Une année de dialogue et d’espoir pour les droits des femmes

En 2024, les droits des femmes ont avancé modestement. Si aucun bouleversement majeur n’a redéfini les lois en vigueur, des initiatives sociales et des débats législatifs ont relancé le dialogue sur les droits fondamentaux des Marocaines, particulièrement autour de la révision de la Moudawana. Bien que le processus de réforme ne soit pas achevé, cette année a permis de réengager le dialogue autour de sujets cruciaux concernant la femme et l’enfant. Détails.

En 2024, le Maroc amorce un tournant crucial pour les droits des femmes, avec des réformes législatives qui, bien que lentes, avancent de manière décisive. Cette dynamique a véritablement pris forme en 2023, lorsque le Roi Mohammed VI a adressé une lettre au Chef du gouvernement, appelant à une révision complète de la Moudawana, afin d’aligner les droits de la famille sur les valeurs d’égalité et de justice. Cette initiative royale a marqué le début d’un chantier de réformes ambitieux, piloté par un comité d’experts comprenant des représentants des ministères de la Justice, de la Solidarité, et du Conseil national des droits de l’Homme (CNDH). 

Cette dynamique a continué de se déployer en 2024, avec le lancement de vastes consultations nationales autour de ces réformes, impliquant associations féministes, juristes, magistrats, et universitaires. Ces auditions ont permis de recueillir des perspectives variées et des recommandations concrètes pour faire évoluer le Code de la famille, dans des domaines tels que la tutelle, les droits en cas de divorce, et l’héritage, afin de mieux répondre aux réalités actuelles des femmes marocaines. “L’espoir est désormais que ce processus s’intensifie pour enfin répondre aux attentes des nombreux acteurs engagés pour l’égalité des droits”, déclare la juriste et militante Zahia Amoumou, soulignant l’importance d’un aboutissement rapide et inclusif.

Ce travail préparatoire a permis, en mars dernier, de soumettre une version préliminaire du projet de révision au Souverain. SM le Roi a alors saisi le Conseil supérieur des Oulémas pour “examiner certaines questions contenues dans les propositions de l’Instance chargée de la révision du Code de la famille, en se référant aux principes et préceptes de la sainte religion de l’Islam et ses desseins tolérants, et pour soumettre une Fatwa à leur sujet à la haute appréciation du Souverain”, précise un communiqué du Cabinet Royal en date du 28 juin 2024. En sa qualité d’Amir Al Mouminine (Commandeur des croyants), SM le Roi a tenu à spécifier que ces réformes devraient être menées en concordance avec les préceptes de l’Islam ainsi que les spécificités de la société marocaine. Une fois finalisée, cette révision sera soumise au Parlement pour validation, marquant une étape décisive vers des réformes plus inclusives, mieux adaptées aux évolutions sociales du Maroc.

Encore beaucoup à faire

Parallèlement, l’arrivée de Naïma Ben Yahya à la tête du ministère de la Solidarité a donné un élan inédit à l’action gouvernementale pour l’égalité des sexes et l’inclusion sociale. Dès sa nomination, la ministre a lancé une série d’initiatives audacieuses, parmi lesquelles la lutte contre les violences faites aux femmes et l’intégration des jeunes dans des programmes d’égalité. La coopération internationale, notamment avec la France lors de la visite d’État du président Emmanuel Macron, a renforcé ces efforts à travers des partenariats bilatéraux pour un accompagnement juridique et social accru, avec des mécanismes d’évaluation pour en mesurer l’impact dans tout le pays.

Malgré ces progrès incontestables, une résistance profonde persiste au sein de la société marocaine quant à la transformation du rôle des femmes. Pour Bouchra Abdou, militante féministe et présidente de l’association Tahadi, le défi ne réside pas seulement dans l’adoption de nouvelles lois, mais dans l’évolution des mentalités. “Les réformes législatives, malgré leur importance, sont souvent freinées par un environnement social et politique complexe”, explique-t-elle. “Il ne suffit pas de légiférer, il faut faire évoluer les attitudes”, poursuit la militante féministe, insistant sur l’importance de l’éducation pour briser les stéréotypes dès le plus jeune âge. “C’est à l’école que les tabous doivent être déconstruits”, ajoute-t-elle, tout en reconnaissant les résistances notables dans certaines régions conservatrices, où les normes traditionnelles freinent l’acceptation des réformes proposées.

Ainsi, 2024 n’a pas été l’année des grandes révolutions pour les droits des femmes, mais elle a posé les jalons d’un dialogue essentiel entre les différentes composantes de la société. “La révision de la Moudawana, bien que toujours en discussion, incarne déjà un progrès symbolique et nourrit l’espoir des militantes, qui entrevoient dans ce débat une avancée progressive vers un renforcement des droits des Marocaines”, explique Zahia Amoumou. 

Cette année marque donc la confirmation que les avancées en matière d’égalité se construisent lentement, mais sûrement, à travers l’engagement citoyen  et un soutien institutionnel croissant. Si cette dynamique se maintient, elle pourrait amener le Maroc à se rapprocher d’une véritable égalité entre les sexes. “Il est temps d’agir, et non seulement de parler”, comme le souligne Stéphanie William Bordat, co-fondatrice de l’association “Mobilising for Rights Associates”(MRA). Un appel qui souligne l’urgence de transformer les intentions en réalisations concrètes.

Aujourd’hui, le Maroc est en pleine transformation, mais une question persiste : jusqu’où cette dynamique pourra-t-elle nous mener ? Quels rôles joueront les femmes dans ce processus ? Leurs droits, leur place dans la société et leur contribution à l’économie nationale restent un chantier ouvert, où chaque petite victoire fait progresser un peu plus la justice sociale et l’égalité des genres…

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