Après le « corps pansant » autour de la grossesse, le « corps rompu » sur l’avortement, le « corps magique » sur la sorcellerie, la photographe Fatima Mazmouz présente sa nouvelle pièce Filanthropia, l’autre corps de la résistance. Une œuvre exposée au Frac Centre Val de Loire à Orléans dans le cadre de l’exposition intitulée « Alger Archipel des Libertés » qui aborde la problématique de la mémoire des luttes africaines. « L’exposition prend pour point de départ Alger, comme terre d’accueil et de réseaux de résistance, précise l’artiste. En ce qui me concerne, je me suis concentrée sur la part amnésique de l’histoire qui a évincé les femmes et leurs implications décisives dans les luttes. » Au fil de ses recherches, Fatima Mazmouz s’intéresse à trois résistantes algériennes, Zohra Drift (attentat du Milk bar), Djamila Bouhired et Djamila Boupacha, dont le procès et la lutte furent porté par Simone de Beauvoir et Gisèle Halimi qui sont aussi représentées sur son totem. « Je voulais une pièce qui puisse faire converser ces résistantes, faire dialoguer leur combats, leurs actions, leur courage et grandeur… C’est comme cela qu’est venu l’idée du totem », confie l’artiste. Et de poursuivre : « Je me suis également intéressée à Kathleen Cleaver qui s’est installée à Alger en 1969 pour y baser la branche internationale des Black Panthère Party. Et je suis aussi allée à la rencontre d’autres résistantes africaines comme Gisèle Rabensahala, Funmilayo Ransome Kuti , Bchira ben M’Rad, M’Balia Camara, Marie Sery Kore, Albertina Sizulu Nontsikelelo… » Ces femmes ont toutes oeuvré pour la liberté de leur peuple, mêlant combat raciale et combat féministe pour le droit des femmes. Pour Fatima Mazmouz, « Filanthropia est ainsi un enjeu pédagogique de réécriture de l’histoire en considérant ces femmes ».