Quand le voyage devient philosophie de vie

Les voyages nous révèlent. C’est du moins ce que laissent entendre les experts qui ont porté leur attention et leurs recherches sur le sujet. Pour illustrer cette vision du voyageur, nous avons choisi de vous présenter trois portraits de voyageurs : Zineb et sa petite famille, Houda globetrotteuse à la recherche du grand peut-être et Asmaa, pétillante serial traveler. Quand on découvre leurs histoires inspirantes, on n’a plus qu’une envie : faire sa valise et partir au grand air.

Famille Guyard Le tour de l’Asie en 80 jours

2017, c’est l’année du changement. 2018 sera celle du mouvement. C’est ainsi que la famille Guyard, Julien, Zineb et leurs deux filles Mia, 9 ans et Dina, bientôt 7 ans, ont décidé d’entreprendre un voyage de 80 jours en Asie depuis le 10 juin. “Pour la première fois depuis des années, on a le temps, l’énergie et les moyens de prendre quelques mois pour changer d’horizon, voir comment ça se passe ailleurs et tout simplement se laisser porter”, écrivent-ils en préambule sur la rubrique “À propos” de leur blog dédié juste en dessous d’une citation de Hellen Keller “La vie est une aventure audacieuse ou rien du tout. Faire face au changement et se comporter comme un esprit libre en présence du destin est une force invincible.” Voilà qui est dit. Liberté, force, changement, destin, aventure et audace sont les mots clés qui dessinent cette nouvelle expérience.

En 2017, Julien se sépare de ses associés après une collaboration de neuf années. Zineb, elle quitte la banque pour laquelle elle a travaillé pendant 10 ans. Ce changement important dans leurs vies professionnelles change leur vision des choses : ils ont eu envie de lever le pied et de prendre du temps pour eux. L’idée du voyage s’est alors présentée spontanément parce que Julien et Zineb font souvent des escapades à l’intérieur du Maroc. Ils aiment ça. C’est le meilleur moyen selon eux de s’évader. Mais cette fois, c’est différent : il ne s’agit pas d’un weekend à Taghazout ou de quelques jours dans la Palmeraie de Skoura, mais bien de 80 jours en Asie du sud-est, en terres inconnues. Et ils n’iront pas seuls, ils emmènent leurs filles même si pour cela, ils ont dû écourter leur année scolaire pour leur offrir des vacances anticipées. “Nous voulions partir pour un an et faire nous-mêmes l’instruction des filles pendant le voyage, mais cela nous a paru trop ambitieux pour une première fois. Nous avons choisi une version plus courte dans un premier temps”, explique Julien.

La décision prise, il ne restait plus qu’à monter tout le projet, annoter les guides de voyages et boucler l’itinéraire. C’est Zineb qui s’en est chargée après avoir lu énormément de blogs de voyageurs qui partent pour des séjours longue durée et surfé sur internet pour recueillir toutes les infos utiles. Elle a croisé sur des forums et des groupes sur les réseaux sociaux des familles qui vadrouillaient dans cette région du monde. Plutôt rassurant pour les Guyard qui vont devoir quitter leur zone de confort.

Un beau voyage en perspective

Première destination de ce périple : Bangkok en Thaïlande. C’est le premier contact avec l’Asie. Puis Siem Reap une ville touristique du nord-ouest du Cambodge et aussi la porte d’accès vers les ruines d’Angkor, siège de l’Empire khmer du IXème au XVème siècle. La visite des temples s’impose, tout comme une dégustation de spécialités khmères, mais la famille Guyard va aussi s’offrir un petit moment pour se prélasser au bord de la piscine, au grand plaisir des filles qui peuvent barboter dans l’eau. “Nous essayons d’alterner visites culturelles et activités pour enfants pour ne pas risquer d’entamer l’enthousiasme de Mia et Dina”, explique Julien. Mia qui a fait un exposé en classe devant ses camarades pour leur parler du voyage et des pays qu’elle allait visiter avec ses parents et Dina qui trouve le voyage “très bien”, restent tout de même des enfants qui ont besoin d’activités de leur âge. Leurs parents en sont bien conscients. Direction ensuite Phnom Penh, capitale du Cambodge avec au programme visites culturelles et parenthèse historique, puis petit séjour au vert à Mondulkiri avec des chances de croiser des éléphants.

