Parents: comment gérer le stress post-traumatique

Entre choc et incompréhension, les enfants sont assurément une catégorie qui requiert une attention particulière au lendemain de catastrophes naturelles. Soraya Doghmi, pédopsychiatre nous donne quelques pistes pour apaiser le stress chez les petits.

Sentir la terre trembler, même lorsqu’on a eu la chance de se trouver éloigné de l’épicentre du séisme dans une zone épargnée par les effondrements, sentir la panique ambiante, voir les images des blessures et des décès, peut s’avérer traumatisant. Au-delà des blessures physiques que peut occasionner un tremblement de terre, l’impact psychologique est loin d’être négligeable, en particulier chez les enfants. Voici quelques outils pour les aider à mieux vivre cette période et surmonter les crises émotionnelles. 

Expliquer le séisme à son enfant

Comme toutes les catastrophes naturelles, le séisme peut engendrer un choc traumatique aussi bien pour les adultes que les enfants. “Le trauma constitue une effraction physique et psychique chez l’enfant avec une menace réelle de mort pour lui ou ses proches. On parle de trauma lorsqu’on est face à des catastrophes naturelles ou des attentats par exemple.”

Sans rentrer dans des réflexions poussées, Dr Soraya Doghmi préconise de mettre des mots sur ce qui s’est passé et de l’expliquer aux enfants “avec le langage qu’ils peuvent entendre, et sans les placer en situation traumatique”, tout en insistant sur l’origine naturelle de la catastrophe. “Le séisme est un événement naturel et c’est important de le souligner et le distinguer des attentats qui sont les faits d’une personne ayant la volonté de faire du mal, de nuire. Cela n’a pas le même impact sur la réaction psychologique de l’enfant.”

Autre chose à expliquer aux petits est le caractère collectif et isolé d’un tremblement de terre. “Le séisme a été vécu de manière collective. Tout le monde a vécu cet événement traumatisant, à des degrés différents bien sûr, mais il faut expliquer la dimension collective du vécu. Il s’agit également d’un événement isolé. Il y a eu des petites récurrences mais il y a peu de risque pour que cela se reproduise dans un future proche”.

Rester attentif aux symptômes qui doivent alerter

Ce traumatisme collectif n’a pas affecté tout le monde de la même manière, physiquement et psychiquement. Selon Soraya Doghmi, il y a plusieurs facteurs qui peuvent impacter les réactions post-séisme. 

”Il existe deux types d’exposition : celui qui a été exposé directement à cette menace de mort et celui qui a été exposé de manière indirecte via les réseaux sociaux et canaux d’information. Chaque enfant est bien sûr différent et la réaction ne sera pas la même en fonction du vécu ou de la personnalité et des fragilités de chacun.”

Ce large éventail de réponses peut mener au retour rapide à une vie normale pour certains ou encore à des réactions plus complexes pour d’autres, impliquant “de l’hypersomnie ou insomnie, des cauchemars, des maux de têtes, un refus d’aller à l’école, des comportements régressifs, faire pipi au lit, s’accrocher aux jupons de sa maman.” Autant de signes auxquels il faut rester attentif selon la pédopsychiatre.

Accueillir l’expression de l’enfant sans insister

Selon Soraya Doghmi, l’adulte est, pour l’enfant, le premier rempart contre tout ce qui vient de l’extérieur. La présence d’adultes rassurants et sécurisants est importante. La réaction des parents au moment du drame joue un rôle important dans le processus de guérison. “Les parents qui se sont montrés rassurants vont installer ce sentiment de sécurité chez leur enfant alors que les parents qui ont paniqué vont un peu compliquer les choses. Le plus grand désarroi arrive lorsqu’un enfant ne croit plus en son adulte référent qui, parfois, est trop traumatisé pour être en capacité de le protéger…”  

Pour ceux qui ont été directement touchés par le séisme, la pédopsychiatre conseille de ne pas revenir sur le trauma de manière maladroite. “Bombarder l’enfant de questions peut s’avérer contre-productif. Le thérapeute est là pour accueillir la parole de l’enfant quand il veut bien la dire et avec la manière qu’il veut. Cela peut être un dessin, un jeu, ou autre…”

Pour les enfants à besoins spécifiques, présentant de l’autisme, la psychose ou des troubles avérés, Dr Doghmi recommande “un suivi régulier”.

Reprendre le contrôle

Selon la psy, les enfants qui ont vécu ce traumatisme de près ou de loin vont avoir besoin de réacquérir un sentiment de sécurité à travers des expériences positives et le réconfort que pourrait leur apporter le soutien psychologique social et familial.

“Ce qui a été thérapeutique sur le coup c’est l’entraide, la communion et le secours qui ont tout de suite été mis en place au profit de ces populations. Le fait d’installer des écoles, des jeux sur place, est très constructif”, explique Soraya Doghmi. Et de poursuivre: “Beaucoup d’enfants issus de zones éloignées de l’épicentre ont donné des jouets, des habits et participé activement aux gestes de solidarité et ça c’est une reprise de contrôle. C’est réparateur.”

La pédopsychiatre souligne également le contexte social et religieux qui crée la différence. “Le rapport et le sens que l’on donne aux catastrophes naturelles chez nous aide énormément à surmonter le choc. Nous sommes un peuple résilient. Les orages, les inondations ou encore les séismes…  Quand cela vient du ciel, on accepte notre sort et on avance.”

Enfin, Dr Doghmi souligne l’importance de redonner à ses enfants des repères dans le temps et l’espace et de les aider à reprendre rapidement leurs routines habituelles à savoir aller à l’école, recommencer les activités habituelles, les jeux…

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