Fatiguées du 8 Mars

“Nous sommes en 2020, et aucune logique ne justifie d’accepter ce statut quo”.

Comment passer le message à nos élites politiques que l’avenir de cette nation est directement lié aux droits réservés aux femmes dans ce beau pays ? Combien d’éditos et combien de manifestations faudra-t-il encore “commettre” pour que les choses bougent enfin ?

Combien de 8 mars va-t-on encore célébrer avant la délivrance ?

En effet, depuis la profonde refonte de la Moudawana par Sa Majesté, aucune amélioration du statut juridique de la femme n’a vu le jour. Le mariage des mineures, en nombre croissant à cause des dérogations délivrées à tout venant, surtout en milieu rural, est la preuve que l’élan initié par le souverain a été vite freiné par les exécutants sur le terrain.

La loi sur le “FASSAD”, autrement dit le délit des relations intimes hors mariage, et qui constitue actuellement le principal point d’achoppement dans le débat sur les libertés individuelles, est payée surtout par les femmes. L’inégalité devant la loi constitue toujours l’essentiel de cette injustice subie par la femme marocaine. Souvent ce sont deux poids deux mesures…

Les récentes affaires dont s’est saisie l’opinion publique choquent à plus d’un titre. Comment un acte auquel ont pris part deux citoyens et qui est répréhensible par la loi peut-il être traité différemment selon le genre ?

Que dire des iniquités de l’héritage ? Que dire du harcèlement dans nos rues ? Que dire de l’inégalité salariale entre les hommes et les femmes ? Que dire du droit de disposer de son corps ? Que dire du droit à l’IVG après un viol ou sans d’ailleurs ?

Que dire et que dire de toutes les injustices commises à l’encontre des femmes, cette moitié de la population ?

Dans l’approche du changement, nous avons perdu beaucoup de temps à analyser le pourquoi au lieu de focaliser notre attention sur la trame du problème. Comme si, au fond de nous-mêmes, nous cherchions à trouver des justifications à notre malheur : patriarcat, machisme de la société, mentalités rétrogrades, poids des traditions et de la religion, etc.

Dans cette radioscopie sombre, les acteurs de la société civile et les médias sont bien timides. Le plafond de verre pèse aussi sur la scène politique où la représentation féminine brille par son absence. En fait, les forces vives n’ont pu peser sur le changement tant attendu, car chacun joue dans son carré, sans concertation ni vision commune.

Pourtant, les choses sont très simples, il suffit de mettre en place des actions fortes pour réclamer haut et fort nos droits… tous nos droits ! Et laissons les analyses aux sociologues et historiens. Nous sommes en 2020, et aucune logique ne justifie de continuer à accepter de garder ce statut quo.

Faisons de 2020 l’année du sursaut et mobilisons-nous pour nos droits et peut-être qu’après, il n’y aura plus de 8 mars à fêter…

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