On ne peut pas faire l’amour pendant les règles.
faux. Le caractère tabou de cette fausse idée est indissociable du sacré. La menstruation en grec se dit “katamenia” (catimini), signifiant ce qu’on dissimule. Ce tabou peut ainsi prendre autant de figures que de discours, qu’une mère transmet à sa fille : promotion féminine, assomption de la féminité ou, à l’opposé, dysfonctionnement sexuel. Pour certaines femmes, les premières règles sont vécue comme une “castration rouge”, à l’inverse de la ménopause, représentant pour beaucoup, une “castration blanche”. Entre les deux, la femme subit à rythme mensuel lunaire ce que le langage commun appelle les pertes, pour signifier qu’elle n’a pas retenu un éventuel produit de conception. Nous pouvons y voir un jugement dégradant de la sensualité féminine face au maternel, au procréatif. Et cette absence d’emprise renverrait à une divinité maternelle sadique… Pour les hommes, il arrive que les règles puissent les terroriser, les fasciner ou les répugner. Par exemple, dans leur imaginaire, les menstruations renverraient à l’image du sang coulant d’un vagin denté ou d’une bouche de l’une des gorgones de Percée… Bien des femmes et des hommes regrettent de subir cette pause sexuelle, d’autres se délectent de transgresser ce tabou. Pour résumer, il peut y avoir, et heureusement, autant de fantasmes et de formes de sexualité que d’êtres humains.
Il est possible de tomber enceinte durant ses menstruations.
vrai. Cela peut arriver chez les femmes présentant des troubles hormonaux, aboutissant à un prolongement des règles. Mais cela ne se voit pas tous les jours. Du point de vue de la psychanalyse, une telle coïncidence peut évoquer une position triomphale de la femme dans la mesure où les règles ne porteraient plus le caractère prescriptif, rythmé, subi, et les pertes la signification de l’absence d’une grossesse espérée. Elle est aussi comblée qu’une Aphrodite, une déesse de la sensualité, doublée d’une Artémis, déesse de la fécondité et la fertilité !
Les relations sexuelles pendant les règles multiplient les risques de contracter une maladie sexuellement transmissible (MST).
faux. Si l’on doit contracter une MST, pendant ou loin des règles, cela se fera ! Il faut y voir plutôt une justification soi-disant logique qui cache en fait une image inconsciente de souillure causée par la transgression du tabou. Qui dit transgression dit châtiment, un châtiment qui serait d’autant plus sévère que le monde des mères est intégré sous une forme archaïque, primaire.
La libido est aux abonnés absents pendant les règles.
faux. Au contraire, certaines femmes décrivent une libido exacerbée, un vrai embrasement, pendant leurs règles. D’autres en tirent même un plaisir autoérotisme. Il y en a qui apprécient la sensation profonde de lourdeur du bas-ventre, la perception d’un sang chaud riche gluant et collant… Saviez-vous que la littérature en criminologie rapporte plus de viol dans la période menstruelle ! On y raconte même que des femmes ménopausées ont vu leurs pertes revenir avec une expérience amoureuse intense, tellement les débordements de la libido peuvent être déroutants ! Du fond de la jarre remontent aussi des cas d’hommes qui s’extasient devant un bas-ventre en coussinet, un mont de Vénus bien garni, dégoulinant de sang, qui s’apparente pour eux à un retour à la matrice. À chacun son trip ! Mais nous avons également des hommes qui peuvent rester sidérés devant l’ouverture du sexe féminin, devant la jouissance féminine où le sang des règles renvoie à la violence du sexe.
On ne peut pas faire toutes les positions du Kamasutra durant ses menstruations.
faux. Pour ceux qui se délectent de la vue du sang, ils seront servis. Mais cette interrogation suppose qu’on ait trouvé des parades à tous les fantasmes inhibiteurs sus-mentionnés. L’image d’un acte violent jusqu’au sang, sans vergogne, peut renvoyer au dieu Eros, érigé dans toute sa splendeur, versus une Vagina Dentata !
Faire l’amour pendant les règles peut s’avérer douloureux.
faux. Ce sont juste nos fantasmes qui s’interposent entre nous et une sexualité épanouie. Néanmoins, certaines statistiques rapportent qu’une femme sur quatre pourrait avoir des douleurs menstruelles, pour des raisons purement somatiques, en dehors de toute pénétration. À lui seul, ce constat est susceptible de nourrir moult fantasmes masochiques, qui vont alors rallonger la liste des obstacles entre partenaires.
Pendant les règles, une femme atteinte d’endométriose souffre trop pour faire l’amour.
vrai et faux. L’endométriose a une dimension organique réelle qui impose une prise en charge sérieuse par les spécialistes. Les rapports sexuels y sont très compliqués pendant les règles, surtout que l’endométriose inhibe par elle-même la libido. Ceci n’élude en rien la dimension psychologique d’un être en souffrance. S’embraser d’amour suppose un plaisir partagé. Le don de soi n’est pas sensé être un calvaire au nom de l’amour.
Les femmes qui ont des règles irrégulières ont plus de difficultés à tomber enceinte.
vrai. Effectivement, certaines femmes souffrant de troubles hormonaux causés, par exemple, par des ovaires polykystiques, ont une ovulation délicate, leur utérus n’étant souvent pas prêt à la nidation. Par ailleurs, l’histoire de ces patientes met souvent à jour des traumatismes qui donnent un sens à cette difficulté de procréation. Cela peut être un ravage entre mère et fille, un regard du père qui ne se porte pas sur sa fille, une difficulté narcissique où la transmission de la vie est mise en équation… υ