Dans le brouhaha ambiant qui fait écho aux surenchères politiques des différents protagonistes du scandale sexuel qui sera jugé ce 8 mars, l’on oublie que cette affaire relève avant tout de la justice.
Si on se place sur le terrain du harcèlement dans le milieu professionnel, ou plus vulgairement celui appelé de la “promotion canapé”, cette affaire met le doigt sur un fâcheux phénomène dont beaucoup de nos concitoyennes font l’amère expérience. Nombreuses sont, en effet, celles qui se font embaucher pour leur joli minois ou leurs attraits physiques, prêtant ainsi le flanc aux sous-entendus au bureau. Elles sont alors prises entre le marteau d’obtempérer et l’enclume d’être pointées du doigt.
Pour revenir à cette affaire qui a fait couler beaucoup d’encre, elle est pourtant bien plus simple que ce que certains voudraient qu’elle soit. C’est l’histoire d’un citoyen marocain accusé, entre autres, de viol et d’agressions sexuelles par des citoyennes marocaines. Lui est innocent jusqu’à ce que la justice se prononce dans cette affaire et les plaignantes doivent être respectées et surtout présumées de bonne foi jusqu’à la fin du procès.
Le fait que l’accusé soit journaliste, appuyé par un quelconque courant politique, ne lui donne ni des privilèges ni des circonstances aggravantes. L’acharnement de certains à attaquer les plaignantes et à mettre en doute leurs témoignages et déclarations n’a d’autre but que de donner une dimension politique à cette affaire. Une attitude qui est dégradante pour la femme et ses droits dans notre société, et qui constitue un précèdent dangereux d’intimidation des victimes pour les empêcher de poursuivre les monstres humains et les prédateurs sexuels.
Cette posture misogyne, inadmissible, émanant d’une tradition patriarcale tend tout simplement à réduire les espaces de liberté de la gent féminine, et à condamner avant l’heure les femmes victimes.
Plus grave encore, lorsque des voix féminines du courant islamiste apportent leur soutien aveugle au présumé agresseur pour faire croire que l’affaire est bouclée ! En effet, quand une parlementaire, qui plus est, fait partie de la Commission de l’éducation se permet de mettre en doute la véracité des arguments des victimes présumées sans avoir eu accès au fond du dossier, il y a vraiment de quoi s’interroger sur les desseins cachés des politiques. De la pure démagogie au service d’un objectif strictement politique au détriment des droits des femmes victimes d’agressions sexuelles.
Espérons que notre justice saura faire preuve d’efficacité et de discernement afin que les droits de chaque partie soient préservés. La pire des choses qui puisse arriver aux femmes au Maroc est d’être tétanisées par le parfum du scandale et d’hésiter à crier fort lorsqu’elles subissent des préjudices dans le milieu professionnel ou ailleurs. Femmes, journalistes, politiques… peu importe ! Personne n’est au-dessus de la loi !