Naima Hadji a toujours été fascinée par le cheveu et sa texture. Toute petite, elle comparait sa chevelure assez difficile à dompter à celle de ses petites camarades aux cheveux raides. Presque obnubilée par les cheveux, elle était bien décidée à se pencher sur la nature des cheveux, à mieux les comprendre et aussi à avoir une belle chevelure. “Je suis venue à la coiffure assez tard”, confie-t-elle en remontant le fil de ses souvenirs.
Après une filière scientifique et un Bac Science et technique en poche, Naima Hadji est bien décidée à faire de la coiffure son métier. Aidée par son frère aîné, le célèbre footballeur, elle entame des études de coiffure qu’elle réussit haut la main. Forte de la théorie enseignée dans son école, elle est bien décidée à apprendre et à peaufiner son savoir. Elle culmine les salons parisiens à la recherche des meilleurs stages et apprentissages. Avide d’apprendre et toujours à l’affût des nouveautés, elle est bien décidée à percer dans le domaine et à se faire un nom. “Je peux dire que je suis presque autodidacte. J’ai appris par moi-même”, dit-elle. Coloriste de talent, elle partage avec nous dans cette interview sa passion pour la coloration et ses conseils.
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Qui est-ce qui est le plus important pour vous ? Le soin ou la couleur ?
Le soin bien sûr. Il est bien évidemment préférable d’avoir une belle chevelure en bonne santé, avec une couleur naturelle de base. Quand je vois un cheveu trop fragile et que la personne désire changer de couleur, je conseille vivement de faire des soins en priorité. J’oriente alors la personne vers des soins naturels.
Les soins qui existent sur le marché sont des « maquillages pour le cheveu ». Ils peuvent nous aider à entretenir nos cheveux, mais pour vraiment réparer les cheveux, rien ne vaut les recettes de grands-mères. Quand j’étais petite, ma mère me faisait des préparations à base d’huiles d’olive, d’argan, de coco… C’est à mon avis ce qui aide à réparer, hydrater et nourrir le cheveu.
Quels sont vos conseils pour choisir la bonne couleur qui nous correspond ?
Comme je viens de le dire, il est préférable d’avoir de beaux cheveux qu’une belle couleur. Il faut rester raisonnable, écouter le coiffeur, écouter ses conseils, se renseigner pour savoir ce qui est raisonnable et ce qui ne l’est pas. Bien évidemment, on ne peut pas passer d’un noir à un blond en une seule étape…
Quelles sont les couleurs tendances de cette rentrée ?
La tendance actuelle est au tout naturel, aux ombrés, aux cendrés, aux couleurs qui apportent un changement mais qui restent douces… Je n’aime pas me fier à ce genre de tendance… J’aime bien écouter la cliente, voir ce qui lui correspond, discuter avec elle pour comprendre ses désirs et lui faire la couleur dont elle a envie et qui lui irait bien au teint.
Peut-on se permettre n’importe quelle couleur ou y a-t-il des critères à respecter ?
Il y a beaucoup de critères à respecter, comme la carnation, les traits du visage, la qualité du cheveu, la personnalité, etc. La personnalité est un facteur important. Pendant le diagnostic, j’examine non seulement le cheveu, mais je discute également avec la cliente, pour bien saisir ce qu’elle aime, connaître ce qu’elle fait dans la vie, ses activités. À travers son attitude, je ressens si la personne est timide ou extravertie, discrète, naturelle… Le choix de la couleur se fait donc au cas par cas, et s’adapte à chaque cliente.
Comment prendre soin de ses cheveux et de sa couleur ?
On prend soin de ses cheveux comme on prend soin de sa peau. Il faut les hydrater énormément, les protéger, ne pas les laver très souvent. L’idéal est un shampooing par semaine. La veille, on les enduira de produits naturels afin d’apporter aux cheveux la nutrition nécessaire, en veillant à ne jamais appliquer ces produits sur les racines. Il faut également choisir des shampooings doux qui n’agressent pas le cheveu, et lorsqu’on est blonde, utiliser un masque plutôt qu’un shampooing coloré.
Il faut savoir que lorsqu’on change la couleur de ses cheveux, on change aussi leurs nature et matière…
Quels sont selon vous les incontournables pour une belle chevelure ?
Ce sont les soins à faire à la maison. Il y a les recettes de grands-mères, les mélanges à faire chez l’âttar ou l’herboriste, le choix xes bonnes huiles pressées à froid… En un mot, il faut apporter aux cheveux de la protéine naturelle qu’on peut trouver dans le riz, les flocons d’avoine, etc. On peut faire sa petite mixture pour faire du bien à ses cheveux, avec du beurre de karité, un avocat, une banane, un yaourt nature, etc. Mais tout cela n’est pas universel et est propre à chacun. Il ne faut surtout pas se décourager si le résultat n’est pas au rendez-vous dès la première application, et recommencer jusqu’à trouver les bons mélanges….
Quel est votre point de vue concernant le domaine de la coiffure au Maroc ?
Le domaine de la coiffure a besoin d’être reconnue comme un métier d’artisanat à part entière. Il a besoin de reconnaissance et de respect. La coiffure est un bon métier, exigeant certes, mais gratifiant.
Ce qui me choque un peu, c’est qu’on donne plus de crédit aux coiffeurs hommes qu’aux coiffeurs femmes, alors que ces dernières sont plus résistantes, plus à même de soutenir le rythme du travail du salon. J’ai eu l’occasion de recruter des coiffeurs hommes qui n’ont pas réussi à tenir le rythme, et je peux dire que ces “grands” coiffeurs que j’ai eu dans mon salon sont arrogants. La coiffure exige de l’humilité, apprendre des autres, échanger et partager son savoir. Personnellement, j’avais les bases lors de ma formation, de mes apprentissages et de mon travail en France, mais quand je me suis installée à Marrakech, il fallait que j’apprenne à travailler le cheveu maghrébin, et j’ai eu du plaisir à apprendre auprès de mes collaborateurs, de mes stagiaires et de mes apprentis, alors que ces soi-disant grands coiffeurs croient tout savoir et n’acceptent ni les remarques et encore moins d’apprendre des autres. Ce que je peux aussi dire, c’est que la coiffure marocaine manque de formation et de nouveautés.
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Le salon Mounir au Liban est connu pour ses célèbres formations. Vous-même, vous êtes certifiée par Mounir. Que pourriez-vous nous en dire ?
Le coiffeur Mounir est connu pour ses incroyables transformations. J’ai eu l’occasion d’assister à sa master class à Paris, et j’avoue que j’y étais allée sans grande conviction. Et j’ai été subjuguée par l’aura qu’il dégage, par sa personnalité. Mounir est un grand coiffeur qui aime partager et qui fait tout pour que tout un chacun ait accès à son savoir. Plus tard, mon mari m’a fait la surprise de m’offrir une formation au Liban, et là j’ai eu la chance de passer 4 journées fabuleuses à apprendre, à écouter et à échanger. Le coiffeur Mounir m’a encouragé à sortir de ma zone de confort et à aller de l’avant… Mounir partage tout, ses techniques extraordinaires, ses secrets et ses astuces. C’est une personnalité artistique hors du commun, il a un grand talent entre les mains. Ses produits sont fabuleux, et mon souhait est de pouvoir les apporter au Maroc pour en faire profiter mes compatriotes.