Un pas en avant, un pas en arrière

La loi contre les violences faites aux femmes punit le harcèlement dans les rues. Pourtant, près de sept ans après l’entrée en vigueur de cette loi, nombreuses sont les femmes qui ne se sentent pas en sécurité dans l’espace public. C’est le cas de Zineb. Témoignage.

Chaque matin, c’est le dilemme.  Que porter et comment se maquiller pour ne pas attirer le regard des mâles prédateurs ou susciter des remarques sexiste ? Et il n’est pas seulement question d’accorder les couleurs. “Il s’agit de m’habiller pour m’intégrer dans un espace public qui ne m’appartient pas et d’être à l’aise”, explique la jeune architecte de 25 ans. Côté maquillage, la jeune femme se sent obligée d’opter pour un make-up “no make-up look” pour passer presque inaperçue.

Dynamique et ambitieuse, Zineb incarne la jeunesse marocaine contemporaine, aspirant à s’émanciper dans un monde où les femmes font face à des barrières invisibles mais réelles. Pourtant, malgré ses aspirations, elle fait face, comme beaucoup de femmes, à une réalité tenace : celle de l’inégalité de genre dans l’espace public.

Avant de sortir, le jeune femme planifie son trajet en prenant en compte certains paramètres comme les degrés de luminosité et de sécurité. “Je privilégie les grandes avenues et évite les petites rues désertes et sombres”, confie-t-elle.

Car au Maroc, et plus précisément à Casablanca, il faut avoir les moyens de sa sécurité. Habiter dans un quartier où on est en sécurité, c’est payer un prix plus élevé. Pour aller à la plage, il faut préférer celle, privée, pour pouvoir mettre son bikini sans que cela ne soit pris pour une incitation à la débauche. S’attabler seule sur la terrasse d’un café, oui, mais un café huppé. Sortir le soir? Uniquement en groupe ou si on est motorisée. Et la liste est longue ! “La tranquillité et la discrétion s’achètent au prix fort, sinon les gens se substitueront aux parents pour contrôler et vous sermonner sur votre look, vos faits et gestes. Et si un malheur vous arrive, la première question que l’on vous posera c’est qu’est-ce que vous faisiez à tel endroit à telle heure”, se désole-t-elle.

L’espace public, un territoire pour les hommes

La ville a été construite par les hommes et pour les hommes. Pendant que l’homme a la sensation d’être dans un espace dessiné pour lui, la femme ne s’y arrête pas, elle ne fait que passer. L’espace public, dans le cas de Zineb, devient un terrain de lutte. Les rues, les transports en commun, les cafés, sont des lieux de contestation. Chaque décision de se rendre à un endroit est chargée de sens et de défis. Zineb n’est pas seule dans ce cas : de nombreuses femmes partagent ce ras-le-bol. À travers les réseaux sociaux et les associations féministes, un mouvement se dessine pour revendiquer la liberté de circuler et de vivre sans être jugées ni restreintes. “Une génération se bat pour changer les choses, pour nous et pour celles qui viendront après”, dit-elle avec conviction. C’est le cas du mouvement “Masaktach” (je ne me tairai pas) qui défend les femmes harcelées et violées. En septembre 2018, la loi 103-13 relative à la lutte contre la violence envers les femmes, dans l’espace public est entrée en vigueur. Mais même si elle a permis de libérer la parole autour du harcèlement, la réalité est qu’il y a encore du chemin à faire. Et pour preuve, la dernière enquête nationale sur la prévalence de la violence faite aux femmes publiée par le Haut-Commissariat au Plan, indique qu’elles sont 57 % à être victimes de violences sur tout le territoire, soit plus d’une femme sur deux.

Malgré ces obstacles, Zineb reste optimiste. Dans cette lutte quotidienne pour l’égalité, la jeune femme  incarne l’espoir d’une jeunesse prête à braver les normes établies, à briser les tabous et à faire entendre sa voix.

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