Mais comment fait-on pour financer un tel voyage ? La formule est simple, selon Julien qui nous explique qu’ils se sont mis d’accord pour dépenser 200 euros par jour répartis entre 50 euros pour la nourriture, 50 euros pour l’hébergement et 100 euros pour les activités et les déplacements. Sans compter les 3.000 euros des billets (Aller pour Bangkok en Thaïlande et retour de Colombo au Sri Lanka). Les Guyard ont mis de l’argent de côté pendant plusieurs mois et Julien, digital nomad, travaille à distance et alimente les réserves au fur et à mesure.

Les 80 jours viennent tout juste de commencer. L’aventure continue pour cette petite famille qui se rendra en Birmanie, aux Philippines et au Sri Lanka. Ne dit-on pas que le meilleur voyage c’est celui qu’on n’a pas encore fait ?  υ

Pour suivre les aventure de Zineb, Mia, Dina et Julien, rendez-vous sur leur blog http://www.sueellenjretlesfilles.com/. Vous y trouverez leur carnet de voyage et les plus beaux moments de leur séjour en Asie. Qui sait peut-être que ce sera bientôt votre tour !

Houda Chaloun L’appel du “grand peut-être”

Elle ne fait plus de plan. Quand l’envie lui prend de s’envoler pour découvrir une région ou un pays, elle réserve son billet d’avion et se laisse emporter au gré de ses envies. Elle ne s’embarrasse d’aucun à priori ni d’aucun préjugé. Elle prend le chemin de l’inattendu et se laisse surprendre. “C’est ce que j’ai fait récemment. À 5 jours du voyage, je prends un billet d’avion et je m’envole vers l’Asie ; c’est ce que je compte faire aussi vers la fin d’année pour m’offrir une retraite chamanique de trois mois au Pérou”, explique Houcha Chaloun, jeune nomade marocaine qui a fait le choix d’ériger le voyage en philosophie. “Pour moi, le voyage c’est aller vers le grand peut-être. Je veux découvrir ce qui se passe quand on se laisse aller, quand on lâche prise, quand les idées reçues et les préjugés sont morts.”

Vous l’aurez compris, pour cette jeune femme, le voyage n’est pas un loisir ou une simple évasion de quelques jours. “Le voyage a changé ma vie, ma vision sur le monde ; j’ai laissé tomber toutes mes anciennes valeurs pour m’ouvrir à une nouvelle façon de regarder autour de moi, nous raconte-t-elle. C’est toujours un peu ça chaque fois que je pars en voyage : je me regarde d’une manière différente, c’est un cheminement personnel”. Au départ, le voyage pour Houda était un moyen de dépasser ses limites et de sortir de sa zone de confort. Aujourd’hui c’est une quête permanente “à la recherche de soi-même dans le miroir qu’offre l’Autre”, dit-elle si bien. Pas le temps ni l’envie donc de s’enliser dans un quotidien fait d’horaires de travail fixes, de projets et de réunions. Très peu pour cette grande voyageuse qui a pourtant été cadre dans une multinationale et qui n’a pas hésité à tourner le dos à cette petite vie confortable pour ouvrir les bras au changement.

Houda a visité de nombreux pays. Elle gardera des souvenirs précieux de chaque voyage. La Colombie, pays décrit par les médias comme étant plutôt dangereux, se révèle sécurisé avec une population bienveillante et gentille. Elle y passe un mois et demi. Pareil pour l’Iran où elle passe deux mois chez l’habitant. “J’ai découvert une culture raffinée, faite de poésie et de littérature. L’accueil réservé aux touristes est impressionnant et pour en bénéficier, je me mêlais à eux, chose que je ne fais pas dans d’autres pays”, raconte Houda qui a glané au fil de ses voyages quelques astuces pour voyager en toute tranquillité. Même quand on est une femme. “Voyager seule ce n’est pas plus difficile que pour un homme. Nous avons cette sensibilité qui nous distingue, avec laquelle nous regardons ce qui se passe autour de nous, nous faisons plus attention aux petits détails. C’est un atout car cela rend notre voyage différent. Maintenant pour ce qui est de la sécurité, il faut appliquer quelques règles de sécurité de base comme ne pas sortir trop tard le soir, par exemple, le genre de choses qu’on applique aussi chez soi”, prévient la voyageuse.

Voyager au féminin

Le courage fait partie des qualités humaines nécessaires pour aller vers l’inconnu, c’est un fait. Houda ajoute qu’il faut aussi apprendre à voir et à écouter avec le cœur, perdre le réflexe de tout analyser, de “tout mettre dans des cases”. “J’ai passé un an en Amérique du sud, je ne connaissais pas un mot d’espagnol, ni leur culture. C’était une surprise tous les jours, et je peux vous dire que quand on communique avec le cœur, ça suffit à faire passer le message.”

