KAO : Un corps parfait, une tête bien faite

Kaoutar Boudarraja, alias KAO, se distingue par ses choix de carrière et ses positions franchement féministes. Elle incarne à merveille la jeune femme marocaine moderne et parfaitement en phase avec son temps. Elle se livre à coeur ouvert et nous dit tout sur sa collaboration avec YAN&ONE.

Animatrice, chroniqueuse, productrice, actrice et mannequin. Quel rôle vous représente le mieux ? 

Je n’ai jamais été aussi épanouie que durant la période où je produisais et animais mon émission féminine ”interdit aux hommes”. Décider de sa ligne éditoriale, des sujets, prendre position et donner le ton, a été le plus beau cadeau que la chaîne qui m’a formée a pu me faire.

Je ne suis clairement à l’aise que quand je ne fais pas office de pot de fleur ou de porte- manteau… (rires)

Quels souvenirs gardez-vous de vos multiples expériences en tant qu’animatrice ? 

Celui d’avoir interviewé des gens puissants et influents de toutes catégories sans pour autant être impressionnée. Les gens qui m’ont appris à faire ce métier, m’ont expliqué qu’il y avait une grande différence entre passer à la télé et FAIRE de la télé !

Les moments de télévision se créent, se préparent et exigent de la pertinence et de l’audace. Si c’est votre invité qui est en position de force, en prenant le dessus sur vous, alors, vous n’êtes pas à votre place.

J’ai eu à interviewer des gens de tous les horizons, les plus marquants pour moi ont été toutes ces militantes tunisiennes, revenues au bercail après la révolution du jasmin. Elles avaient tellement de choses à dire, d’expériences à échanger et de positions à affirmer…

Comment voyez-vous l’évolution de votre carrière d’actrice ?

Je ne peux me permettre de parler d’une carrière, ce n’est qu’une expérience  (rires), que je ne risque pas de faire évoluer au Maroc. Quand je vois dans quelle case on persiste à enfermer la femme marocaine, les clichés qui l’entourent et la misogynie des scénaristes ainsi que celles des réalisateurs… Je me demande comment font certaines actrices pour ne pas lever la voix et manifester si ce n’est un soupçon de résistance face à ce que renvoie quasi tous les projets artistiques, quant à la condition féminine et au long chemin que nous sommes en train d’emprunter. Je me demande pourquoi la plupart d’entre elles ne se sentent pas concernées par cela, mais surtout comment ne pas penser à utiliser leur notoriété et leur image publique pour soutenir la cause féminine …

L’art n’est-il pas aussi une forme d’expression, de lutte et de résistance ?

Vous êtes une guerrière, une battante, et une féministe célèbre pour son franc-parler. Quels messages cherchez-vous à véhiculer ?

Un message pourtant facile à comprendre mais difficile à intégrer : l’égalité des sexes et le refus de toutes les discriminations dont nous sommes victimes au quotidien.

Je n’ai absolument aucun problème avec le sexe opposé, il s’agit essentiellement de réclamer les mêmes droits et de s’imposer face à une société qui ne nous prend pas au sérieux et qui estime que les droits de la femme ne sont pas une priorité. Et cela ne changera pas tant que les décideurs ne se sentiront pas directement concernés et tant que nous serons, à notre tour, mal et peu représentées.

La femme marocaine a tellement évolué depuis le temps où elle n’était représentée que par une seule catégorie de femmes au foyer…

Vous avez beaucoup de fans, mais également des détracteurs. Que diriez-vous à ces derniers ? 

Il n’y a que l’indifférence qui tue ! On ne fait pas appel à moi pour me faire aimer, mais pour faire réagir ! Je n’ai aucun besoin de reconnaissance ni même le besoin de me sentir aimée. Je suis tellement détachée de ces histoires d’ego !

Je ne peux reprocher à certaines personnes de ne pas pourvoir s’identifier à moi, de ne pas apprécier ce que je suis ni les idées que je défends.

J’ai même beaucoup d’empathie envers ceux qui squattent les réseaux sociaux pour s’en servir de défouloir, car si ces gens-là avaient une vie trépidante et un minimum de culture et de savoir, ils comprendraient qu’il ne s’agit pas de se ressembler mais de cohabiter dans le respect de soi qui passe essentiellement par le respect de l’autre.

Le principe même de la démocratie, la tolérance et la sagesse !

Vous représentez l’un des visages de Yan&One. Pourriez-vous nous parler de cette expérience ?

Pour une fois, ma différence est un atout et non un handicap ! (rires)

Quelle incroyable aventure et quelle joie pour moi de prouver encore que ma stratégie de positionnement et mon refus de m’associer à tout et à n’importe quoi porte ses fruits.

Le premier BeautySmart Store est bel et bien marocain. Conçu et imaginé par une femme qui investit dans son pays et s’investit personnellement et humainement dans tout ce qu’elle entreprend.

Salwa Idrissi Akhenouch force l’admiration car elle aurait pu se contenter d’être “femme de”, mais non ! Elle met encore une fois une claque à ceux qui veulent la réduire à cela en ne cessant d’innover et se s’impose en femme d’affaires marocaine admirée et respectée par ses collaborateurs mais aussi par ceux qui n’ont aucun problème à reconnaître la réussite d’autrui.

Vous changez souvent de looks, mais blonde ou brune, vous êtes toujours sublime. Quels sont vos secrets et rituels de beauté ?

Ce n’est pas ce que l’on a sur la tête qui définit ce que nous avons dedans, d’ailleurs au moment ou je vous parle j’ai déja pris rendez-vous pour changer de look encore une fois (rires) et croyez-moi, je n’ai aucun secret de beauté à part le rituel hammam Beldi marocain : savon noir, henné, ghassoul.

Un coup de coeur  tout de même pour le shampooing sans sulfate qui me permet de nourir et soigner mes cheveux après les rudes épreuves que je leur inflige (rires).

Comment vous voyez-vous dans 5 ans ? Quelles voies allez-vous emprunter ?

J’ai très envie de me lancer dans l’événementiel, un secteur qui ne cesse d’évoluer et qui a constamment besoin de nouvelles énergies.

Pour ce qui est de l’audiovisuel, je vais aller là où mon coeur me mène. Je continuerais à refuser les propositions qui s’inscrivent dans la médiocrité et banalisent le manque de professionnalisme et la rigueur dans le travail. Et tant pis si je suis “la compliquée” du service.

Et puis, comme je n’ai pas le complexe de l’antenne, cela m’est égal d’être ON/OFF car je ne chôme pas et je ne suis donc pas prête à faire des concessions pour rentrer dans des cases qui ne me correspondent pas ! υ

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