La destination Maroc, ses atouts et ses faiblesses

Le tourisme au Maroc connaît un développement sans précédent, enregistrant plus de 14,5 millions de visiteurs en 2023. De nouveaux records d’arrivées sont attendus en 2024. Le Royaume, qui se prépare à accueillir deux grands événements footballistiques, se transforme en un immense chantier à ciel ouvert, multipliant les investissements et les projets d'infrastructure. Zoom avant.

our de nombreux pays, le tourisme est un secteur majeur de l’économie, et le Maroc ne fait pas exception. En tant que domaine stratégique, le tourisme joue un rôle crucial dans le développement économique du pays. Fort de ses expériences et d’une gestion réussie de la crise sanitaire, le Maroc a su renforcer son attractivité. Les chiffres confirment ce succès : en mai 2024, le Maroc a enregistré une croissance de 18% des arrivées touristiques par rapport à mai 2023, avec plus de 1,3 million de visiteurs. Les touristes étrangers ont joué un rôle essentiel dans cette augmentation, enregistrant une hausse de 17% sur la période et représentant 56% des arrivées totales. De leur côté, les Marocains résidant à l’étranger (MRE) ont également contribué à cette progression avec une hausse de 13%. “72.000 touristes supplémentaires en cinq mois constituent une réalisation exceptionnelle pour notre secteur”, s’était félicitée, dans un communiqué, Fatim-Zahra Ammor, ministre du Tourisme, de l’artisanat et de l’économie sociale et solidaire. Le ministère de tutelle avait même qualifié cette performance de “record historique” en évoquant les 14,5 millions de visiteurs sur le territoire national l’an dernier, soit une progression de 34% par rapport à 2022.

Ce succès n’est pas le fruit du hasard. Le Maroc a intensifié ses efforts pour développer et diversifier son offre touristique, investissant massivement dans de nouvelles infrastructures et initiatives. “Après avoir enduré un épisode difficile lors de la crise sanitaire, ce secteur, qui constitue un moteur de la croissance économique nationale, est en train de renaître de ses cendres”, explique Salah Chakour. En prévision des grands événements footballistiques à venir, le Royaume s’est métamorphosé en un chantier à ciel ouvert, lançant des projets d’infrastructures destinés à accueillir confortablement les visiteurs du monde entier. D’ailleurs, le ministère du Tourisme vise un objectif ambitieux de 26 millions de touristes d’ici deux ans, dans le cadre de sa nouvelle feuille de route stratégique pour le tourisme 2023-2026.

La diversité, un atout majeur
Avec des paysages diversifiés, une culture riche et une expérience touristique comprenant toutes les gammes, le Maroc est une destination unique. “En une seule semaine, les voyageurs peuvent découvrir des montagnes enneigées, d’immenses déserts, de magnifiques plages et des médinas séculaires et vibrantes”, note le ministère du Tourisme. Il détaille en ce sens, que le déploiement de la feuille de route du tourisme est actuellement en cours, avec huit contrats d’application régionaux déjà signés et les quatre restants en cours de finalisation. Cela inclut la création de résidences hôtelières, de campings, de bivouacs, ainsi que des séjours chez l’habitant et d’autres formes d’hébergement alternatif. “La loi 80-14 qui vient d’être adoptée en conseil de gouvernement va permettre de mieux réglementer ces nouveaux types d’hébergement”, précise le ministère.
Au-delà de la diversité des paysages, de la gastronomie et de la richesse culturelle, c’est la diversité des expériences touristiques qui fait du Maroc une destination incontournable. Cette richesse est bien exploitée par le pays, offrant une large gamme d’expériences qui répondent aux attentes de chaque visiteur, que ce soit pour un séjour all-inclusive, un tourisme de niche ou une expérience de luxe. “L’offre est conçue pour satisfaire tous les budgets et toutes les préférences”, souligne Mustapha Amalik, Secrétaire général du CRT de Marrakech. Par ailleurs, grâce à sa situation géographique unique entre l’Atlantique, la Méditerranée, les montagnes et les déserts, le Maroc bénéficie d’un climat agréable toute l’année. Le ministère vise ainsi à “désaisonnaliser les voyages et diversifier les expériences tout au long de l’année”, adaptant ainsi son offre aux voyageurs à chaque saison.

