Latifa Akharbach, l’œil critique des médias

Ancienne journaliste et ex-diplomate, Latifa Akharbach est à la tête de la Haute Autorité de la Communication Audiovisuelle (HACA) depuis 2018. Portrait d’une féministe hyperactive, d’une humaniste engagée.

C’est dans son immense bureau logé au 4ème étage de la Haute Autorité de la Communication Audiovisuelle (HACA) que Latifa Akharbach nous accueille entre deux rendez-vous. La présidente a un agenda très chargé. Elle court… avec plaisir. “Je crois à la valeur du travail”, dit-elle naturellement. “À mes yeux, travailler n’est pas un choix douloureux. Au contraire.” Et d’enchaîner : “Cette institution me passionne ! Sa mission est multiple : elle doit veiller à la promotion de la culture des droits de l’Homme, de l’égalité et de la parité ainsi qu’au respect du pluralisme linguistique, culturel et politique de la société marocaine, à l’expression pluraliste des courants d’opinion et de pensée et au droit à l’information. Sa contribution y est extraordinaire.” Et essentielle. Le cheval de bataille de Latifa Akharbach ? Le respect des droits humains dans les contenus audiovisuels. “Une meilleure représentation des femmes dans l’espace médiatique va de soi”, lâche-t-elle. “Je suis féministe et ce n’est pas un gros mot”, indique-t-elle. “C’est un beau combat qui
ne s’importe pas mais se construit à travers son identité”. Aussi, est-il évident pour elle de nous montrer deux photos exposées dans son bureau. La première est celle de SM le Roi Mohammed VI entouré des mères des Lions de l’Atlas. Une image prise après l’exploit de l’équipe nationale à la Coupe du Monde au Qatar en 2022. “C’est pour moi l’une des photos qui représente le mieux la sollicitude royale envers les femmes”, appuie-t-elle. La seconde : une archive sur laquelle se trouve feue Latifa Al Qadhi, la toute première speakrine de la radio marocaine. “Cette image renvoie, tout comme la précédente, à la performance et l’apport des femmes dans notre société”.

Ses forces, ses motivations, ses passions
Née le 20 juillet 1960 à Chefchaouen, Latifa Akharbach a grandi dans une famille modeste. “Je suis une fille du peuple”, sourit-elle = fièrement. “Mon père parlait trois langues et ma mère était analphabète, ce qui la rendait malheureuse…”, confie-t-elle. Résultat : Latifa suit rigoureusement ses cours. Sa soif de connaissance étant insatiable, elle a le monopole de première de classe. “J’ai réalisé très tôt que l’école était un espace d’épanouissement et d’accomplissement de soi”, se rappelle cette femme bienveillante. Son premier amour ? Le journalisme. Après le baccalauréat, elle abandonne ses études en mathématique pour intégrer l’Institut Supérieur de l’Information et de la Communication de Rabat (ISIC) où elle en devient directrice de 2003 à 2007. “C’est un métier passionnant au service du lecteur à qui on donne les clefs de compréhension du monde”, explique celle qui a toujours été inspirée par des femmes anonymes. “Je les admire”, s’exclame-t-elle. “Elles se lèvent, souvent à l’aube et sans se plaindre, pour aider leurs familles, leur pays. En outre, elles se battent contre des freins internes.”

Reconnue et respectée
Le CV de Latifa Akharbach est fourni. Riche. À son compteur, une longue expérience en consulting international dans le domaine du journalisme, de la communication et de la formation des journalistes, la co-rédaction de deux livres sur les conditions des femmes au Maroc ou encore des responsabilités politiques. Entre octobre 2007 et janvier 2012, elle a été membre du gouvernement au poste de Secrétaire d’État aux Affaires étrangères et à la Coopération. “Je serai toujours reconnaissante à Sa Majesté le Roi Mohammed VI pour ce geste de haute sollicitude royale adressé à ma petite personne, moi, la fille du peuple…”, réitère-t-elle. “Quelle responsabilité !”. En 2013, cette férue de travail est nommée Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire du Royaume en Bulgarie et en Macédoine. En 2016, elle le sera en Tunisie. “Je n’ai jamais pris ces nominations comme une récompense personnelle mais plutôt comme des défis à relever soigneusement pour l’intérêt général”, affirme-t-elle. Une longue carrière donc, qui n’a jamais été entachée par le sexisme, comme elle l’assure. “Si vous vous posez tout de suite en égal intellectuel, cela vous facilite la vie !”, plaide-t-elle, avant de pester :
“Le sexisme existe, ce n’est pas une vue de l’esprit !” Pour l’actuelle présidente de la HACA, l’infantilisation envers les femmes est l’une des pires formes de misogynie. “Il ne faut pas que nous, les femmes, soyons dans l’inaction par manque d’estime de soi”, enchérit-elle. “Osons ! Tout comme les médias ont le devoir de le faire pour rendre audible les voix des femmes !

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