En Algérie comme au Maroc et même ailleurs, les femmes en ont assez d’être harcelées dans l’espace public. Deux slameuses algériennes du collectif Awal ont posté une vidéo très instructive sur le sujet (pour ceux qui n’auraient pas encore pris conscience de cette nuisance quotidienne). Dans ce clip de 6 minutes, l’une des deux jeunes femmes fait un parcours à pied dans les rues d’Oran pour rejoindre son amie. « Essayez de vivre une journée en tant que femme et vous verrez si on fait de rien un drame », introduit-elle avant son périple. Agrippée, toisée, déshabillée du regard, apostrophée, moquée, suivie,la jeune femme subit une série d’agressions verbales, non verbales et physiques avant d’arriver à destination. Peu à peu, elle adapte sa marche et son attitude afin de passer le plus inaperçue possible. Marcher tête baissée, accélérer le pas, changer de trajectoire, mettre ses écouteurs ou croiser les bras : autant de stratégies d’évitement pour se rendre invisible et que nous avons toutes expérimentées. « Comme toutes les Algériennes, on souffre de cette situation. Il m’arrive certains jours de ne pas vouloir sortir de chez moi juste pour éviter d’entendre des commentaires », a expliqué l’une des deux slameuses à Jeune Afrique. Visionné plus de 100 000 fois, le clip se conclut par cette phrase : « Le harcèlement de rue n’est pas un compliment ». En janvier 2016, l’Algérie était le deuxième pays du Maghreb après la Tunisie à adopter la loi contre les violences conjugales et le harcèlement de rue. Mais il reste encore beaucoup de chemin à faire.