En 2014, Reshma Bano Quereshi, une jeune Indienne de 17 ans, est défigurée par une attaque à l’acide sulfurique perpétrée par un groupe d’hommes, parmi lesquels son beau-frère. Elle y a perdu l’œil droit. Sans aide de la part du gouvernement, elle s’est alors tournée vers une ONG, Make Love Not Scars, avec laquelle elle a lancé une campagne vidéo originale et efficace sur Youtube pour sensibiliser le public et soutenir les victimes.
Les vidéos se présentent comme les tutoriels beauté que l’on trouve sur le Net. Reshma y explique comment maquiller ses lèvres ou appliquer du liner. A la fin de la séquence, elle donne les adresses où trouver les produits : « Facilement, au marché… comme l’acide concentré » ou compare le prix d’un crayon pour les yeux avec celui d’un bidon d’acide. Elle souligne ainsi le fait qu’en Inde, il est aussi facile d’acheter de l’acide que d’acheter un tube de rouge à lèvres, ce qui explique le nombre élevé d’attaques : une par jour. La vidéo a été vue près d’1 million de fois et a permis la propagation du hashtag #EndAcidSale. Elle se termine par une invitation à signer une pétition pour interdire la vente libre d’acide.
En Inde, 90% des victimes de ces attaques sont des femmes et les coupables des hommes, qui agissent par vengeance après une rupture ou un refus de la part d’une femme. En 2013, un jugement de la cour suprême d’Inde interdisait la vente libre d’acide mais on en trouve toujours. Ces attaques ne sont considérées comme des crimes que depuis peu et les militants se battent aujourd’hui pour que les victimes puissent bénéficier de meilleurs traitements et d’une assistance légale.