Vous faites partie du jury du FIFM. Qu’est-ce que cela représente pour vous ?
Je suis très heureuse et honorée de faire partie de ce magnifique jury présidé par Paolo Sorrentino et composé de la réalisatrice danoise Susanne Bier, l’acteur et producteur américano – guatémaltèque Oscar Isaac, l’actrice britannique Vanessa Kirby, l’actrice allemande Diane Kruger, le réalisateur australien Justin Kurzel, la réalisatrice et actrice libanaise Nadine Labaki et de l’acteur français Tahar Rahim. Hormis mon admiration, je trouve cela très intéressant de partager nos points de vue sur les films en lice qui viennent du monde entier car nous avons des background un peu différents. C’est une magnifique expérience ! La sélection des films en compétition est très belle. Je suis aussi très contente de revenir au FIFM après deux d’absence en raison de la pandémie de Covid-19 ainsi que de revoir les salles de cinéma pleines. Cela fait du bien !
Quelle est la beauté mais aussi la difficulté de ce rôle ?
Je prends mon rôle humblement en me disant que je suis une jeune réalisatrice. Ce qui m’importe, c’est avant tout de reprendre mon rôle de spectatrice, à savoir être attentive à ce qui me touche ou encore à la manière dont le film a été réalisé. Ce qui est également intéressant, c’est la sensibilité de chacun des membres du jury. L’altérité est toujours très enrichissante.
Comment trouvez-vous la sélection des films en compétition au FIFM ?
C’est un peu compliqué de vous répondre aujourd’hui parce que nous n’avons pas encore fini de visionner tous les films en lice. Ce que je peux dire, c’est que j’ai l’impression que le Covid-19 a eu un impact. Les sujets traités sont un peu lourds, dépressifs par moments. La pandémie a été une période très difficile et compliquée. Nous ne pouvons pas l’occulter. Elle fait partie de nous. Pour le moi, le XXIème siècle commence maintenant. Le Covid-19 nous a fait basculer ailleurs. Je le ressens peut-être dans la sélection des films du FIFM. Mais j’attends encore de voir la totalité des longs métrages en lice pour me faire une meilleure idée sur la question.
Dans plusieurs de vos œuvres cinématographiques, le rapport à l’amour est central. Pourquoi ce sujet vous fascine-t-il ?
Je crois qu’on est tous guidé par l’amour. C’est ce qui nous anime le plus et nous définit également. Sans amour, on meurt…
Pensez-vous que ce sujet soit tabou pour la nouvelle génération ?
Je ne pense pas. C’est plutôt une question de pudeur. La langue arabe est remplie de poésie. Aussi, il y a une façon poétique de parler d’amour. C’est peut-être ça que nous avons un peu perdu mais que nous devons retrouver.
Vous travaillez actuellement sur votre prochain long-métrage sur le sort des travailleuses marocaines, les Dames de fraises, en Espagne ? Qu’est-ce qui vous a poussé à aborder ce sujet ?
Les histoires et le sort de ces femmes me touchent. Elles partent travailler en Espagne pensant s’émanciper économiquement alors qu’en réalité, c’est l’enfer pour la plupart … Vous imaginez l’espoir, le sacrifice et la déception voire l’horreur pour ces femmes qui sont obligées de laisser derrière elles leur famille… Et puis, je trouve essentiel de leur donner la parole. On leur confisque. On entend toujours les mêmes personnes parlées, celles qui manient bien le langage. C’est une injustice.
A quel stade en êtes-vous ?
Je suis en train de finir le scénario.