Comment avoir confiance ?

Comment amener nos enfants à nous dire la vérité ? Comment instaurer ce climat de respect, de paix dans le cocon familial malgré les incontournables incartades de nos rejetons ?

« Je suis chez Chaimae, on prépare le contrôle de demain.” Voici ce que répond Nada à sa maman quand cette dernière l’appelle, inquiète de son retard. Sauf que quelque chose dans la voix de sa fille titille la maman. Cette dernière la rappelle donc et lui demande de lui passer la maman de Chaimae. “Elle n’est pas là.” Du tac au tac, elle demande à parler au papa. Après une brève hésitation, Nada explique que les deux parents ne sont pas encore rentrés. A moitié convaincue, sa mère appelle sur le portable de la maman de Chaimae. Elle est bien chez elle. Chaimae également. Non, cela fait quelques jours que Nada ne leur a pas rendu visite… La maman de Nada est furieuse, et inquiète. Pourquoi sa fille lui ment-elle ? Nous aimerions tous que nos enfants nous fassent suffisamment confiance pour se confier à nous en toutes circonstances, en toute sérénité et avec une totale franchise. Mais la réalité est complexe, la notion de vérité versatile. Et nos enfants évoluent. Leur acception de la franchise aussi. “L’enfance est l’époque des expérimentations. Les enfants sont des êtres en évolution, ils tâtonnent dans leur quête d’acquisition de l’autonomie, de l’indépendance. Ils font parfois des faux pas. Normal, ils manquent de recul. Ils font des erreurs de jugement. Un jeune qui ment peut être de bonne foi !”, explique Batoul el Harti, psychiatre. On veut bien négocier, fermer l’oeil sur les travers de nos enfants. Mais comment jeter les bases de cette confiance que nous souhaitons solide et forte ?

Miroir, mon beau miroir…

Nos enfants nous observent, nous écoutent, nous suivent à la trace quand ils sont tout petits. Ils procèdent par mimétisme. Quand ils passent de la déambulation à quatre pattes à la station debout, ils nous mettent, les premières années, sur un piédestal. C’est là que les psychologues évoquent l’effet miroir, que nous commençons à… dérailler et à donner le mauvais exemple ! “Les parents mentent bien plus souvent qu’ils ne veulent l’admettre”, rappelle notre experte. Quand nous répondons au téléphone que nous sommes sur le trajet du travail alors que nous sommes encore à la maison, occupée à nouer les lacets du petit dernier, les enfants écoutent. Ils ne portent pas de jugement, mais ils enregistrent et intériorisent que, dans certaines situations, le mensonge est permis puisque les parents, idéalisés, y ont recours. On ne peut faire fi du mensonge. Il fait partie de la sociabilisation. La confiance peut intégrer cette notion mais ne peut souffrir certains écarts. La parole donnée, par exemple. Rien ne mine plus le climat de confiance en famille que les promesses non tenues. Quand on s’engage à s’arrêter sur le chemin du retour à la maison pour déguster une bonne glace, il faut tenir parole, même si l’enfant nous avoue avoir récolté une bien mauvaise note car il n’avait pas suffisamment préparé son contrôle. “Si on change d’avis et que l’on rentre derechef à la maison en assignant le “fautif” à une séance de bachotage punitif, on a tout faux et l’on scie l’arbre de confiance”, nous rappelle Batoul El Harti. “Pour les parents, cela semble logique que l’on ramène l’enfant sur le droit chemin de l’apprentissage. Mais pour ce dernier, les “grands” ont manqué à leur parole et c’est gravissime !” Les spécialistes nous rappellent ici à notre devoir de “droiture indéfectible”. “Si les parents jugent que l’enfant a failli, a mal agi, il faut trouver une autre façon de manifester leur réprobation, autre que leur déni de la promesse donnée.” Si le plaisir de déguster une glace s’est totalement évaporé du fait de la mauvaise note impossible à digérer entre l’école et le glacier, il faut l’expliquer à l’enfant et négocier un compromis. Cela ne signifie en aucune manière que celuici cautionne la mauvaise gestion des révisions dont le rejeton a été coupable. L’enfant est parfaitement capable de faire la part des choses, pourvu que les parents fassent l’effort de l’explication, souvent évincé, phagocyté par la colère, par l’excès de nos transports !

