En France, les musulmans souffrent de fortes discriminations à l’embauche, et encore plus s’ils sont pratiquants, selon une étude de l’Institut Montaigne publiée la semaine dernière.Et plus l’employeur les perçoit comme pratiquants, plus leurs chances de décrocher un entretien diminuent. Pour cette étude, des candidatures fictives, de profils identiques mais de religion différente, ont été envoyées pendant un an à 6231 offres d’emploi de comptables, assistants et secrétaires comptables en métropole. Le taux de convocation des candidats a ensuite été comparé.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : un candidat perçu comme musulman pratiquant a deux fois moins de chances d’être convoqué en entretien qu’un catholique pratiquant (10,4% contre 20,8%). Cette discrimination touche plus fortement les hommes. “Les Français associent spontanément l’islam à l’extrémisme religieux et à l’oppression de la femme”, explique Marie-Anne Valfort, responsable de l’enquête. D’ailleurs, dès que les mêmes musulmans se montrent laïcs, leurs chances d’être retenus doublent.
Et quand le profil surpasse de loin celui des autres candidats en termes de diplôme, de compétences et d’expérience ? La discrimination disparaît pour les femmes musulmanes mais s’intensifie pour les hommes.
Dans la mesure où cette étude ne porte que sur les étapes qui précèdent l’entretien d’embauche, il y a lieu de penser que les discriminations religieuses à l’embauche sont encore plus fortes qu’on ne l’imagine.