qui reste encore méconnue pour la proposer à certaines associations . La photographie thérapeutique devient une action sociale et je pense en particulier à certaines thématiques telles que la violence envers les femmes, les addictions, etc.  L’ une des techniques que j’emploie est l’ autoportrait. Lorsqu’ on prend un autoportrait ( et non un selfie ) , nous sommes à la fois auteur, sujet et spectateur. Il y’ a une dynamique qui s’ installe entre ces 3 rôles qui va stimuler notre inconscient pour qu’ il exprime ce que nous avons à dire. Dans le domaine de l’ addiction, l’ autoportrait permet de développer un regard sur soi en profondeur.

En résumé, je dirai que les photos déclenchent les mots et les mots exprimés soulagent les maux.

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