Le Maroc organise la 14ème édition de la Coupe Africaine des Nations (CAN) féminine jusqu’au 23 juillet. Qu’en attendez-vous ?
C’est un évènement très important pour le football féminin marocain qui traduit la volonté et l’attention que porte la Fédération Royale Marocaine de Football (FRMF) pour contribuer au développement et à la valorisation de ce secteur à l’échelle mondiale.
Je suis convaincue de la force, l’énergie et la pugnacité de nos joueuses. Je crois grandement et profondément en notre équipe féminine qui a toutes les armes pour remporter de magnifiques victoires sur le terrain. Aussi, je suis persuadée que le Maroc fera non seulement partie des quatre finalistes, mais pourra aussi remporter la victoire, et qualifiera pour la Coupe du monde !
En août 2020, la Fédération Royale Marocaine de Football (FRMF) a signé un contrat-objectifs avec la Ligue Nationale du Football Féminin, visant à mettre en place les moyens techniques et financiers pour augmenter la pratique du football féminin à l’horizon 2024. À mi-parcours, quel bilan en faites-vous ?
Malgré certaines difficultés, nous sommes sur le bon chemin. Le bilan est techniquement et financièrement positif. Nous avons pu atteindre un bon nombre d’objectifs inscrits dans le contrat signé avec la FRMF, initié conformément aux Hautes Instructions Royales. Sur l’ensemble du territoire, on constate par exemple une nette amélioration des qualités techniques, physiques et tactiques des filles pratiquantes dans les équipes du championnat national, ceci grâce à la stabilité technique et financière que la Fédération a pu garantir. Nous sommes conscients que le développement du football féminin demande beaucoup de patience. La tendance est déjà positive. Et c’est de notre devoir de poursuivre cette dynamique jusqu’à atteindre tous les objectifs escomptés.
Que reste-t-il à faire pour atteindre ces objectifs ?
Pour moi, il faut attendre les résultats finaux pour dresser un bilan et pouvoir corriger ainsi qu’améliorer ce qu’il faut pour optimiser les ressources disponibles et augmenter la performance dans le milieu footballistique féminin. Mais ce que je peux vous affirmer, c’est que l’engagement, la gouvernance et la bonne gestion sont autant de moyens nécessaires et indispensables pour renforcer le développement de ce secteur.
La FRMF professionnalise le football féminin, les médias couvrent davantage la discipline, mais qu’en est-il des sponsors ? Quels regard et intérêt portent-ils aujourd’hui sur votre sport ? Quel jeu voudraient-ils voir se développer sur le terrain ?
Le professionnalisme du football féminin marocain devrait attirer des sponsors. Vous le savez, ces derniers sont dans un rapport gagnant-gagnant c’est-à-dire dans une recherche de retour sur investissement. Aussi, pour obtenir du sponsoring, nos équipes sont dans l’obligation de proposer une meilleure qualité de jeu et davantage de spectacle, un domaine où nous évoluons encore lentement pour le moment.
Pour vous, en quoi le football peut-il être un moyen de promotion de la place de la femme dans la société ?
J’insiste tout d’abord sur la place importante de la femme dans la société. Ceci n’est pas sujet de discussion. Pour moi, le football s’avère être un moyen, ou plutôt un domaine fabuleux dans lequel les femmes peuvent démontrer, encore une fois, qu’elles n’ont rien à envier à leurs homologues masculins. Et puis, je ne pense pas qu’il faille les comparer. Il faut accepter la différence, chacun ayant ses atouts, et faire en sorte que nous les amenions à leur meilleur niveau.
Dans de nombreux domaines, les femmes ont été les grandes oubliées de l’Histoire. Qu’en est-il du football féminin au Maroc ?
Le Maroc est une nouvelle nation du football féminin. Mais cela ne signifie pas qu’il n’y ait pas eu de joueuses dans le passé. Le pays ne les a pas oubliées. Au contraire, je dirai même qu’il est reconnaissant de leur parcours puisque ces anciennes joueuses ont eu la possibilité de suivre une formation diplômante d’entraîneur voire d’intégrer en priorité la direction technique des équipes! Par exemple, Nadia Maqdi, plus connue sous le surnom de Tigana, a été l’une des premières joueuses de la sélection nationale participant notamment à la Coupe d’Afrique des Nations (CAN). Jusqu’à peu, elle était l’entraîneur de l’équipe de Sidi Moumen. Aujourd’hui, après avoir décroché une licence B CAF, elle travaille dans l’équipe dirigeante du centre de formation d’Essaidya. Je pense aussi à Lamia Boumehdi qui s’est occupée du premier projet sport étude en football féminin marocain. Elle fait partie actuellement de la Direction technique nationale (DTN) au sein de la Fédération royale marocaine de football (FRMF) chapeautée par Jamal Fathi.
En étant la première femme présidente de la Ligue nationale du football féminin (LNFF), vous faites partie de ces femmes qui marqueront l’histoire du football féminin. Quelles difficultés avez-vous rencontré dans votre parcours et surtout quelles victoires y avez-vous remportées ?
Je suis passée par plusieurs situations que l’on pourrait qualifier de “difficiles”. Car à mon époque, il était très dur voire impossible de pratiquer le football comme aujourd’hui. Je me rappelle qu’on nous comparaîssait sans cesse aux hommes. Néanmoins, avec le Club municipal de Laâyoune, j’ai pu remporter quatre championnats locaux dont deux en tant que joueuse et deux autres dans l’équipe encadrante. Le Président du conseil municipal, Moulay Hamdi Ould Errachid, a notamment été notre premier soutien moral et matériel. Pour encourager et promouvoir le football féminin, le Club municipal de Laâyoune a également joué plusieurs matches à l’étranger, et reçu à domicile plusieurs équipes européennes comme Barcelone. Grâce à l’engagement, la gouvernance et leadership de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, le football féminin prend son envol. Aujourd’hui, nous avons réussi à obtenir des moyens, inexistants à mon époque, comme des subventions offrant aux clubs une stabilité financière nécessaire à leur développement ou encore l’obligation de contrats pour les joueuses et le staff, garantissant ainsi le respect de leurs droits. La FRMF, sous la direction de Fouzi Lekjaa que je tiens également à remercier pour tout ce qu’il fait pour nous, est engagé avec conviction à nos côtés pour développer et booster le football féminin marocain qui est très prometteur.
Quelle trace, quelle empreinte espérez-vous laisser ?
S’il y a bien quelque chose que j’aimerais que les gens retiennent de mon passage dans la Ligue nationale du football féminin, c’est cette phrase : la réussite ne dépend que de nous. Il y a toujours une opportunité pour ceux qui sont patients et persévérants, qui pensent positivement et croient fermement en leur chance et potentiel tout en évoluant tous les jours. Je crois également en l’organisation comme facteur clé de réussite. Aussi, il est important de participer à ce merveilleux plan et d’œuvrer pour la structuration des équipes féminines et la formation d’un maximum de cadres capables de mieux gérer le football féminin marocain.