Lutte contre les violences faites aux femmes
Bouchra Abdou, militante féministe et directrice de l’Association Tahadi pour l’Égalité et la Citoyenneté (ATEC)
“Le mouvement féministe n’a jamais manqué de pointer du doigt les faiblesses et les entraves au développement et à l’émancipation des femmes marocaines. Les violences faites aux femmes en font partie. Malgré certaines avancées dans ce domaine, une large frange de la population féminine souffre toujours au Maroc. Aussi, nos attentes sont nombreuses et pressantes. Nous réclamons ainsi le respect de la Constitution de 2011 en mettant notamment en oeuvre l’Instance de la parité et en élaborant un vaste plan de réformes en lien avec les valeurs instaurées par la Constitution et les normes des conventions internationales ratifiées. Nous appelons également à une réforme de la Moudawana à travers notamment l’abrogation des articles 20 et 21 autorisant sous conditions le mariage des mineur(e)s, l’instauration du principe d’égalité en matière de tutelle de l’enfant (pour rappel, en cas de divorce, le père est le tuteur légal de son enfant et la mère, la gardienne de ses droits), ou encore en généralisant l’amendement 49 qui évoque le partage de biens à travers un contrat conclu indépendamment de l’acte de mariage pour la gestion des biens acquis pendant le mariage. Nous demandons aussi une réforme du Code pénal et de la loi n°103-13 afin que les notions et concepts juridiques soient définis et précisés, que le champ d’application des violences numériques soit élargi, que les structures d’accueil pour les femmes victimes de violence et expulsées de leur domicile conjugal soient mises en place et que le viol conjugal soit enfin reconnu. Dans le même sens, nous exigeons l’abrogation de l’article 490 du code pénal criminalisant les relations hors mariage ainsi que la réforme de la loi n° 37-99 relative à l’état civil dans le respect de l’humanité de la femme et de l’intérêt supérieur de l’enfant. Nous attendons enfin que le nouveau gouvernement veille à l’application effective de la loi 19.12 relative au travail domestique afin de protéger les droits des travailleuses domestiques et de mettre fin à l’exploitation des petites filles.”