L’école à la maison, plus connue sous l’anglicisme homeschooling, fait partie de ces méthodes dites alternatives aux systèmes scolaires traditionnels, qu’ils soient publics ou privés. L’idée est simple : permettre à l’enfant de suivre un programme scolaire officiel à la maison, sous la supervision de ses parents et/ou d’intervenants extérieurs.
La pandémie a consacré cette pratique qui existait déjà au Maroc. Elle s’inscrit dans le cadre des aménagements pédagogiques pour certains enfants ou adolescents en difficulté scolaires mais surtout sociales comme le refus scolaire. La problématique du harcèlement scolaire est aussi un facteur qui favorise le recours au système d’enseignement à distance. Dans des situations plus rares, certains parents optent pour le homeschooling lorsque leurs déplacements fréquents entre différentes villes ou pays rendent difficile le suivi d’une éducation traditionnelle pour leurs enfants.
Le monde du homeshooling est riche en offres qui s’adaptent aux besoins de chaque famille. Il faut savoir que l’enseignement national n’offre pas de “homeschooling”. Les enfants qui choisissent l’école à la maison et optent pour le système public doivent suivre le programme du Ministère de l’Éducation Nationale (MEN) et passer les examens en tant que candidat libre.
Ce type d’approche éducative est surtout proposé par des organismes étrangers, tels que des institutions françaises, canadiennes et américaines. Il est ouvert aux enfants de tous âges et de toutes nationalités. Les écoliers peuvent ainsi suivre le programme du système public français dispensé par le Centre national d’enseignement à distance (CNED) français. Via une plateforme en ligne, le CNED propose en effet un enseignement libre, à la carte ou réglementé, sous conditions (si l’enfant est souffrant, si la famille est contrainte de voyager fréquemment, ou si l’enfant poursuit un cursus sport-études de haut niveau).
L’enseignement à distance proposé par la Belgique (EAD) est également convoité par les Marocains. Bien qu’il n’aboutisse pas à l’obtention d’un diplôme, il délivre une attestation de scolarité sur demande. Le système anglophone offre, pour sa part, de nombreux programmes d’enseignement en ligne, mais le prix élevé des cours décourage beaucoup de parents… Plusieurs autres écoles privées proposent par ailleurs l’enseignement à distance via des classes virtuelles ou à la carte selon l’envie et les besoins de l’écolier.
Comment ça marche ?
Pour le CNED, les écoliers se soumettent à des évaluations régulières. Cela se traduit par trois évaluations en ligne par an, soit une à la fin de chaque trimestre et les corrections sont effectuées par des enseignants agréés. À l’issue de la fin de chaque cycle, les élèves inscrits au niveau du système français, se présentent en candidats libres aux examens du brevet et du baccalauréat0. Quant aux Canadiens et Américains, les évaluations sont menées conformément aux normes du système d’enseignement traditionnel. Enfin, il est important de souligner que dans les pays, où le homeschooling est réglementé, les cours à domicile font l’objet d’une inspection du ministère de tutelle et les formations sont diplômantes. Les mêmes règles s’appliquent aux organismes qui opèrent au Maroc.
Combien ça coûte ?
Le coût du homeschooling varie d’un organisme à l’autre. Le CNED facture 8 000 DH par an (primaire/collège) et 10.000 DH par an pour le lycée. C’est ce même tarif qui est proposé par les autres écoles de l’enseignement français. Le système canadien requiert 6.000 DH par matière et par an. Pour les élèves du primaire, il y a quatre matières, notamment les mathématiques, l’anglais, SVT et l’histoire géographie. Au lycée, les parents doivent s’acquitter du prix de 10 matières par an.
Pour le système américain, les frais de l’école à domicile varient entre 10.000 et 100.000 DH par an en fonction des niveaux. Si pour le CNED, les emplois du temps sont organisés par les parents, pour les deux autres organismes, les cours sont dispensés entre 16 h et 20 h.
Les raisons d’un choix
Les parents qui choisissent l’école à la maison pour leurs enfants le font pour plusieurs raisons. D’abord, les frais d’inscription et de scolarité aussi bien dans les missions étrangères que les écoles privées nationales sont devenus exorbitants pour de nombreux parents qui préfèrent le homeschooling, beaucoup plus abordable.
L’école à la maison est aussi une bonne alternative pour les parents qui travaillent à domicile ou qui se déplacent beaucoup. Elle leur permet de veiller directement sur leur enfant et de suivre son apprentissage où qu’ils soient. “Assurer un enseignement continu à son enfant, le cadrer et l’accompagner selon son rythme permet un plus grand épanouissement personnel et une confiance en soi”, explique Ghizlane Benjelloun, pédopsychiatre. Enfin, “le homeschooling permet d’éviter une déscolarisation définitive qui constitue un risque réel. Par ailleurs, l’enfant ou l’adolescent est mieux protégé du harcèlement et subit moins de stress et de dépression inhérente au scolaire institutionnel”, poursuit-elle.
Les points faibles
“Les principaux inconvénients sont la désocialisation progressive car le risque dans tout évitement c’est de ne plus pouvoir affronter ce qui est anxiogène”, explique la pédopsychiatre qui conseille aux parents les activités parascolaires afin de permettre à l’enfant de sortir de sa bulle et ne pas rester isolé. L’autre risque encouru est celui de continuer à subir le harcèlement… “Le phénomène du harcèlement entre élèves existe depuis toujours mais aujourd’hui, de plus en plus d’enfants sont aussi victimes de cyberharcèlement. Avec l’école à la maison, le harcèlement peut se prolonger au domicile”, alerte la spécialiste.
Enfin, le manque de pédagogie des parents peut altérer la bonne maîtrise des connaissances prévues au programme scolaire et surtout le mode de transmission du savoir.
