La nomination d’une femme comme Premier ministre en France a déclenché des réactions pour le moins révoltantes, que ce soit de la part des médias internationaux ou des hommes politiques français. Ceci en dit long sur le chemin qui reste à parcourir pour améliorer l’évolution des mentalités et faire accepter que la femme, à l’instar de l’homme, puisse accéder à des hauts postes de responsabilité et de pouvoir.
En effet, depuis la nomination de Madame Elisabeth Borne au poste de Premier ministre en France, la seule qualité qu’on lui a trouvée est le fait d’être une femme. Peu importe sa compétence, son vécu ou ses réalisations…
D’aucuns diraient que ce n’est pas plus mal, puisque cette qualité de genre lui permettra de mieux appréhender les problèmes sociétaux et politiques, résoudre les questions liées aux augmentations des prix et la baisse du pouvoir d’achat, de la guerre qui guette à l’Est ou des problèmes de l’insécurité… Le souci c’est que trop peu de médias abordent la chose sous cet angle. Ce qui est plutôt mis en exergue c’est que cela fera “bien” pour engranger des voix lors des prochaines élections législatives.
Déjà, Il y a 30 ans, quand Edith Cresson a été nommée au poste de Premier ministre par François Mitterrand, le traitement par tous les observateurs et commentateurs de cette première dans l’histoire politique de la France tournait autour du genre du Premier ministre et non de sa capacité à gouverner. La pauvre dame n’a pu passer qu’une seule petite année au pouvoir, car nommée le 15 mai 1991, elle fût éjectée le 2 avril 1992. Ce fût humiliant et très douloureux pour toutes et tous ceux qui croyaient que la misogynie dans la société française avait disparu.
On pourrait croire que la gauche française faisait exception dans l’utilisation de la femme comme argument marketing, mais en 1995, c’est-à-dire, trois ans à peine après, Alain Juppé alors Premier ministre nomma 12 femmes dans son gouvernement. Elles ont vécu 6 mois au sein de l’Exécutif avant de se faire remercier. L’affront est d’autant plus grand qu’elles sont restées dans l’histoire sous le nom de “Jupettes”.
Alors, si en France, une société occidentale qui a toujours mis en avant son féminisme et sa défense, au moins sur le papier, des droits des femmes, on les traite de la sorte, il serait légitime de se poser la question sur cette grande hypocrisie politique. Les lois et les droits inscrits dans le code civil ne vont pas de pair avec une mentalité machiste qui accepte que la femme demeure un simple faire-valoir, mais en aucun cas l’égal de l’homme.
Dans nos sociétés dites orientales, le chemin est encore plus long pour atteindre cet objectif. Il n’y qu’à voir comment on s’acharne dans la critique de nos femmes politiques ou nos femmes d’affaires quand elles font l’actualité. En dépit de leurs compétences et potentiels avérés et les indications objectives de mérite, en l’occurrence, l’excellence et les bonnes performances des filles par rapport aux garçons dans l’enseignement, le constat, in fine, est que l’homme garde toujours le pouvoir.
Aujourd’hui, en 2022, la femme demeure encore chez nous un faire-valoir ! C’est dire que le combat est interminable et que peut-être dans un siècle, nous aurons encore à revendiquer les mêmes traitements et les mêmes droits que l’homme. Ce qui est de nature à décourager les plus téméraires. Mais, cela ne doit pas nous faire oublier le chemin parcouru, les acquis et les souffrances de nos mères et grands-mères pour nous inciter à continuer le combat.
Parlons des droits des femmes pour la énième fois…