Jeûner et allaiter, un dilemme pour les mamans

Pour les mamans allaitantes, le mois de Ramadan peut être source de questionnements et de difficultés. Peut-on pratiquer le jeûne lorsque l'on nourrit son enfant au sein ? Y a-t-il des risques pour la mère et le bébé ? Quels aliments privilégier et comment maintenir sa lactation ? Réponses des spécialistes.

C’est un fait. L’allaitement maternel a de nombreux avantages tant pour la mère que pour l’enfant. “Les bienfaits de l’allaitement maternel exclusif sont reconnus aussi bien sur le plan nutritionnel que sur le plan affectif. Il permet le développement harmonieux et l’épanouissement de l’enfant par les hormones de l’attachement qu’il mobilise et le comportement de maternage qu’il implique. Le lait maternel contient des facteurs anti-infectieux, il a une action préventive des phénomènes atopiques, il réduirait le risque d’obésité et de diabète”, confirme l’équipe du Service de Néonatologie du Centre National de Référence en Néonatologie Hôpital d’Enfants Rabat. Mais lorsque cette période d’allaitement coïncide avec Ramadan, se pose alors chez les mamans allaitantes une question lancinante : “Vais-je mettre mon bébé en danger si je jeûne ?”. Une question légitime puisque le jeûne implique de s’abstenir de manger et de boire pendant 16 longues heures…  Les mamans allaitantes se retrouvent ainsi tiraillées entre leur envie d’accomplir leur devoir en tant que musulmane et leur crainte pour leur santé et celle de leur enfant.

Jeûne et qualité du lait

Tout d’abord, il est important de noter que plus le bébé est jeune plus la lactation sera impactée. “Avant 4 mois, la lactation n’est pas complètement mise en place et subit des fluctuations quasi quotidiennes. Jeûner pendant cette période de 0-4 mois reviendrait alors à prendre un risque assez conséquent. Au-delà des 4 mois, le risque diminue, mais ne disparait pas”, explique Myriam El Haddioui, Consultante en allaitement certifiée et auteure de “Enfin parents”.

Bien entendu, toutes ces indications dépendent de plusieurs autres facteurs comme la santé de la maman, l’état de la lactation de base, les heures de jeûne, l’activité professionnelle de la maman… “Chaque maman doit évaluer tous ces facteurs avant de prendre la décision de jeûner, car un impact sur la lactation pourrait être difficilement réversible après 30 jours de jeûne. Les journées sont longues et les températures grimpent, ce qui entraîne une déshydratation assez rapidement”, indique la spécialiste.

Des risques pour la mère et le bébé ?

L’allaitement demande beaucoup d’énergie à la mère allaitante qui a besoin d’un apport calorique important pour répondre à ses propres besoins et à ceux de son enfant. “Pendant le jeûne, certaines mamans peuvent ressentir des étourdissements, une grosse fatigue ou une déshydratation. Si la maman allaitante se retrouve face à une de ces situations, il est recommandé de reporter son jeûne pour une autre fois”, précise pour sa part Lilia El Mghari, consultante périnatale. Quant au bébé, il existe quelques signes indiquant une baisse de lactation, nous apprend Myriam Haddioui. “Bébé ne mouille plus ses couches comme à son habitude, bébé s’énerve au sein, vous ne sentez plus les montées de lait comme à votre habitude, la quantité de lait tirée n’est plus le même, ou encore bébé ne semble pas rassasié…”.

La décision de jeûner ou non appartient à la mère, qui doit évaluer les bénéfices et les risques pour elle et son enfant.

Conseils pour une bonne lactation  

Dans le cas où la mère décide de jeûner après évaluation de son état de santé, il faudra qu’elle prenne des précautions pour préserver sa lactation, sa santé et celle de son enfant. Voici les recommandations de nos deux expertes :

1. Privilégier une alimentation saine et équilibrée en favorisant certains aliments comme l’avoine, “sellou” et les dattes pour assurer une bonne lactation tout au long de la journée.

2. S’hydrater entre le “ftour” et le “shour” et boire au moins 1.5 l d’eau/ jour pour éviter la déshydratation chez la mère. 

3. La loi de l’offre et la demande reste le seul moyen pour maintenir la lactation chez la mère allaitante. Il est donc important de ne pas changer de rythme au niveau des tétées au risque d’avoir une baisse de lactation et par conséquent une quantité insuffisante pour répondre aux besoins de bébé.

4. Surveiller les signes de déshydratation, de malnutrition, ou d’infection, chez la mère ou chez l’enfant, et consulter un médecin en cas de doute.

5. La fatigue peut également avoir un impact sur l’éjection du lait, il est important de se ménager et de se reposer autant que possible.

6. S’écouter. Si le corps ne se sent pas suffisamment en forme pour allier abstinence et allaitement, le jeûne pourra être reporté.

Pour conclure, jeûner impactera la lactation à des degrés plus ou moins importants. Les spécialistes conseillent de mettre son allaitement en priorité. Le jeûne pourra être rattrapé quand bébé sera plus âgé ou à la fin de son allaitement maternel tandis qu’une lactation perdue sera peut-être irrécupérable. 

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