Quand vous demandez à Houda quel est le voyage qui l’a le plus marquée, elle répond sans hésiter, l’Antarctique dans le Pôle sud, “le bout du monde”, dit-elle. Elle a été frappée par la nature époustouflante, cette immensité blanche, entourée de phoques et de pingouins.

De cette passion du voyage est né le groupe Les Voyageuses en juin 2016 avec une autre globetrotteuse Nadia Stoti. L’idée est de partager des informations et de créer un espace public virtuel pour les femmes, un espace de liberté qui permet un peu plus d’émancipation à travers les voyages. Le groupe évolue avec une communauté engagée qui compte 140.000 personnes, des filles qui voyagent partout dans le monde avec des histoires personnelles intéressantes. Les Voyageuses, c’est aussi un webzine de voyage au féminin lancé par Houda et Nadia, dans lequel on trouve des conseils, des exemples d’itinéraires, des destinations inédites…

Dans le sillage de ses projets, se profile un autre projet qui est en train de prendre forme : une agence de communication digitale dans le secteur du tourisme toujours avec Nadia Stoti pour se permettre de rester digital nomads et pouvoir travailler à distance. Attendez-vous à trouver dans leurs programmes des destinations peu communes, inspirantes et addictives. Une fois qu’on y a goûté, il est difficile de s’en passer. Mesdames, vous êtes prévenues !  υ

Ne manquez rien des voyages de Houda en allant sur www.moroccannomad.com ou www.lesvoyageuses.net

Asmaa Wakil L’Afrique, un rêve devenu voyage

Enfant, Asmaa Wakil avait un passe-temps inhabituel : dessiner les drapeaux des pays du monde, d’Afrique en particulier et écrire les noms des capitales. Signe avant-coureur d’une passion pour le voyage ? Sûrement. À 29 ans cette jeune marrakchie, diplômée en marketing et action commerciale de l’ENCG Settat a déjà parcouru une trentaine de pays et ne compte pas s’arrêter là.  Aujourd’hui, elle travaille au Brésil depuis deux ans et demi dans le département export d’une entreprise brésilienne en tant que responsable régionale. “Vivre dans un pays pour quelque temps, fait partie de mes astuces de voyage ; J’ai habité en Turquie et puis maintenant au Brésil, ça me permet de mieux découvrir ces pays et d’en profiter”, explique-t-elle.

Asmaa a toujours été fascinée par l’Afrique. Sa première destination a été le Sénégal à l’âge de 18 ans. “Après mon bac, je me suis offert ce voyage. C’était un rêve qui se réalisait parce que je me suis toujours répétée que le premier avion que je prendrais pour voyager en dehors du Maroc serait vers un pays de mon continent, un pays d’Afrique subsaharienne.” Elle y passé dix jours et ce fut une expérience magnifique. “C’est un pays auquel je suis très attachée, je m’y suis rendue plus de six fois ; c’est mon deuxième chez moi”, poursuit-elle.

Ce premier voyage est une vraie surprise dans tous les sens du terme : À l’époque, le ministère de la Jeunesse et des Sports organisait des voyages à l’international moyennant une participation raisonnable. Il ne fallait pas plus à Asmaa pour s’inscrire et aller découvrir cette région du monde qui la fascinait tant. “Nous sommes arrivés à Dakar à minuit environ et en arrivant devant le stade de foot Léopold Sedar Senghar, le guide qui est venu nous chercher nous indique notre lieu de séjour. Nous avons habité pendant 10 jours dans les vestiaires, j’en ris encore aujourd’hui.” Le voyage c’est cela aussi dans la perception d’Asmaa : l’imprévu, l’inconnu, se laisser surprendre et accueillir tout ce qui est différent et nouveau avec bienveillance.

Ce voyage à Dakar est un prélude à bien d’autres en Afrique et dans le monde, qu’elle fera au fil des documentaires ou des films qu’elle regarde et qu’elle prend comme une invitation. Ces virées lui procurent liberté et émerveillement. “Je me sens libre, parce que je ne fais aucun programme précis au préalable, je ne suis pas conditionnée par des horaires de travail, je suis personne dans cet univers nouveau, juste moi Asmaa et je suis émerveillée par tout ce qui est nouveau et par la rencontre avec de nouvelles personnes. Il m’arrive aussi de ressentir de la peur dès que je suis en face de quelque chose qui ne me ressemble pas, que je ne connais pas, mais très vite cette peur disparaît pour faire place à la fascination et la magie opère.”

