Violence conjugale: Quand le silence devient une cage

Prisonnières de leur dépendance financière à leur agresseur, nombreuses sont les femmes qui endurent en silence la violence conjugale. Soukaina en fait partie. Elle nous raconte son histoire.

Les cris sont devenus un bruit de fond, les coups une habitude. Dans l’appartement où elle vit avec ses trois enfants, Soukaina sait qu’un mot de trop peut déclencher la tempête. “Chaque jour, je vis avec cette peur sourde. Comme si une bombe à retardement était cachée dans mon foyer, prête à exploser à tout moment”, nous confie-t-elle. À 34 ans, elle vit sous l’emprise d’un mari qui, autrefois, l’appelait “mon amour”. “Au début, il était attentionné, protecteur. Puis, tout a changé”, lâche-t-elle, la déception perceptible dans sa voix.

Le début de l’engrenage

“J’ai reçu ma première gifle quelques jours après mon troisième accouchement”, nous révèle-t-elle, la gorge nouée. Un simple désaccord, une requête anodine : elle lui demandait un peu d’aide avec les enfants. “Au début,  j’ai voulu croire que c’était un accident. Alors, j’ai accepté, et je lui ai pardonné”, avoue-t-elle avec regret. “Peu à peu, la fréquence des violences a commencé à augmenter. Une insulte, une bousculade, un coup, puis un autre. Aujourd’hui, tout peut déclencher sa colère”, ajoute-t-elle, la voix tremblante.

En dépit des avancées apportées par la loi n°103-13 contre les violences faites aux femmes adopée en 2018,  un obstacle de taille persiste : pour obtenir une protection, la victime doit obligatoirement engager des poursuites pénales contre son agresseur. Soukaïna s’y  refuse. “Je pense à mes enfants. Je ne veux pas qu’ils grandissent sans leur père. J’essaie de leur offrir un semblant de normalité”, se justifie-t-elle. “En plus, je n’ai pas les moyens pour porter l’affaire en justice. Il faudrait que j’aie des preuves, qu’un avocat m’accompagne, et cela coûte très cher.”, poursuit-elle, désespérée.  Derrière le choix de garder le silence, il existe aussi une réalité économique implacable : Soukaina est totalement dépendante financièrement de son mari. “Je n’ai aucune source financière. Si je le quitte, je me retrouverai avec mes enfants dans la rue“, souffle-t-elle.

L’omerta, une prison invisible

Une étude menée par le Haut-Commissariat au Plan en 2019 révèle que 52,1% des femmes marocaines ont déjà subi des violences conjugales. Plus de la moitié d’entre elles se taisent. Pourtant, dès 2018, des unités d’écoute ont été mises en place dans les principaux commissariats du pays pour aider les femmes victimes de violences conjugales. Cependant, pour Soukaina, ce soutien reste inenvisageable. “Je n’ose pas faire le pas. J’ai peur de ce que cela changerait dans ma vie et celle de mes enfants. Je préfère garder le silence”. Pour l’instant, seule sa sœur aînée est au courant de son calvaire. “Elle me dit que je ne dois pas me sacrifier, tout en m’encourageant à faire preuve de patience”.

Au fond d’elle, Soukaina sait que la violence ne s’arrêtera pas. “Il ne s’excuse même plus”, lance-t-elle, le cœur plein de désespoir. Briser l’omerta demande du courage, des moyens et un système prêt à protéger. “Je n’ai pas d’issue. J’endure en silence”, déclare-t-elle, anéantie. Comme des milliers d’autres femmes marocaines, Soukaina attend un changement qui tarde à venir. L’espoir que, demain, le silence ne soit plus la seule réponse possible.

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