Le tourisme sportif, en plein essor
Dans le cadre de la diversité culturelle, paysagère et touristique, le Maroc s’impose comme une destination prisée pour les amateurs de tourisme sportif. Sa géographie captivante, ses infrastructures modernes et son ouverture croissante aux événements sportifs offrent une multitude d’opportunités pour les passionnés d’aventure et de sensations fortes. “Le ministère se mobilise pour augmenter et moderniser la capacité hôtelière du Maroc en vue des grandes échéances sportives. Ces événements représentent une opportunité en or pour transformer le tourisme marocain et atteindre l’objectif de 26 millions de touristes d’ici 2026”, espère le ministère du Tourisme.
Surf, kitesurf, sports nautiques, randonnées, trekking, VTT, alpinisme, canyoning, golf et sports équestres : le Royaume propose une gamme incroyablement variée d’activités sportives. “Les préparatifs pour les deux Coupes progressent bien. Presque tous les stades au Maroc sont en rénovation. Le stade de Benslimane deviendra un joyau pour le Maroc”, se réjouit Mustapha Aouzir. Cependant, il souligne que le développement d’une nouvelle activité économique nécessite des ajustements dans tous les secteurs qu’elle pourrait impacter. Pour pérenniser cette nouvelle dynamique, quelques règles essentielles doivent être respectées. “Il va falloir développer l’industrie hôtelière, les restaurants, la location de voitures, l’artisanat, etc. Le tourisme est un écosystème vaste qui ne se limite pas au sport ou à l’hébergement. Il inclut également l’accès aux soins, le transport touristique, les navettes, les activités de loisir ainsi que d’autres secteurs liés”, explique Mustapha Amalik. Il ajoute que la rentabilité à moyen et long terme du projet ne peut se contenter de la seule construction des stades en respectant les exigences du cahier des charges de la FIFA.

En effet, l’organisation de la Coupe du Monde de football en 2030, en collaboration avec l’Espagne et le Portugal, doit être perçue comme le point de départ d’une nouvelle ère pour le Maroc, plutôt qu’une finalité. Le défi pour le Royaume, en accord avec les ambitions des Orientations Royales, est de transformer le pays sur les plans économique, politique et social. “Tous les chantiers avancent en parallèle, qu’il s’agisse de l’aérien, de l’hébergement, de l’animation ou encore du renforcement du capital humain”, assure le ministère du Tourisme. L’extension des vols intérieurs est cruciale, permettant aux touristes marocains et étrangers de visiter plusieurs régions du Maroc en un temps record. “Plusieurs villes, telles qu’Agadir, Errachidia (la porte du désert), Essaouira, Fès, Marrakech et Tétouan, seront desservies dans le cadre de cette expansion. Cela pourrait alléger l’afflux touristique de certaines destinations bien connues et permettre à d’autres, moins fréquentées, de se faire découvrir”, affirme Mustapha Amalik. Des réunions de coordination se sont déjà tenues, visant à construire une offre organisationnelle à la hauteur des ambitions du Maroc sur la scène internationale. Ces efforts montrent que le Royaume est déterminé à se positionner comme un acteur majeur, offrant une expérience touristique et sportive inégalée.
Ainsi, l’engagement soutenu du Maroc dans la préparation des grands événements sportifs et son ambitieuse feuille de route pour le tourisme témoignent d’une vision stratégique à long terme. “En intégrant le développement des infrastructures sportives avec une stratégie globale de développement touristique, le Maroc vise à transformer son paysage économique et social”, note Mustapha Aouzir. Cet investissement va bien au-delà de l’accueil des compétitions : il s’agit de créer un héritage durable qui profitera à l’ensemble de la société marocaine. En encourageant la diversification des expériences touristiques et en promouvant des pratiques durables, “le Maroc se positionne non seulement comme une destination prisée pour les événements sportifs, mais aussi comme un leader dans le tourisme responsable et respectueux de l’environnement”, poursuit, de son côté, Salah Chakour. Ce développement intégré, qui inclut l’amélioration des infrastructures hôtelières, la promotion de l’artisanat local et la diversification des activités touristiques tout au long de l’année, reflète une volonté profonde de tirer parti de toutes les facettes du patrimoine naturel et culturel du pays. “En consolidant cette approche holistique, le Maroc s’affirme comme un acteur majeur du tourisme mondial, prêt à offrir des expériences uniques et enrichissantes à tous ceux qui visitent ses terres”, conclut Mustapha Aouzir. Toutefois, plusieurs défis restent à relever pour le développement global du tourisme au Maroc, et il est essentiel que le pays capitalise sur son expérience et sa capacité à saisir les opportunités à venir.

 


 

“Le tourisme rural regorge de richesses qui méritent d’être mises en lumière”

