En mai 2012, Amina Filali, une jeune fille de 16 ans, se donnait la mort en ingurgitant de la mort aux rats. La raison de ce suicide? Son mariage forcé avec son violeur. Une pratique courante au Maroc et jusqu'à récemment cautionnée par l'alinea 2 de l'article de loi 475, lequel a été abrogé suite à cette sordide affaire, le 22 janvier 2014. C'est en hommage à cette victime parmi tant d'autres que le groupe de rock marocain a réalisé ce nouveau clip. Car pour les membres du Lazywall, le problème ne se résoudra pas seulement en changeant la loi mais en changeant les mentalités. Leur but, éveiller le consciences et lutter contre les qu'en dira-t-on qui obligent des parents à marier leurs filles de force sous prétexte d'éviter la "chouha".
Présentée initialement en anglais dans leur dernier album Square Minds In Round Heads, la chanson a été entièrement traduite en darija afin qu’elle puisse toucher un plus large public et surtout être comprise de tous. Le clip se déroule dans différentes chambres d’un même édifice, où tous les artistes ayant collaborés à ce titre mettent en scène des bribes de ce sombre scénario. Le rideau se lève sur un immeuble près du port, un immeuble comme il y en a tant d’autres et dans lequel cohabitent des voisins, souvent les premiers à porter un jugement sur leurs compagnons de pallier.
Comme à leur habitude, les Lazywall n’ont rien laissé au hasard. Le bâtiment qui a été choisi est un lieu emblématique de la ville de Tanger, un clin d’œil du groupe à sa ville d’origine. Dans la première chambre, nous retrouvons Hamid El Hadri, à qui tout le monde a tourné le dos, il est poussé et rejeté, renié comme l’a été Amina après la violence qui lui a été faite.
Ruby Smith est dans une chambre couverte de journaux et si elle ne chante pas, la jeune danseuse s’exprime au travers de son corps et de sa gestuelle.
Nao lui est entouré d’écrans, ils représentent à eux deux le silence qu’une partie de la presse écrite et télévisée ont gardé autour de ce drame.
Sarah Ariche, entourée de miroirs exprime la dureté du reflet de soi.
Younes Fakhar, lui, cerné de bougies évoque la mort et les funérailles de la jeune fille.
La chambre de Réda Allali, du groupe Hoba Hoba Spirit, représente la bureaucratie, elle pointe du doigt le texte de loi responsable de cette tragédie, l’article 475.
Enfin une dernière chambre, mettant en scène des petites filles, symbolise le futur, l’importance de l’éducation et du changement des mentalités, pour que justement ces petites filles ne soient pas de futures Amina Filali. Encore une fois, notre groupe de rock national a frappé fort et a décidé d’élever la voix (rauque de Nao leur vocal) sur un sujet trop longtemps passé sous silence.