Travail des petites bonnes et mariage précoce
Meriem Othmani, présidente de l’Institution Nationale de Solidarité avec les Femmes en détresse (INSAF)
“Depuis plus de vingt ans, l’INSAF plaide, aux côtés d’autres partenaires, pour l’amélioration des droits des bébés nés de mères célibataires. Elle lutte également contre le travail des enfants. Même si les résultats obtenus sont très satisfaisants, le combat n’est pas pour autant terminé. Il nous faut encore aujourd’hui agir pour :
υ supprimer l’article 20 du Code de la famille qui prévoit que “le juge de la famille chargé du mariage peut autoriser le mariage du garçon et de la fille avant l’âge de la capacité matrimoniale (…), par décision motivée précisant l’intérêt et les motifs justifiant ce mariage.” En clair, les juges ont la possibilité d’accorder des dérogations autorisant des mariages de mineur(e)s.
υ renforcer le travail autour de l’usage des mariages coutumiers. Même s’ils sont en total opposition avec notre législation, ils sont pourtant et toujours pratiqués dans certaines zones enclavées.
υ changer la procédure d’abandon des bébés nés hors mariage qui oblige les mères à se présenter dans un commissariat et un tribunal.
υ modifier le statut de la Kafaka qui permet à la mère biologique de récupérer son enfant déjà confié à la garde d’une famille. Cette disposition décourage ainsi de nombreux foyers à opter pour l’adoption.
υ permettre à toute mère célibataire d’obtenir un livret de famille.
υ reconnaitre l’ADN comme preuve de reconnaissance de paternité pour un bébé né hors mariage.
υ permettre aux femmes divorcées de se remarier sans perdre pour autant la garde de leurs enfants. L’article 173 du Code de la famille donne la possibilité au père de retirer la garde de l’enfant à sa mère si celle-ci se remarie.
υ revoir les conditions d’héritage Taâssib qui prive les femmes au profit d’un membre mâle de leur famille quand elles n’ont pas de frère.
υ autoriser l’interruption volontaire de grossesse dans les cas d’inceste, de viol et lorsque la vie de la femme est en danger.
Tout en soulevant ces problématiques et manquements, nous restons persuadée que les mesures à même de les corriger sont de nature à préserver la dignité et l’intégrité des femmes et des enfants de notre pays.”