L’avis de Salah Chakour
Expert en tourisme

Le tourisme rural est une véritable pièce maîtresse du développement économique du Maroc. Il offre une diversité d’expériences pour les touristes souhaitant découvrir le pays à travers ses multiples facettes. Que ce soit à travers des clubs équestres, des excursions de chasse, des randonnées en forêt, ou des voyages dans le désert et les montagnes, le potentiel est immense. Malheureusement, ce potentiel reste sous-exploité en raison d’un manque de mise en valeur de ces atouts. La Société marocaine d’ingénierie touristique (SMIT) a récemment pris des initiatives pour booster ce secteur en se concentrant sur des créneaux spécifiques, comme la gastronomie régionale. L’objectif est double : développer l’économie locale et encourager les citoyens à rester dans leurs régions d’origine, freinant ainsi l’exode rural qui contribue à la surpopulation urbaine et à ses corollaires, le chômage et la délinquance.
Un développement touristique équilibré doit inclure la création d’unités hôtelières et d’espaces touristiques dans les zones rurales. Prenons l’exemple de Marrakech : la ville est surpeuplée, alors que ses alentours ruraux regorgent de richesses naturelles et culturelles qui méritent d’être mises en lumière. Investir dans ces régions permettrait non seulement de désengorger les centres urbains, mais aussi de créer une économie de niche pour les habitants. Imaginez des hôtels à l’architecture unique, inspirée des traditions marocaines, plongeant les visiteurs dans un voyage à travers le temps. Ces établissements pourraient intégrer des restaurants spécialisés dans la cuisine marocaine rurale, où les touristes pourraient observer les femmes préparer le couscous et d’autres plats traditionnels de manière authentique. En conclusion, il est crucial de valoriser les alentours des grandes villes et de diversifier l’offre touristique pour promouvoir les régions rurales du Maroc. Cela bénéficiera tant aux visiteurs, qui découvriront des aspects méconnus du pays, qu’aux habitants locaux, qui pourront développer une économie durable et freiner l’exode vers les villes.

 


“Nous devons diversifier nos offres pour attirer plus d’événements d’affaires”

Le point de vue de Mustapha Amalik
SG du Conseil régional du tourisme (CRT) Marrakech.

Dans le contexte dynamique du tourisme marocain, il est impératif de saisir les vastes opportunités encore inexploitées. Le développement du tourisme d’affaires, notamment dans le secteur MICE (Meetings, Incentives, Conferences, and Exhibitions), représente un axe stratégique essentiel. Les événements prestigieux comme les assemblées générales de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international ont déjà démontré leur capacité à attirer des milliers de participants pendant une semaine entière, soulignant ainsi la demande croissante pour des infrastructures adaptées.

Actuellement, nos palais des congrès, souvent équipés pour des montages temporaires, limitent leur efficacité à long terme. Pour pleinement exploiter ces opportunités, il est crucial de développer un Palais des expositions moderne et permanent. Des succès notables comme le Gitex illustrent parfaitement le potentiel, mais leur accueil à long terme nécessite des infrastructures adaptées qui stimulent l’activité économique régulière en milieu de semaine.
À Marrakech, où le tourisme est principalement concentré les week-ends, diversifier notre offre pour attirer des événements d’affaires tout au long de la semaine est essentiel pour optimiser l’utilisation de nos ressources touristiques. Cela exige non seulement des infrastructures de classe mondiale, mais également une stratégie intégrée de promotion et de gestion d’événements, visant à maximiser leur impact économique tout au long de l’année. En renforçant ces capacités, le Maroc peut non seulement attirer davantage de visiteurs internationaux mais aussi soutenir une croissance économique durable et diversifiée à travers tout le pays.

 

 


Q&R

Wissal El Gharbaoui
SG de la Confédération nationale du tourisme (CNT)

Quels sont les défis et les opportunités pour le Maroc en matière de diversification de ses destinations touristiques au-delà de Marrakech et Agadir ?
Le Maroc est confronté à des défis importants mais dispose aussi de nombreuses opportunités pour diversifier ses destinations touristiques. Marrakech et Agadir sont renommées pour leur infrastructure solide et leur histoire riche, attirant ainsi une grande part du tourisme. Cependant, pour équilibrer le flux touristique à travers le pays, une approche collaborative entre les secteurs public et privé, les autorités locales et la population est essentielle. Cette collaboration permettrait de développer et promouvoir des offres touristiques attrayantes dans les régions moins explorées, assurant ainsi leur visibilité, leur accessibilité et un développement durable bénéfique aux communautés locales.

Qu’est-ce qui pourrait entraver le développement du tourisme au Maroc ?
Le secteur touristique marocain doit relever le défi de maintenir sa résilience
face aux fluctuations économiques, politiques et climatiques. Ces facteurs peuvent avoir un impact significatif sur le nombre de visiteurs, faisant de l’adaptabilité une condition cruciale pour assurer la performance et le développement durable du tourisme dans le pays.

Quelle est l’importance du tourisme sportif ?
Le tourisme sportif, notamment à travers des événements comme la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) et potentiellement la Coupe du Monde, présente une opportunité majeure pour dynamiser l’économie touristique du Maroc. Ces événements offrent une visibilité mondiale et attirent des visiteurs internationaux enthousiastes. Ils permettent au Maroc de partager sa passion pour le football avec le monde, célébrant ainsi sa culture et son hospitalité. De plus, une performance notable de l’équipe nationale marocaine, les Lions de l’Atlas, pourrait renforcer encore l’attractivité du pays en tant que destination touristique sportive de premier plan.

 

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