L’amour si fort, si léger

“L’amour poétisé, idéalisé, héroïsé, s'est dilué en prenant des trajectoires et des formes différentes.”

Au mois de février dernier, la fête de l’Amour m’avait inspiré un texte commençant par : “L’Amour c’est aussi une fraîche et onctueuse mie que deux mains auraient généreusement pétrie avant de la couvrir soigneusement pour la faire lever. Une mie dorée, délicatement parfumée que nous enveloppons de gras et de douceurs, et elle nous emporte, au gré des senteurs choisies …”

Je ne me rappelle plus des circonstances qui m’ont amené vers cette assimilation somme toute gourmande de l’Amour. Ce qui est probable, c’est que je fais partie d’une génération qui a vécu la transformation de l’Amour ou de la perception que nous avons de ce sentiment très fort qui lie un couple et que nous vivons différemment à travers ses histoires qui ont, de tous les temps, fait délier des langues, couler beaucoup d’encre, et noirci des pages et des pages, nourrissant l’imaginaire de générations entières à travers le globe. 

Dans ma jeunesse, pratiquement toute la littérature (d’abord les contes puis les romans) que j’ai lue et où il était question d’Amour, se terminait soit dans le sens : “Et ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants …” ou dans le sens opposé, à savoir “une fin douloureuse où l’amour apporte séparation et tragédie”.  L’Amour nous était représenté comme ce lien fort et indéfectible qui naît entre un homme et une femme, qui fait faire des miracles, franchir des montagnes, braver des dangers et anéantir des âmes. 

Un amour chanté, rêvé, idéalisé, où souvent la fille est dans l’attente de la manifestation de l’homme, de sa révélation et de sa déclaration d’amour pour vivre ensemble “d’amour et d’eau fraîche”, l’amour étant représenté comme le miracle et l’unique raison d’être. Dans la fiction, on fonde des familles joyeuses par amour, on tue par amour, on venge par amour, on mène des guerres par amour. 

Amour torride, amour fou, amour intrépide, amour tragique, amour interdit … à chaque temps, chaque époque, chaque société, là ou les formes d’amour les plus vantées.

L’amour poétisé, idéalisé, héroïsé, s’est dilué petit à petit, prenant des trajectoires différentes, des formes différentes. Un amour sur lequel ont pris le dessus d’autres choses de la vie, le rendant plus cérébral, plus pragmatique, calculateur, matériel, éphémère et volatile. 

Alors, est-ce l’amour qui a changé avec le temps ou est-ce que ce sont les Hommes qui ont changé et que de ce fait, leur manifestation de ce sentiment a changé aussi ? L’amour est de plus en plus accessible voire mécanique, moins subtil, plus extraverti, et paradoxalement platonique. Les nouvelles technologies ont installé cela graduellement, exacerbant la nostalgie des personnes comme moi à tout ce que représentait l’amour avant.  

Même dans la fiction, notre perception de l’amour change, en effet. Il prend de nos airs et des airs de notre temps. Il est tout aussi présent dans la littérature, mais banalisé, normalisé parmi les autres valeurs qui régissent la relation entre deux personnes. Il s’est immatérialisé passant à travers des câbles et des réseaux. Disséqué dans les livres de développement des personnes, on lui dresse des schémas pour mieux l’aborder et le vivre pleinement. On l’affranchit de toute condition mis à part un amour préalable, celui de soi.

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