À chaque voyage, de merveilleux souvenirs

Parmi ses destinations en Afrique, il y a aussi le Mali, le Burkina Faso, le Congo Kinshasa, l’Ouganda et le Ghana. Dans chacun de ces pays, elle compte aujourd’hui de nombreux amis qui attendent qu’elle revienne les voir. Sa gentillesse et sa bonne humeur y sont pour quelque chose. Asmaa n’est pas une touriste comme les autres, en effet. Elle va bouder les circuits touristiques, pour vivre au rythme des habitants des pays qu’elle visite. Au Congo Kinshasa, elle va passer une après-midi entière dans un orphelinat, en Inde, elle va assister à un mariage comme un membre de la famille, quitte à le faire deux fois et c’est ainsi dans chaque endroit qui devient très vite un “deuxième chez elle”. Asmaa raconte qu’en Inde, dans une ville au sud, elle logeait chez une famille qui habitait dans la périphérie, dans un quartier où tout le monde se connaissait. “Bien sûr avec mes cheveux, j’attire l’attention et je ne passe pas inaperçue. À la veille de mon départ, je suis sortie et en rentrant, je trouve une dizaine de personnes dans le salon, qui sont venues me voir pour mieux me connaître. Ils ne parlaient aucune langue que je comprenais et moi non plus, mais leurs sourires disaient beaucoup de choses. Ils avaient passé la nuit chez ces gens-là pour me saluer et passer du temps avec moi. Cette marque d’amour et d’affection m’a profondément touchée.” C’est un de ses souvenirs les plus marquants.

Fascinée par l’Asie, elle se rend également à Bali en Indonésie. Elle n’oubliera jamais ce voyage. “Deux jours après mon arrivée, l’île est en état d’alerte, car un volcan qui n’était pas en activité depuis plus de 50 ans, s’est réveillé. Les médias en parlent et mes parents m’appellent et me supplient de rentrer. J’ai eu peur bien sûr, mais finalement je me suis dit que ce qui doit arriver arrivera et je suis restée. Je suis même allée à 15 km de ce volcan pour le voir et c’était une très belle expérience. J’ai vu la force de la nature et me suis rendue compte en fin de compte qu’on est si petit devant cette grandeur. Je suis rentrée saine et sauve avec un merveilleux souvenir.”

Il faut du courage pour faire ce type de voyages. Mais pas seulement. Il faut aussi être tolérant, accepter la différence et être en mesure de s’y adapter, avoir un esprit ouvert, être débrouillard, spontanée et authentique pour gagner le cœur des gens. Et en plus, pour une femme, il faut avoir confiance en soi et ne jamais se montrer vulnérable et perdue. Quand on la voit sur les photos qu’elle publie au gré de ses voyages sur sa page facebook, au milieu de deux lionnes, face à une girafe, caressant un crocodile bébé, mais crocodile quand même, sautant en parachute en Turquie, on comprend vite qu’Asmaa a du courage à revendre. Et plus elle avance, plus elle en redemande. Elle compte se rendre bientôt en Amazonie.

Où trouve-t-elle l’argent pour faire tous ces voyages ? “Il n’y a pas de miracle, répond-elle. Travailler et économiser. Le voyage devient une priorité, et non pas un luxe accessoire.” Et elle ajoute qu’on peut parfaitement voyager à petit budget, tout dépend du type de voyageur que nous sommes. Asmaa, elle, n’hésitera pas à loger chez l’habitant, quand l’occasion se présente et qu’elle la juge convenable. Une merveilleuse opportunité de connaître le pays qu’elle visite de plus près, sa culture et ses traditions. Et bien sûr de parler de son pays et de le faire connaître. “Nous, voyageurs, sommes des ambassadeurs de notre pays, de nos traditions et de notre culture. Nous devons en renvoyer une image positive”, précise cette jeune Marocaine à la conquête du monde. Ses cheveux bouclés au vent, elle est bien partie pour faire le tour du monde. 

Pour en savoir plus sur les voyages d’Asmaa, suivez ses publications sur sa page facebook

Curly traveler. Elle parvient à vous arracher un sourire à chacun de ses posts.

Pour ce numéro d’avril, ce sont 5 grands chefs qui se mettent aux fourneaux. À travers leur recette fétiche, ils
Certains termes, autrefois réservés aux troubles mentaux, sont désormais utilisés à tort et à travers dans le langage courant, au
À l’ère du numérique, où les réseaux sociaux sont rois, une tendance émerge avec force : le bien-être. En particulier
Dépression, angoisse, vide existentiel, addictions… Les petits bleus et grands maux de l’âme exigent un accompagnement adéquat. Mais dans ce
31AA4644-E4CE-417B-B52E-B3424D3D8DF4