“La révision des textes législatifs nationaux, en veillant à ce qu’ils respectent l’humain, ses droits fondamentaux, ses convictions, sa liberté de conscience, ses droits sur son propre corps, devient une question inéluctable. Elle devrait mettre fin à une situation insensée et conflictuelle entre, d’un côté, la société, et de l’autre, la Constitution de 2011 considérée comme une révolution au sens littéral du terme, notamment à travers ses articles 24 et 25 stipulant, respectivement, que “toute personne a droit à la protection de sa vie privée” et que “sont garanties les libertés de pensée, d’opinion et d’expression sous toutes ses formes”. À mon sens, il devient de plus en plus irrecevable de se servir de notre spécificité culturelle pour justifier le refus d’une telle révision, s’échinant à faire vivre la société marocaine en état de schizophrénie au prétexte spécieux de préserver notre culture et nos valeurs religieuses. À mes yeux, au contraire, cette position porte atteinte plus que tout autre chose à notre culture et à ses valeurs, puisqu’elle remet en cause leur authenticité et leur enracinement dans notre société. D’autre part, les répercussions de l’application de certains des articles du Code pénal enfreignent tout bonnement la vie privée des citoyens et citoyennes, ressenties, et il faut le souligner, de manière disproportionnée entre les femmes et les hommes. Il suffit de voir autour de nous pour en être certain. Personne ne peut nier que les femmes paient, seules, les pots cassés de ces relations sexuelles consensuelles et des phénomènes engendrés (porn-revenge, etc.) d’une cruauté indicible qu’il n’est plus possible d’accepter.”
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Aïcha Echchenna, présidente de Solidarité féminine