Gouvernance au féminin
Laila El Andaloussi, présidente de Wimen
“Le prochain gouvernement devrait s’atteler à réduire “la discrimination de fait” qui sévit dans notre société : l’activité économique et le pouvoir de décision sont accaparés par des hommes, comme cela est corroboré par les statistiques nationales et études internationales s’intéressant au genre. Cette situation n’est pas en conformité avec l’article 19 de la Constitution de 2011 qui prévoit que l’Etat œuvre à la réalisation de la parité entre les hommes et les femmes. Toutefois, nous nous devons de saluer le projet de loi 19.20 modifiant et complétant la loi 17-95 relative aux sociétés anonymes, adopté en juin dernier par la chambre des Représentants. Ce dernier impose aux sociétés anonymes faisant “appel public à l’épargne”, d’atteindre un taux de présence des femmes de 30% au sein de leurs organes de gestion et de gouvernance, et ce, au bout de la 3ème année suivant la date de publication du texte de loi. Ce taux devra passer à 40% à partir de la 6ème année. Si ce nouveau schéma n’est pas respecté, une sanction est prévue : la suspension du versement des jetons de présence aux administrateurs. Toute désignation en violation de ce principe sera également considérée comme nulle même si les délibérations en assemblée restent valables. Or, selon moi, seule la nullité de ces délibérations pourrait vraiment être dissuasive. Par ailleurs, des mesures devraient être prévues pour s’assurer de l’application de ces quotas au sein des entreprises, telles que la publication de la composition du conseil d’administration et des comités techniques. Peut-être qu’il serait opportun que l’information soit également portée à la connaissance des actionnaires et de l’Autorité marocaine du marché des capitaux (AMMC), puisqu’il s’agit de mesures dédiées aux sociétés cotées. En outre, la parité ne devrait pas seulement être instaurée dans ces entreprises faisant appel à l’épargne mais elle devrait être respectée dans toutes entreprises et au-delà concerner les associations, les fédérations, les institutions et les partis politiques. Cela entraînerait une transformation culturelle plus rapide et plus profonde et dénoterait ainsi d’une véritable volonté des pouvoirs publics de hisser la croissance économique du pays par la recherche de l’égalité homme-femme”.