Excès, sens interdit !

Beaucoup d’enfants, déstabilisés par l’excès des parents face à un travers qu’ils jugent banal, voire innocent, préfèrent mentir pour ne pas décevoir, ne pas blesser, pour garder leur confiance ! Et par moments, cette peur est justifiée. Si les adultes réclament la vérité, ils doivent être prêts à l’affronter, à la recevoir. Il va de soi que si un enfant confie une faute à ses parents et que ces derniers explosent et l’ensevelissent sous un torrent de reproches, il y pensera à deux fois, la fois suivante, avant de proférer… la vérité! Il mentira ou, tout au moins, édulcorera les faits avant de s’en ouvrir aux parents. Il faut que ces derniers revisitent leur rapport à la vérité. S’ils ont quelque raison de croire que leur enfant a menti, a mal agi, il faut trouver le moyen de le rassurer, de lui faire comprendre qu’il ne subira pas de remontrance du fait du mensonge, de l’écart commis. Il faut trouver les mots pour expliquer qu’il faut du courage pour dire la vérité. Et, de temps en temps, respirer un bon coup et féliciter l’intéressé pour ne pas avoir menti alors qu’il a mal agi, le féliciter pour le courage d’avouer… et pardonner. Evidemment, il faut assumer les conséquences de l’écart. Aux parents de trouver le meilleur moyen de gérer l’après mensonge, l’après écart sans cautionner ni amener l’enfant à se réfugier dans le mensonge… Assumer les conséquences n’est pas une punition, c’est une preuve de maturité.

De la souplesse, encore et toujours…

Certains parents se montrent intransigeants vis-à-vis du règlement établi : “Non, je ne veux pas que tu rejoignes les enfants des voisins pour jouer en bas de l’immeuble, c’est trop dangereux.” Se montrer inflexible en toutes circonstances réduit les enfants au mensonge pour gérer ce manque de souplesse. Là aussi, notre psychiatre invite les parents à changer de regard sur ce mode éducationnel basé sur la fermeté : “Il y a une différence de taille entre être souple et être incohérent. La flexibilité oblige à se remettre en question, à travailler sur soi, à reconnaître ses propres défauts. Autant de valeurs que nous pourrons difficilement transmettre si nous ne les observons pas nous-mêmes.” “Non, je n’accepte pas que tu fouilles dans mon sac.” La même maman ne trouve aucune contradiction entre cette injonction et le fait de fouiller dans la messagerie de ses enfants, oubliant que le leur développement passe aussi par celui de leur intimité. Les adultes ont parfois du mal à tracer la frontière entre le fait de tout dire et celui de mentir “par omission”. “Les parents doivent reconnaître à l’enfant la liberté d’avoir sa pensée propre, son monde intérieur. Ce n’est pas parce qu’il ne dit pas tout qu’il ment !”, explique Batoul El Harti. Evidemment, si les parents soupçonnent que derrière les non-dits de l’enfant subsiste une souffrance, il est nécessaire de l’amener à en parler. “Il faut partir à la chasse, à la pêche, suggère notre experte. Poser des questions anodines, être attentif aux réponses, lire entre les lignes. Et si le doute persiste, exprimer clairement sa crainte et dire à son rejeton que s’il n’a pas envie de s’exprimer dans l’immédiat, on respectera ce désir tout en demeurant vigilant.” L’enfant idéal n’existe pas. Il ne faut pas s’affoler si votre fille ou fils ment. Ils font tous des écarts. Si ceux-ci se répètent, il est préférable de vérifier si votre progéniture n’a pas un problème, de creuser pour y voir clair. Mais quelques incartades de parcours ne doivent en rien miner le climat familial. C’est en usant, voire en abusant de quelques erreurs de parcours que les enfants grandissent. C’est en étant certains de la bienveillance, de la confiance des parents que les plus jeunes grandissent en ayant une véritable estime d’eux-mêmes, et en étant en paix avec leur environnement.

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